Lutte contre le cancer au Burkina : La radiothérapie, désormais possible

D’un coût de 8 milliards F CFA, ce centre servira à la prise en charge de tous les types de cancer.

Le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a présidé la cérémonie officielle d’inauguration du centre de radiothérapie de Bogodogo, le vendredi 10 avril 2021, à Ouagadougou.

Fini le désarroi qui s’empare des patients quand une radiothérapie leur est recommandée. Finies aussi les tracasseries des évacuations sanitaires pour radiothérapie. La radiothérapie est enfin une réalité au Burkina Faso. Le tout-premier centre de radiothérapie, sis au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Bogodogo, a été inauguré, au cours d’une cérémonie présidée par le chef de l’Etat, Roch Kaboré, le vendredi 9 avril 2021 à Ouagadougou. Fruit d’une amitié « exceptionnelle » entre le Burkina Faso et le Qatar, ce joyau, d’un coût de 8 milliards F CFA, est destiné à la prise en charge de tous les types de cancer. Equipée d’appareils de dernière génération, cette infrastructure permettra de soulager les malades grâce à des accélérateurs de particules qui servent à envoyer des rayons pour neutraliser les rayons cancéreuses.

Elle est composée de trois pôles dont un pôle administratif, un de consultation et un autre de soins. Le pôle administratif est composé d’un hall d’attente, de bureaux pour les médecins et d’une salle de réunion. Le pôle de consultation comprend trois salles de consultation, une salle de scanner et deux bunkers. Le dernier pôle, quant à lui, dispose d’une salle de plurithérapie qui permettra de traiter les cancers du sein, du col de l’utérus et la prostate. Par ailleurs, le centre de radiothérapie de Bogodogo est également doté d’un bloc opératoire qui servira de salle d’anesthésie. Selon les explications du coordonnateur du centre, Djakaridia Ouattara, les malades devront passer par ce bloc s’ils ont besoin d’être anesthésiés avant d’arriver à la salle de plurithérapie. Un bloc de réveil a également été construit afin de permettre aux personnes anesthésiées de reprendre leurs esprits avant de quitter le centre.

Le président du Faso, Roch Kaboré, a annoncé la construction d’un autre centre de radiothérapie à Bobo-Dioulasso.

L’équipement moderne dont est doté le nouveau centre de radiothérapie vient conforter le ministre de la Santé, Pr Charlemagne Ouédraogo, dans son point de vue selon lequel, la construction de cette infrastructure vise à révolutionner l’univers de la prise en charge du cancer. Par ailleurs, il permettra, foi de Pr Ouédraogo, de réduire le nombre d’évacuations sanitaires vers l’extérieur. En effet, a indiqué le ministre, la radiothérapie constitue la première cause d’évacuation sanitaire hors du Burkina Faso avec des souffrances importantes pour les familles et le budget national. A titre illustratif, a-t-il noté, de janvier à mars de cette année, sur un total de 23 patients évacués, 13 l’ont été pour des besoins de radiothérapie.

Des bénéficiaires heureux

Il a traduit sa reconnaissance à l’Emir du Qatar pour ce grand humanisme à l’endroit des malades du cancer au pays des Hommes intègres. Le plus heureux à cette cérémonie d’inauguration était le représentant des bénéficiaires, Nayi Zongo, qui a adressé les remerciements des personnes atteintes du cancer au peuple qatari. Il a dit sa joie et sa fierté de voir naître ce centre. A ses dires, ce centre était très attendu en ce sens que la radiothérapie est très capitale dans la prise en charge du cancer. « C’est un traitement qui renforce l’acte opératoire dans le but de faire en sorte que le cancer ne revienne pas. Il neutralise les éventuelles cellules cancéreuses qui seraient restés sur le site opératoire malgré la chirurgie du cancer.

Elle peut être aussi indiquée dans le cadre des traitements palliatifs que sont les saignements, les douleurs, etc. C’est un traitement qui peut être curatif mais qui peut être aussi utilisé pour soulager certaines situations », a-t-il expliqué. Par ailleurs, la joie des bénéficiaires du centre de radiothérapie étaient d’autant plus grande dans la mesure où ils devaient dépenser des sommes colossales pour se faire traiter dans les pays qui disposent de la radiothérapie. Ce qui rendait l’accès de cette thérapie difficile pour la grande majorité des malades. « Avant l’ouverture de ce centre, sur 100 malades qui avaient besoin de radiothérapie, seulement deux pouvaient y avoir accès soit parce que leurs familles disposent de moyens pour les évacuer dans des pays qui disposent de la radiothérapie, soit parce qu’ils ont bénéficié d’une évacuation du ministère de la Santé.

Le représentant de l’Emir du Qatar, Sheikh Hamad Bin Nasser Al Thani, a renouvelé l’engagement de son pays à toujours accompagner le Burkina.

Les 98% restaient sans radiothérapie malgré le besoin de ce traitement », a-t-il déploré. A l’entendre, le coût d’une évacuation pour radiothérapie variait de 600 000 à 5 millions FCFA y compris le billet d’avion, le logement, la nourriture et le déplacement dans le pays

d’accueil. Toutefois, a-t-il indiqué, certains malades ont confié avoir dépensé 8 millions F CFA pour les mêmes soins dans certains pays. M. Zongo a, en plus des autorités qataries, remercié celles burkinabè pour leur volonté continue de doter le système sanitaire de moyens contemporains de lutte contre le cancer.  « Nous mesurons la chance d’avoir des demandes, des besoins et des aspirations qui coïncident avec les préoccupations de nos dirigeants. Nous laisserons le temps, la survie, l’amélioration de la qualité de vie des bénéficiaires être le témoin de notre gratitude », s’est-il exprimé. Tout en traduisant sa reconnaissance aux autorités pour ce pas franchi dans la lutte contre le cancer, il a noté cependant que des défis restent à relever.

Bientôt un autre centre à Bobo-Dioulasso

Le plus important d’entre eux, selon le porte-parole des bénéficiaires, est l’accessibilité financière des soins qui sera offerte dans ce centre. « Les malades n’avaient pas accès à la radiothérapie pour deux raisons principales : l’inaccessibilité géographique et financière. La première à trouver une solution et cessera d’être un problème avec l’inauguration de ce

centre. La deuxième, quant à elle, demeure. Des patients pourront-ils être privés de radiothérapie par manque de moyens financiers malgré sa disponibilité au Burkina Faso ? Ou alors auront-ils tous droits à ce soin quelle que soit leur situation financière lorsque leur médecin traitant l’indiquera ? », s’est-il inquiété. Une inquiétude à laquelle le président du Faso a promis de trouver une réponse dans les plus brefs délais.

« Ma ligne directrice reste intacte et constante quant à ma détermination à rechercher les voies et moyens pour la levée des barrières financières de l’accès aux soins de santé dans le cadre de l’accélération de notre marche vers la couverture sanitaire universelle », a-t-il rassuré. En outre, il a promis que des concertations seront menées avec les ministres concernés afin de trouver les mécanismes appropriés pour garantir un accès équitable des

Selon les premiers responsables du centre, l’infrastructure sanitaire est dotée d’une technologie de dernière génération.

populations aux services de ce centre. Par ailleurs, en vue d’assurer une déconcentration de l’offre de service de radiothérapie, le Chef de l’Etat a annoncé la construction d’un centre de radiothérapie à Bobo-Dioulasso dont les travaux seront engagés dans les mois à venir.

Ces promesses ont réjoui les malades qui ont salué l’élan des autorités de transformer le système de santé afin d’assurer un accès équitable des populations à des soins de santé de qualité. Mais en attendant la concrétisation du projet, leur représentant a invité le personnel en charge de la gestion de ce premier centre à en prendre soin. « Aux agents de santé, aux radiothérapeutes, aux physiciens, aux manipulateurs, au personnel de soutien et aux maintenanciers en service dans ce centre, sachez qu’aux yeux de la population, vous tenez dans vos mains quelque chose de précieux, de délicat et de fragile.

Nous vous exhortons donc à son usage habile et avisé pour que la population, qui va s’y habituer, ne soit plus privée de ce pan du traitement contre les cancers ni pour des raisons évitables et encore moins pour une discontinuité de service d’ordre organisationnel », a-t-il plaidé. La cérémonie d’inauguration a connu la présence du représentant de l’Emir du Qatar, Sheikh Hamad Bin Nasser Al Thani. Tout en se réjouissant de la concrétisation de ce projet qui permettra de soulager les malades, il a renouvelé l’engagement de son pays à toujours accompagner le pays des Hommes intègres dans la réalisation de ses objectifs de développement durable.

Nadège YAMEOGO

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