Mali : au-delà du discours

Le colonel Assimi Goïta a été investi officiellement président de la transition malienne, hier lundi 7 juin 2021. A ceux qui lui prêtent des intentions de vouloir confisquer le pouvoir, il a saisi l’occasion de son discours d’investiture pour clarifier sa position de départ lorsqu’il a mis hors-jeu l’ex-président Bah N’Daw et son Premier ministre, Moctar Ouane, le 25 mai dernier. « Je voudrais rassurer les diverses organisations, sous régionales, régionales et la communauté internationale, en général, que le Mali va honorer l’ensemble de
ses engagements pour et dans l’intérêt suprême de la nation », a-t-il affirmé, en promettant d’organiser « des élections crédibles, justes, transparentes, aux échéances prévues ».

C’est dire que la date du 27 février 2022, prévue pour la présidentielle et les législatives sera respectée. En jurant devant le peuple malien de présider aux destinées du pays, le président Goïta a également fait le vœu de donner l’exemple en réduisant le train de vie de l’Etat. « J’ai décidé d’allouer les deux tiers des fonds de souveraineté du président, soit 1,8 milliard F CFA, annuel aux œuvres socio-sanitaires, notamment pour faciliter l’accès à l’eau potable et aux soins de santé primaires dans les zones difficiles d’accès », a indiqué le président de la Transition.
Cette profession de foi suffit-elle pour rassurer les Maliens qui vivent depuis des lustres dans la hantise de l’insécurité ? Certainement pas ! Si le pays est arrivé à cette instabilité institutionnelle chronique, c’est en grande partie à cause de l’insécurité qui l’a ébranlé dans son unité.

C’est pourquoi au-delà des mesures sociales et de la volonté de respecter les clauses de la charte de la Transition, le chef de l’Etat, âgé de 37 ans, devra discuter avec les signataires de l’Accord de paix d’Alger. Sur le chantier de la lutte contre le terrorisme, le président malien devra nécessairement déployer les grands moyens. C’est impératif au regard de la recrudescence des attaques terroristes et de la suspension de la coopération militaire de certains partenaires comme la France et les Etats-Unis d’Amérique. C’est véritablement sur le terrain de la lutte contre le terrorisme que le président Goïta devra donner l’exemple. Le plus important n’est pas forcément d’organiser des élections au terme de la Transition, mais il sied d’engranger des victoires face au péril sécuritaire. C’est à ce prix que le Mali pourra retrouver une relative stabilité pour se concentrer sur les défis de développement socioéconomique.

Tant que sur le plan sécuritaire l’on ne sentira pas une amélioration sur le terrain, il est à parier que le prochain président malien issu des urnes aura du mal à gouverner le pays. C’est à l’aune des solutions qui seront mises en avant dans le combat contre l’insécurité et le terrorisme que le colonel Assimi Goïta pourra se faire une place dans les cœurs de ses compatriotes. Avec un sens élevé du patriotisme et une conscience aiguë de la réalité, il pourrait faire bouger les lignes. Bien sûr, avec le soutien des pays voisins comme le Niger et le Burkina Faso qui sont tous trois confrontés à la nébuleuse terroriste. Au-delà des mots, il faudra des actes concrets contre les maux qui étreignent le peuple malien.

Karim BADOLO

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