Les vertus du dialogue

Les élections couplées de novembre 2020 ont redessiné la scène politique burkinabè. Ainsi, la majorité présidentielle s’est renforcée de plusieurs partis et formations politiques qui ont rejoint ses rangs. Après cette reconfiguration, le Comité de suivi du dialogue politique s’est réuni le mardi 23 mars 2021 sous la houlette du ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Cohésion sociale. Les deux parties (majorité et opposition) qui forment ce comité, se sont retrouvées pour refaire connaissance et reprendre les travaux sur les grands sujets politiques du moment. Ce « nouveau » comité a essentiellement planché sur le report des élections municipales et a unanimement donné son quitus pour son renvoi à une date ultérieure, conformément au protocole de la CEDEAO qui stipule qu’en cas de désir de report d’élection ou de modification du Code électoral à six mois des élections, un large consensus de la classe politique prévaut. La majorité et l’opposition doivent donc se retrouver prochainement pour fixer la date des élections.

Loin d’être la résultante de combines entre politiciens, cette ambiance bon enfant qui caractérise les relations entre l’opposition et la majorité, surtout sur des questions d’intérêt majeur, n’est rien d’autre que le fruit du dialogue politique, initié par le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré en 2019. En effet, si depuis lors, la classe politique a pu s’accorder sur une modification à minima du Code électoral pour tenir compte des « cas de force majeure » et aller aux élections couplées du 22 novembre ; si un audit international du fichier électoral a été fait et les conclusions collégialement approuvées ; si ce scrutin couplé s’est bien déroulé ; si les résultats ont été finalement acceptés de tous et si la maturité de la classe politique et de son peuple a été salué à travers le monde, le mérite revient au dialogue politique et au sens de l’intérêt commun. Sous d’autres cieux, les acteurs n’ont jamais mis de l’eau dans leur vin au point d’arriver à s’asseoir autour d’une même table pour discuter et mieux, parler le même langage dans l’intérêt supérieur de leur nation.

La reprise des travaux du comité de suivi du dialogue politique pour tabler sur le report des élections municipales et prochainement s’accorder sur la date de leur tenue, présage de cette prédisposition des « politiciens » burkinabè à éviter à leurs concitoyens, des guerres d’ego alors que le pays traverse depuis maintenant six ans, une crise sécuritaire qui a occasionné un drame humanitaire avec plus d’un million de déplacés internes. Ce mandat s’annonce comme celui de nombreuses réformes allant de la modification du Code électoral à celle du Code général des collectivités territoriales en passant par l’adoption de la nouvelle Constitution, entre autres. Cette dynamique du dialogue sera donc indispensable pour que ces réformes s’opèrent de manière consensuelle, au risque de léser l’opposition qui n’hésitera pas à crier au passage en force du pouvoir disposant d’une majorité confortable à l’Assemblée nationale.

 Jean-Marie TOE

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