L’onction du peuple

Après sa reconduction, le 5 janvier dernier, comme Premier ministre, Christophe Joseph Marie Dabiré a composé son gouvernement fort de 33 membres. Et comme le veut la tradition constitutionnelle (article 63), « Dans les 30 jours qui suivent sa nomination, le Premier ministre fait une déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale ». Dans l’esprit de la chose, il s’agit pour M. Dabiré, qui sacrifie aujourd’hui et pour la deuxième fois à cette tradition (après janvier 2019), de dévoiler aux mandants du peuple, les grandes orientations de la politique qu’il compte mettre en œuvre.
A l’évidence, cette politique générale du chef du gouvernement n’est rien d’autre que la traduction du programme quinquennal 2021-2025, décliné en dix chantiers prioritaires que le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a « vendu » à ses compatriotes au cours de la campagne pour l’élection présidentielle de novembre 2020 qui a vu sa réélection. Il faut donc s’attendre à la déclinaison de ces chantiers en actions, le tout sous-tendu par des pistes de solutions pour mobiliser les ressources nécessaires à leur mise en œuvre effective.
Bien plus qu’un simple exercice et contrairement au Discours sur la situation de la nation (DSN), la Déclaration de politique générale est suivie de débats et donne lieu à un vote. « L’adoption de cette déclaration vaut investiture. Si la déclaration de politique générale ne recueille pas la majorité absolue des membres composant l’Assemblée nationale, le président du Faso met fin aux fonctions du Premier ministre dans un délai de huit jours. Il nomme un nouveau Premier ministre », comme le stipule la loi fondamentale de notre pays. Mais a priori, le Premier ministre Dabiré n’a pas d’inquiétude à se faire, au regard de la configuration de la nouvelle Assemblée nationale.
Il peut dormir les points fermés, puisque la majorité présidentielle actuelle fait état de 102 députés dans ses rangs (formant quatre groupes parlementaires) sur les 127 que compte l’hémicycle. Autrement dit, le débat peut être de belle facture après la déclaration, mais il est une certitude que le chef du gouvernement va recueillir cette majorité absolue exigée par la Constitution burkinabè.
Il devrait avoir l’onction des élus nationaux et par conséquent, du peuple qui les a mandatés pour décider en son nom. A partir de là, le Premier ministre disposera de la pleine légitimité pour exercer ses fonctions. Ce quitus du peuple lui permettra de dérouler la feuille de route de la mise en œuvre des dix chantiers prioritaires du second mandat du président Kaboré.

Jean-Marie TOE

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