Les Burkinabè ont voté à Abidjan, Bouaké et Soubré

Le vote du centre de Bouaké s’est déroulé dans la salle des fêtes du consulat général.

Les Burkinabè vivant en Côte d’Ivoire ont voté dans six bureaux aménagés dans les villes de Bouaké, Soubré et Abidjan, le 22 novembre 2020. Le vote s’est ouvert à temps pour les 5 493 inscrits. Mobilisés à la suite d’une campagne à minima, ils ont exprimé, dans le calme, leur droit citoyen, certains pour la première fois de leur vie.

Par centaines, en solitaire ou en compagnie, les Burkinabè vivant en Côte d’Ivoire ont pris part à l’élection du président du Faso organisée dans les villes de Bouaké, de Soubré et d’Abidjan. Tout s’est bien déroulé jusqu’à la fermeture des bureaux de vote.

A Bouaké, l’une des trois communes électorales en Côte d’Ivoire selon le découpage de la Commission électorale nationale indépendance (CENI), les inscrits ont fait l’effort d’entamer le vote dès 6h et non à 8h, heure d’ouverture des scrutins dans le pays hôte. Les premiers électeurs sont ainsi arrivés quelques dizaines de minutes après l’ouverture des bureaux aménagés dans les locaux du consulat général.

L’affluence est restée très moyenne. Pour 595 personnes inscrites, le taux de participation provisoire, estimé à la clôture du vote, est d’environ 48%, avec une participation féminine de plus de 51%. Dans la salle des fêtes qui abrite les deux bureaux de vote, l’ambiance est celle des jours ordinaires, pas de bousculade, pas de tension visible.

A 60 ans, Seydou Sidibé vote pour la première fois de sa vie.

Les représentants des candidats du MPP, de l’UPC, du CDP, de l’ADF/RDA et de Agir Ensemble sont là, silencieux, ne se parlant presque pas. Deux observateurs de la Convention pour l’observation démocratique des élections (CODEL) et un autre venant de la Côte d’Ivoire, sont aussi présents dans la salle. Des bonnes volontés comme Mme Sanon Clarisse, une résidente, propose à manger aux observateurs, aux organisateurs et aux votants arrivés au bon moment. «Le scrutin se déroule bien, il s’est ouvert à 6h comme prévu», a confié Lucie Bafoula Ki, présidente du bureau de vote n°2.

Elle juge l’affluence bonne. La situation est identique dans le second bureau, juste séparé du premier par des bancs. Le président de la Commission électorale indépendance de consulat à Bouaké, Salifou Ouédraogo, avait déjà assuré la veille que la préparation du scrutin dans sa zone présageait d’une réussite. Il l’a réaffirmé à la clôture du vote. Il déplore cependant un souci mineur concernant un électeur n’ayant pas retrouvé son nom. Mais le problème était connu depuis et a été signalé à Ouagadougou.

Plus de 600 km pour pouvoir voter

A Abidjan, avec 3 978 inscrits, les opérations se sont déroulées sans accroc, de l’avis du président de la commission électorale de consulat d’Abidjan, Michel Bado. Joint au téléphone, il a confirmé ce qu’il espérait deux jours avant. «Ça se passe très bien. Tout a commencé timidement, les bureaux de vote étant relativement éloignés », a-t-il indiqué. Des cas d’inscrits égarés parce que réorientés dans d’autres bureaux ont été signalés et réglés, selon M. Bado. A une heure de la fermeture des votes, il a estimé le taux de participation à plus de 80% à Abidjan.

De même à Soubré (Sud-ouest), où 920 Burkinabè ont pu s’inscrire, aucun incident n’a été signalé. L’affluence est cependant très moyenne, de l’avis de Sambo Zongo, un résident en position d’observateur indépendant, joint au téléphone. Seydou Sidibé est né en 1960 et n’avait jamais participé au choix des dirigeants politiques de son pays. Agent de banque résidant à Yamoussoukro, il s’est dit satisfait de son choix, effectué à Bouaké, derrière un isoloir cartonné mis à disposition par les autorités ivoiriennes. «Je suis très content de venir voter, c’est un plaisir et un droit civique », a-t-il dit.

Pour ne pas rater cette occasion, M. Sidibé a effectué trois aller-retour entre Yamoussoukro et Bouaké, notamment pour s’offrir la carte nationale d’identité, s’enrôler et enfin voter. Sawadogo Boureima, commerçant de 40 ans et vivant en Côte d’Ivoire depuis 1998 s’est lui aussi déplacé de Yamoussoukro pour accomplir son choix. «C’est un devoir de voter, c’est aussi une chance», a-t-il dit. Madeleine Etiabi, 27 ans, commerçante et mère de Mohamed, un nourrisson, résidant à Bouaké, a également voté pour la première fois de sa vie.

Madeleine Etiabi vote pour le plaisir et par devoir.

Elle espère que son geste pèsera en faveur du candidat de son choix. Le vote en Côte d’Ivoire a été précédé d’une campagne électorale à minima. L’ambassadeur du Burkina à Abidjan, Mamadou Zongo et ses collaborateurs, ont donné des consignes pour éviter tout débordement.
«Les élections vont passer mais nous, nous devons rester ensemble», c’est le message qu’il a fait passer auprès des responsables des partis politiques convoqués à cet effet. «On a tout mis en œuvre et les représentants des partis politiques ont fait preuve de retenue», a-t-il rappelé deux jours avant le vote.

Dans une Côte d’Ivoire déjà tendue à la suite de l’élection du président Alassane Ouattara, le message du diplomate a été bien accueilli par ses compatriotes. Ce faisant, ils ont mené une campagne veloutée, de porte-à-porte, sur les réseaux sociaux ou au téléphone, évitant des propos inflammables et des rencontres bruyantes. Toutefois, le taux d’inscription a été faible et le vote s’est déroulé sans grand enthousiasme. Pour les Burkinabè résidant à Bouaké, leur participation au scrutin est un droit et une première étape qui ne résout pas encore les problèmes qui les tracassent et qu’ils veulent soumettre au président qu’ils éliront.

 

Aimé Mouor KAMBIRE
(Depuis Bouaké)

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