Lu pour vous: Jacques Prosper Bazié, le poète du Kraal

Prolifique, le défunt écrivain a touché, de son vivant, à la quasi-totalité des différents genres littéraires.

Ouvrage collectif, « Hommage posthume à Jacques Prosper Bazié, le poète du Kraal » est un recueil d’articles sur les différentes casquettes de l’homme de lettres burkinabè, décédé en septembre 2014.

Littéraire, journaliste, critique, entrepreneur culturel et administrateur, Jacques Prosper Bazié est décédé le 30 septembre 2014. Pour honorer la mémoire du prolifique homme de lettres, vingt (20) personnalités du monde universitaire, de la littérature, de la culture et de la recherche, ont rédigé et publié un ouvrage collectif. Intitulée « Hommage posthume à Jacques Prosper Bazié, le poète du Kraal » est le fruit d’une collaboration entre les Editions Céprodif et le Centre de recherche et d’études sur les langues, les lettres et les arts du Sahel (CRELLAS).

« L’appel à contribution, qui préparait l’ouvrage collectif prévoyait cinq axes (l’écrivain, le critique littéraire, l’entrepreneur culturel, le journaliste, l’administrateur culturel) susceptibles de rendre compte de la personnalité de Jacques Prosper Bazié. Mais à partir des contributions effectives, il ressort que la quasi-totalité des articles traite uniquement du premier axe d’où le titre de l’ouvrage », justifie dès les premières pages, le superviseur des travaux, le professeur de sémiolinguistique à l’Université Joseph-Ki-Zerbo, Yves Dakuo, et directeur des Langues, discours et pratiques artistiques (LAPIDA).

Alain Sanou interroge les relations entre « histoire » et « oralité » à travers les deux versions d’Amoro de Jacques Prosper Bazié,l’une, une pièce de théatre et l’autre un essai. Somda Balouhib Thadée Kpanyawne s’interroge sur le statut sémiotique de l’homme disparu. Pour le sémioticien, Jacques Prosper Bazié ne peut plus être appréhendé uniquement comme un signe ou un ensemble de signes.

Il se met donc dans cette contribution à la recherche de ces signes. Béli Mathieu Daïla et Oboussa Sougué examinent la question de l’identité culturelle dans le premier recueil poétique de l’auteur, « Orphelins des collines ancestrales ». Boukary Nébié porte son intérêt sur la figure de l’entrepreneur culturel à travers l’analyse de la maison d’édition de l’écrivain.

Les Editions Kraal, selon ses enquêtes, étaient un espace culturel de soutien aux auteurs plutôt qu’une entreprise. Boukary Tarnagda et Nongzanga Joséline Yaméogo analyse l’unique pièce de théâtre de Jacques Prosper Bazié, « Amoro » (1986). Ils analysent les modalités langagières des deux personnages principaux (Amoro et Samory). Yves Dakouo revient sous forme de compte rendu sur le même essai consacré à Amoro, le borotigui de Noumoundara. L’auteur, écrit-il, en rassemblant, dans un même ouvrage, les informations « éparpillées » sur Amoro, comble ainsi un vide documentaire sur un des héros des peuples du Sud-Ouest.

Un auteur prolixe et prolifique

L’œuvre se veut un « acte de légitimation » littéraire et scientifique de Jacques Prosper Bazié.

Ces spécialistes du signe littéraire y compris les autres contributeurs (Adamou Kantagba, Michel Sawadogo, Lamoussa Tiaho, Ibraogo Kaboré, Souleymane Ganou, Jacques Barro, Gabriel Yaméogo, Virginie Kaboré, Dramane Konaté, Henriette Philomène Nana, Jean Ouédraogo, Guillaume Tologo) abordent, selon le préfacier de l’ouvrage, Pr Joseph Paré, de nombreux aspects liés aussi bien à la forme de l’expression qu’à celle du contenu, embrassant ainsi un quart de siècle de présence du « fils du Sanguié » dans le champ littéraire.

« Les textes évoquent en effet des aspects de la création de Bazié, depuis « Orphelins des collines ancestrales » (1983) jusqu’ à « Moïse du Bwamu » (2009), précise l’ancien ministre des Enseignements supérieur, secondaire et de la recherche scientifique (2006 – 2011)… Sacré artiste du peuple et artiste du cinquantenaire en 2010, Jacques Prosper Bazié a été trois fois lauréat du Grand prix national des arts et des lettres (GPNAL). Titulaire d’une maîtrise en lettres de l’université de Besançon et d’un doctorat en science de l’information de l’Université de Bordeaux, Jacques Prosper Bazié est né en 1955 à Ouagadougou.

Il est considéré, à ce jour, comme l’un des écrivains burkinabè les plus prolixes, et les plus prolifiques. Au cours de sa vie, l’homme de lettres a produit des œuvres dans les différents genres littéraires (roman, nouvelle, conte, poésie, théâtre, etc.).

Conseiller culturel à l’Ambassade du Burkina au Canada, puis conseiller technique au ministère de la Culture et du Tourisme au moment de son décès, Jacques Prosper Bazié a été l’auteur de nombreux ouvrages (Orphelin des collines ancestrales, poésie, Dasl, 1984 ; Kraal, 2005 ; Aux miradors de l’espérance, Agonies de Grom-Gorom, poésie, Kraal, 1992 ; La Saga des immortels, poésie, Dasl, 1987 ; L’Agonie des greniers, nouvelle, Kraal, 1984 ; Crachin de Rissiam, nouvelle, Le Nordir, 2002 ; Croquis de Panguin, nouvelle, Kraal ; 2004 ; Cantiques des soukalas, conte, Kraal, 1998 ; L’Epave d’Absouya, roman, Kraal, 1995 ; Amoro, théâtre, Dasl, 1990 ; Amoro, récit, Kraal, 2010 ; Parchemins migrateurs, poésie, Kraal, 2011).

Composé de 422 pages, « Hommage posthume à Jacques Prosper Bazié, le poète du Kraal » est disponible dans les différentes librairies de la place au prix unitaire de 10 000 F CFA.

W. Aubin NANA

Laisser un commentaire