L’homme grand et le grand homme

Chacun de nous est capable du meilleur, malheureusement certains dispersent leurs énergies dans des futilités. Nous pouvons tous nous dépenser pour rendre service mais combien préfèrent se servir aux dépens des autres ? Entre le bien et le mal, le choix de la raison est total, mais l’égo fait des calculs, sans scrupule. Peut-on vivre juste pour soi, rien que pour soi ? A quoi sert la vie si l’existence de l’homme est vide d’idéal ? Nombreux sont ceux qui auront vécu pour rien, après avoir inutilement occupé la terre. Au pied de la tombe, certains se rendront compte qu’ils n’ont rien laissé à leur famille, à leur communauté, à la nation et au monde.

Mais doit-on vraiment attendre l’heure fatidique pour faire le bilan ? Non, en vérité je vous le dis, vous pouvez être un cordonnier mal chaussé et fouler les marches du ciel. Vous pouvez être le président de la République, marcher oblique et finir sur un cric. Vous pouvez être un balayeur de rue et avoir pignon sur rue. Il n’y a pas de petites gens, il n’y a pas de grand patron. Il n’y a que de petits esprits ! Et la grandeur se moque de la taille des hommes. La grandeur ne provient pas forcément d’un palais, fût-il présidentiel. La grandeur n’est pas gravée dans la poche du riche qui s’engraisse. La grandeur peut germer au pied d’un taudis, au bas d’un hameau.

Elle peut même trainer au bout des haillons du clochard qui erre. Parce qu’il n’y a pas de grands hommes sans actes, c’est pourquoi David a terrassé Goliath. Tout se trouve dans les actes et les grands hommes du monde ne sont pas forcément des hommes grands. Ce sont des âmes d’actions positives. Mais combien sont-ils au juste, ces hommes qui valent de l’or et qui brillent juste pour les autres ? Combien en connais-tu ? A vrai dire, il y a de l’or en chacun de nous. Nous ne creusons pas toujours assez pour exploiter le filon qui gît en nous. Nous avons tous le sens du bien et le potentiel pour y accéder. Nous préférons ramper, plutôt que de voler. Nous ne vivons pas pour servir de grandes causes. Nous ne vivons pas comme des missionnaires. La plupart du temps, nos objectifs sur terre se résument à de petites places au parterre. Nous nous contentons d’effleurer les menus fretins à la surface, sans parvenir aux pépites qui crépitent au fond. Voilà pourquoi ils se tailleront cent parcelles pour finir six pieds sous terre. Mais dites-moi, combien de mètres carrés compte une tombe ? « Lol », il y en a qui construisent leur dernière demeure en immeuble, mais ils dormiront éternellement six pieds sous terre ! Nous convoitons le lointain bonheur qui germe en nous.

Nous le cherchons à pas de course en courant derrière l’argent et le pouvoir. Nous triomphons finalement sans gloire. Nous avons souvent l’impression que les grandes valeurs humaines fleurissent dans la richesse. Le monde a fait de nous des asservis démunis. L’ascension sociale est devenue une priorité absolue. Comment gravissons-nous les marches de la réussite ? Quelle est notre perception du succès ? On peut croître sans grandir, on peut arriver sans aboutir. Finalement, le vrai bonheur commence à l’intérieur, parce qu’il vient de l’intérieur. Le reste n’est que fioritures, désinvolture et superflu. C’est dommage que la quête du bonheur se résume à une précipitation sans précaution ni prévention. On peut pousser une crête sans être la tête ; très souvent le venin se trouve à la queue. Voilà pourquoi les premiers seront les derniers. Malheur à celui qui se plaint d’être pauvre ou taré, il le restera.

Tant pis pour celui qui se croît petit ou incapable, il le demeurera. Si Nelson Mandela avait passé ses 27 ans à pleurnicher derrière les barreaux, l’Afrique du Sud resterait sur le carreau. Mais regardez ce qu’ils sont en train de faire de son héritage. Si Thomas Sankara avait troqué son arme de combat avec des liasses et du beurre, il serait toujours en vie. Il serait peut-être ambassadeur, général de corps d’armée ou « simple » député. Mais l’engagement des grands hommes dépasse les compromis de la « terre promise ». Leur passion survole les compromissions de la pauvreté spirituelle et mentale. Regardez ce que Sankara a laissé à la postérité et ce qu’ils ont fait de son héritage ? Trop de gravats, que de ruines ! Même la tombe du héros est vide, le ventre des « hérauts » est plein ! Toi aussi tu peux bien faire et même mieux. Mais es-tu suffisamment prêt ? La réussite, ce n’est pas manger gras, boire frais et roter avec fracas. La réussite, ce n’est pas se vautrer au volant d’un rutilant bolide et écraser la vermine qui trime. On n’a pas besoin d’être Mandela ou Sankara pour valoir 24 carats. On a juste besoin d’une conscience, d’un peu de volonté et de foi pour changer le monde. Malheureusement, ceux qui font des efforts dans la discrétion subissent l’indifférence et l’oubli. Ceux qui crient « au voleur » sont des maraudeurs. Le berger n’est qu’un fauve. Même le mot « dieu » ne renvoie pas toujours à Dieu.

Clément ZONGO

clmentzongo@yahoo.fr

1 COMMENTAIRE

  1. Merci beaucoup pour cet ecrit qui donne beaucoup a reflechir. Bien ecrit. Chacun s’y retrouvera en bien, en mal ou Y trouvera une inspiration pour mieux faire. Bonne reference a Nelson Mandela pour sa perseverance et a Thomas Sankara pour son integrite et sa vision.

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