L’équation Barkhane

Vilipendée, depuis plusieurs semaines par la junte militaire de Bamako, la France veut définitivement trancher sur l’avenir de son action au Mali, après neuf ans de lutte anti-djihadiste ininterrompue à laquelle elle avait fini par réussir à associer des partenaires européens.

Pourtant, loin de vouloir quitter le territoire malien, on se rappelle encore, il y a très peu de temps, que Paris avait annoncé s’inscrire dans une dynamique de réorganisation de sa force Barkhane pour plus d’efficacité.

En effet, aux dires des autorités françaises, cette réorganisation ‘’ tactique’’ visait à redonner plus d’impact dans sa traque contre les groupes armés terroristes. Mais, la brouille diplomatique a fini par sceller le devenir de la présence militaire française au Mali, alors que les terroristes conservent tristement leur capacité de nuisance au Sahel menaçant même de se métastaser vers les pays du golfe de Guinée.

L’ambition du président Emmanuel Macron de retirer ses troupes du sable malien est maintenant plus qu’une réalité. Et, ce n’est un secret pour personne. C’est la présence supposée du groupe de sécurité privé russe Wagner, bien que les autorités maliennes nient toujours avoir contracté ces mercenaires pour un quelconque appui militaire, et le sentiment anti-français, nourri par une partie de la population, qui ont finalement mis ‘’ le feu aux poudres’’.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la fin annoncée de l’opération Barkhane, qui devait être suivie de la Task Force Tabuka, ne laisse pas indifférents nombre d’observateurs. En effet, ce n’est pas trop exagérer de s’inquiéter et s’interroger sur les tenants et aboutissants de ce que peut impliquer le retrait des troupes occidentales dans le cadre de la lutte engagée contre l’hydre terroriste.

Au-delà du Mali, quel avenir pourrait-on donner à la lutte contre les terroristes qui, en dépit des moult efforts, continuent d’écumer dangereusement cette partie du continent africain ? Où se dirigeront les militaires de Barkhane et Takuba au Sahel? Comment poursuivre l’engage-ment européen au Sahel pour lutter contre le terrorisme ? Les pays du G5 Sahel sauront-ils poursuivre le combat dans un tel contexte, au regard des moyens logistiques dont ils disposent ?

Telles sont, entre autres, des questions qui méritent d’être posées. Difficile d’y répondre pour l’instant. Par contre, ce que l’on sait, ce sont ces préoccupations que le président Emmanuel Macron devrait trouver des réponses appropriées face à cette équation Barkhane qui ne finit pas de cristalliser l’attention.

Dans cette quête tous azimuts de solutions, il importe aussi pour la France de ne pas donner l’impression de prendre, sous la pression, une décision unilatérale dont les conséquences pourraient être négatives à la fois vis-à-vis des Africains et de la scène nationale à deux mois de l’élection présidentielle française.

Même si Paris compte poursuivre la lutte anti-djihadiste dans la région du Sahel, où les mouvements affiliés à Al-Qaïda ou au groupe Etat islamique ont conservé un fort pouvoir de nuisance, malgré l’élimination de nombreux chefs, il revient aux dirigeants de ces pays concernés de prendre leurs destins en main.

Dans cette dynamique, la mutualisation de leurs efforts, notamment des différentes armées, pourrait être à ce titre une des pistes à explorer. Surtout en faisant fi de tout soutien extérieur qui, le plus souvent, cache des velléités très peu catholiques.

Soumaïla BONKOUNGOU

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