L’impérieuse implication de la population

Ce mardi 12 octobre 2021, le tout nouveau Chef d’Etat-major général des armées (CEMGA), le Général de brigade, Gilbert Ouédraogo, prend officiellement le bâton de commandement. Comme son prédécesseur, le Gal de Brigade Moïse Minoungou, il aura à croiser le fer contre le péril sécuritaire qui étreint le Burkina Faso depuis six ans. Des efforts énormes ont jusque-là été mobilisés pour contrer la menace terroriste. Des sacrifices colossaux ont été également consentis à la cause.

Des militaires et des civils ont perdu la vie dans cette guerre imposée par des forces obscures. Plus d’un million de Burkinabè ont ainsi abandonné leurs villages pour sauver leur vie. Exilés, ils le sont sur leur propre terre du fait de la nébuleuse terroriste. La spirale de la violence gratuite et du nihilisme orchestrée par les terroristes se poursuit. Ils essaient à présent d’étendre leurs tentacules meurtriers à d’autres régions du Burkina qui étaient jusque-là relativement épargnées. Comme son prédécesseur, le nouveau CEMCA va donc certainement poursuivre la dynamique de mobilisation de la troupe dans un esprit d’unité et de cohésion pour répondre efficacement à la menace. Il va œuvrer surtout à revigorer son moral afin de faire face à un ennemi sournois et téméraire. Jusque-là, des spécialistes des questions militaires ont qualifié la stratégie des armées des pays du Sahel de « dissuasive » face à des terroristes qui n’hésitent pas à ouvrir le feu à la moindre occasion. Constat vrai ou faux, une chose est sûre, il est plus que jamais nécessaire d’acter la volonté du chef de l’Etat lorsqu’il appelait le 27 juin 2021 à la suite de la meurtrière attaque de Solhan dans le Sahel, à « adapter notre stratégie aux nouvelles réalités du terrain ». Au-delà de l’adaptation de la stratégie tant souhaitée, c’est bien plus de la mobilisation de tout le peuple burkinabè derrière la « grande muette » qui est attendue. Elle est même impérieuse dans cette guerre. Aussi longtemps que des Burkinabè seront expressément en collusion avec des terroristes au nom de leurs intérêts bassement égoïstes, il va de soi que les efforts des Forces de défense et de sécurité (FDS) sur le terrain ne porteront pas la promesse des fruits. Tant que le patriotisme et l’engagement citoyen seront sacrifiés sur l’autel de la facilité et du fatalisme, nos FDS ont beau s’éreinter au front, l’ennemi conservera toujours sa capacité de nuisance. Le démantèlement récent d’un vaste réseau de trafiquants de carburant qui alimentait les groupes terroristes est un exemple parmi tant d’autres qui montrent l’ampleur de l’irresponsabilité et le manque de patriotisme de certains Burkinabè.

C’est facile de se confondre dans des jérémiades quand un drame se produit alors que l’on conspire, la nuit venue, avec les forces du mal pour déstabiliser son pays. L’on parle de solutions endogènes contre le terrorisme. Or, celles-ci passent par la cohésion et la solidarité de la communauté face au malheur qui la frappe. En laissant volontairement les lézardes de la division, de la suspicion et de la victimisation s’élargir, on fait de la place à l’ennemi qui n’aura pas à trop se donner de la peine pour asseoir sa domination. Ces changements au sommet du commandement militaire visent un seul objectif, celui d’éradiquer le terrorisme sur le territoire burkinabè.

Mais cela ne saurait être effectif sans une franche collaboration des populations dans leurs différentes composantes. Ces changements sont donc une interpellation pour que chaque citoyen joue sa partition dans l’effort de guerre. Une armée qui se sent véritablement soutenue par tout un peuple ne ménagera aucun effort pour défendre la patrie. Ceux qui prétendent s’en sortir dans le chaos que veulent instaurer les terroristes font honteusement fausse route. C’est dans le respect de la vie humaine et dans l’acceptation des autres que la cohésion de la société se maintient. Le règne de la tyrannie et de l’obscurantisme ne garantira la quiétude à personne. Il faut absolument faire barrière à la déferlante terroriste. Cela passe par une impérieuse implication de l’ensemble de la population burkinabè dans la lutte.

Karim BADOLO

Laisser un commentaire