Mali : Ces assises nationales qui divisent

Après un premier report, les assises nationales de la refondation au Mali qui devraient s’ouvrir le 23 novembre 2021 ont été reportées sine die. La raison avancée par le panel des personnalités chargé d’organiser ce cadre de concertations national s’inscrit dans une volonté d’obtenir un large consensus autour de l’initiative. Le coût de leur organisation et leur inopportunité sont, entre autres, les points de blocage brandis par certains partis politiques et organisations de la société civile. D’aucuns conditionnent leur participation à ce que le calendrier des assises nationales soit séparé de celui de la Transition. Une position que les autorités de la Transition ne partagent pas dans la mesure où elles pensent que ces moments d’échanges entre les forces sociales maliennes doivent permettre de déboucher sur de grandes réformes politiques et institutionnelles à même de mettre le pays sur les rails.

Comment trouver le juste compromis dans un contexte où le Mali est pressé de respecter le délai prévu pour les élections en 2022 ? Difficile ! Puisque les enjeux politiques personnels semblent prendre le dessus sur l’avenir de la nation malienne. Véritable paradoxe d’autant plus qu’en 2020, les Maliens sont sortis pour dénoncer la paralysie des institutions de la république et la corruption du régime d’Ibrahim Boubacar Kéita. Alors que l’occasion est venue de se retrouver pour panser les maux du pays, chacun fait prévaloir ce qui ressemble à des intérêts partisans. Quand la classe politique malienne va-t-elle comprendre la nécessité de dépasser certaines positions pour colmater les lézardes qui ont sérieusement mis à mal la stabilité et la sécurité du pays ? Comme le dit l’adage populaire, lorsque la maison brûle, tous ses habitants doivent taire leurs querelles pour circonscrire les flammes. Dans la situation où se trouve le pays actuellement, les Maliens n’ont d’autre choix que de s’entendre sur l’essentiel afin de permettre le retour à la légalité constitutionnelle.

En voulant s’éterniser dans les querelles de chapelles, c’est le pays qui continuera de tanguer au profit de l’hydre terroriste et autres prédateurs. Tant que le consensus sur la tenue des assises nationales ne sera pas trouvé, il est à parier que l’échéance des élections se fera également attendre. Déjà que la date du 27 février 2022 initialement prévue pour leur tenue n’est plus à l’ordre du jour. Les contradictions sont nécessaires pour que la société puisse avancer, mais à vouloir en faire des manœuvres de lutte politicienne, l’on perd de vue l’intérêt général. Les leaders politiques et la société civile doivent privilégier ce qui est au-dessus des calculs individuels pour sortir le pays de cette zone de turbulences. Avec un peu de volonté et un esprit de concession, tout est possible.

Karim BADOLO

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