Lutte contre la COVID-19 : l’opposition politique demande la levée du couvre-feu

L’opposition politique a animé son point de presse hebdomadaire, dans la matinée du mardi 19 mai 2020 à Ouagadougou. La mort de douze présumés terroristes à la gendarmerie de Tanwalbougou et les tensions de succession à la tête du Gulmu ont été entre autres points abordés avec les hommes de médias.

Le couvre-feu instauré depuis le 21 mars 2020 dans le cadre de la lutte contre la COVID-19 n’a plus sa raison d’être selon l’opposition politique burkinabè. Face aux hommes de médias, le mardi 19 mai 2020, elle a demandé sa levée « pure et simple » et ce, pour plusieurs raisons. Selon le président de l’Alliance pour la démocratie et la Fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF-RDA), Me Gilbert Noël Ouédraogo, principal animateur du point de presse, le maintien du couvre-feu influence négativement certaines activités comme celles des sociétés de transports dont les longs trajets sont perturbés et celles des débits de boissons qui rentabilisent pour la plupart la nuit. La suspension de cette mesure est donc importante à son sens pour permettre non seulement aux entreprises de se refaire une santé mais aussi aux citoyens de souffler après que leur liberté ait exceptionnellement été réduite dans le but d’endiguer la propagation de la maladie. Parlant du coronavirus, l’opposition politique s’est dite ahurie par la remise, le 15 avril dernier, de matériel anti-COVID19 au ministère de l’Eau et de l’Assainissement par la cellule du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) dudit ministère.

Pour Me Gilbert Noël Ouédraogo, ce geste traduit une politisation de l’administration publique par le parti au pouvoir. Pourtant, a-t-il rappelé, la loi N°081-2015 CNT interdit d’organiser des activités politiques ou d’installer dans l’administration publique de manière formelle ou informelle des cellules ou toutes formes de représentation à caractère politique. Pour ce faire, il a demandé aux syndicats des différents ministères et institutions de dénoncer ces cellules illégalement installées qui n’ont pas de raison d’être dans une administration publique.

La mort de 12 présumés terroristes détenus dans les locaux de la gendarmerie de Tanwalbougou n’est pas passée sous silence au cours de ce point de presse. Se fondant sur la déclaration du Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) qui a évoqué des « exécutions sommaires », l’opposition politique a appelé les Forces de défense et de sécurité (FDS) à plus d’efforts dans la promotion des droits humains. « Notre position a toujours été le soutien ferme à nos vaillants FDS mais nous rejetons les exécutions sommaires d’où qu’elles viennent », a indiqué Me Ouédraogo.

De son avis, les exécutions sommaires font courir le risque de tuer des innocents et de créer de nouvelles vagues d’ennemis internes assoiffés de vengeance qui travailleront contre l’Etat. Toujours dans le Gourma, l’opposition a dit déploré les tensions actuelles constatées à la suite de la désignation de deux rois pour succéder au Koupiendiéli, décédé le 17 août 2019. Tout en encourageant les parties en conflit à privilégier le dialogue, elle a invité l’administration à jouer son rôle de pacificateur dans un esprit non partisan afin qu’une solution soit trouvée au plus vite à cette crise. « Déjà que le Gulmu vit les affres du terrorisme, cette crise de royauté n’est pas une bonne nouvelle », a-t-il déclaré.

Nadège YAMEOGO

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