Lutte contre la sécheresse au Sahel: Yacouba Sawadogo, ambassadeur du CILSS

Le Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS) a décerné sa plus haute distinction, l’ « Epi d’or », le vendredi 26 mars 2021, au Prix Nobel alternatif (2018), Yacouba Sawadogo.

Le “Vieux” Yacouba Sawadogo a reçu, le 23 novembre 2018 à Stockholm (Suède), le Prix Nobel alternatif pour son combat contre l’avancée du désert dans le nord du Burkina Faso. Après ce prix, le “Champion de la terre de 2020” des Nations unies vient d’ajouter une autre récompensense à son tableau de distinctions. Il a, en effet, reçu l’insigne de « l’Epi d’Or », la plus haute distinction du Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS) et dont il est désormais l’Ambassadeur. M. Sawadogo a reçu, à cette occasion, une médaille, un trophée et une attestation. C’était le vendredi 26 mars 2021 à Ouagadougou, au cours d’une cérémonie organisée au siège de l’institution. Selon le Secrétaire exécutif (SE) du CILSS, Dr Abdoulaye Mohamadou, l’engagement à la protection de l’environnement de Yacouba Sawadogo, s’inscrit dans le mandat du CILSS, “Un autre Sahel est possible”. A son avis, M.Sawadogo a opérationnalisé cette vision du comité à son échelle en s’illustrant comme un champion dans la lutte contre la désertification et les effets du changement climatique. Pour lui, l’octogénaire incarne l’esprit de la résilience et de l’adaptation propre aux Sahéliens. Il a démontré, a souligné M. Mohamadou, qu’il est possible d’inverser la tendance actuelle à condition de faire preuve d’engagement et de dévouement. Ainsi, à travers les pratiques du Zaï, des demi-lunes, des diguettes, des cordons pierreux, des fosses fumières, etc., il a réussi, a-t-il expliqué, à convertir, selon le mot du jury du Prix Nobel alternatif, des terres infertiles en forêts. “Il était donc temps qu’il soit célébré dans son espace naturel. Et le CILSS, leader dans la lutte contre la désertification était le plus indiqué pour le faire”, a estimé le SE du CILSS. En outre, cette décoration, à l’entendre, est un acte d’appropriation de l’énergie positive dont est porteur Yacouba Sawadogo, pour renforcer la volonté du CILSS de jouer pleinement sa partition dans la transformation des sociétés rurales sahéliennes.

L’ultime solution

Le Prix Nobel alternatif 2018 a témoigné, pour sa part, sa gratitude aux plus hautes autorités du Burkina Faso, et le CILSS en particulier pour cette marque de reconnaissance. Il les a invités à travailler avec abnégation pour le développement durable du pays des Hommes intègres. M. Sawadogo a aussi fait une mention spéciale à l’autre moitié du ciel, notamment celle vivant en milieu rural pour son rôle de mère, et surtout sa contribution dans la lutte contre la désertification. Pour le ministre de l’Agriculture, des Aménagements hydro-agricoles et de la Mécanisation, Salifou Ouédraogo, cette distinction est un signal fort de la volonté des autorités à mettre à l’échelle de l’espace communautaire des modèles d’innovation susceptibles de transformer le Sahel pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle durable. Il a salué, de ce fait, les mérites du “champion de la terre” et souhaité que son combat serve d’exemple. Il a indiqué que l’action de Yacouba Sawadogo permettra au CILSS de découvrir les bonnes pratiques qui existent dans les autres pays afin de parvenir à “un autre Sahel possible”. “Si les moyens sont donnés aux Sahéliens, ils transformeront le Sahel pour atteindre la sécurité alimentaire et surtout répondre aux besoins des populations”, a affirmé le ministre Ouédraogo. Quant au conseiller spécial du président du Faso, chargé des questions politiques et diplomatiques, Louis Armand Ouali, il a soutenu que les Sahéliens sont eux-mêmes les seules réponses aux problèmes du Sahel. Et ces solutions existent, a-t-il dit, depuis la nuit des temps. “Yacouba Sawadogo est le modèle achevé de ce que les Sahéliens peuvent faire pour eux-mêmes et les générations futures. Le CILSS est, aussi pour les Sahéliennes et Sahéliens, l’une des ultimes solutions du développement sur tous les plans, notamment sécuritaire et alimentaire”, a déclaré M. Ouali.

W. Aubin NANA
nanaubin@yahoo.fr

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