Mali-Burkina : déjà un succès !

L’occasion est historique pour ne pas retenir l’attention des peuples du continent, à un moment où le Burkina Faso organise, pour la 28e fois, le plus grand Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO). Cette manifestation d’envergure mondiale constitue une fierté africaine, pour des générations d’hommes et de femmes du continent. Pour cette édition, les organisateurs sont restés dans l’air du temps avec un thème bien à propos : «Cinémas d’Afrique et culture de la paix ».

Le tapis rouge a été déroulé au Mali, pays invité d’honneur, qui a honoré sa participation avec une forte délégation de 50 membres, conduite par le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga. Ce séjour porte en lui les germes d’une fraternité que ni le temps, ni les vicissitudes n’ont pu entamer. Le Mali et le Burkina Faso partagent un même défi, la lutte contre le terrorisme. Les deux pays, aux prises avec les groupes terroristes depuis plusieurs années, sont en train de sceller leur destin pour gagner ensemble la lutte contre les groupes terroristes.

Le bon voisinage et la communauté du défi de la lutte contre le terrorisme commandent cette convergence de vues. Il est donc indiqué pour les deux pays d’aspirer, dans cette dynamique, à la création d’une union pour mieux faire face à l’adversité. Maliens et Burkinabè veulent ainsi, au-delà des discours, montrer à la face du monde que ce projet leur tient à cœur.

Le ton a été donné à la faveur du séjour du Premier ministre burkinabè, Apollinaire Joachimson Kyélem de Tambela, à Bamako et son homologue malien concrétise l’idée à Ouagadougou, à travers la tenue, le vendredi 24 février 2023, d’un conseil des ministres conjoint. Panafricanistes convaincus, le Premier ministre malien et son homologue burkinabè veulent faire face, avec rigueur, à toutes les embûches qui se poseraient sur leur chemin.

Qu’ils portent l’espoir de cette Afrique qui sait défendre ses intérêts, comme ce jour de 1969 où le peuple voltaïque, seulement une décennie après l’accession du pays à l’indépendance, avait crié haro sur le diktat des colons en matière cinématographique avant de nationaliser ses salles, d’où naitra le FESPACO. Acte de courage ?

Oui ! Et c’est cette même détermination qui anime les peuples maliens et burkinabè aujourd’hui. Dans un passé très récent, il y a le Traité d’amitié et de coopération (TAC) entre la Cote d’Ivoire et le Burkina Faso, œuvre des présidents Blaise Compaoré et Laurent Gbagbo, qui leur a survécu. Aujourd’hui, il y a bien Ibrahim Traoré, Assimi Goïta et Mamady Doumbouya qui partagent en commun leur vision d’une Afrique singulière dans sa pluralité. Ceux qui n’y croient pas peuvent revisiter l’histoire.

Tous les grands regroupements sont partis de petites entités, pour ensuite rassembler plus de forces. L’Union européenne (UE), qui s’affiche comme un modèle de réussite à la fois économique et monétaire, est l’œuvre de quelques personnalités fortement inspirées par les leçons de la faiblesse individuelle de leurs Etats dans la seconde guerre mondiale et qui ont su faire naitre l’esprit européen et le transmettre à d’autres hommes politiques qui l’ont concrétisé par la suite.

Alors, si demain Burkinabè et Maliens parviennent à donner une forme institutionnelle à ces conseils des ministres en commun, prévus désormais chaque six mois, il n’est pas exclu que d’autres peuples s’y associent pour le véritable bonheur de l’Afrique. Déjà, l’ordre du jour de ce premier conseil des ministres conjoint à savoir le processus de transition en cours dans les deux pays, les questions sécuritaires et humanitaires, les sanctions communautaires à l’encontre des pays en transition et le renforcement de la coopération, en dit long sur les objectifs communs à Ouagadougou et Bamako.

En outre, les deux pays sont convenus d’approfondir le projet de fédération et de faire de l’axe Bamako-Ouaga, un modèle réussi de coopération Sud-Sud. La libération de l’Afrique passe inexorablement par le courage de ses filles et fils, leur claire vision de ce qu’ils veulent laisser comme acquis aux générations futures. Soixante ans après les indépendances « folkloriques », qui n’ont pas véritablement fait le bonheur des anciennes colonies, il est tout à fait indiqué d’essayer d’autres voies de développement. Si tout changement fait peur, il faudra tout de même, à un moment donné de l’histoire, accepter de quitter son confort douillet pour changer son fusil d’épaule. Y croire est déjà un succès.

Par Assetou BADOH

badohassetou@yahoo.fr

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