Mettre fin à l’incurie généralisée

L’onde de choc provoquée par l’attaque terroriste du détachement de la gendarmerie nationale d’Inata dont le bilan revu fait état de 53 morts a suscité une déclaration du Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, à l’issue du Conseil des ministres du mercredi 17 novembre 2021. Tout en comprenant la colère légitime de ses concitoyens face à cette énième attaque meurtrière, le chef de l’Etat s’est offusqué des dysfonctionnements au sein de la grande muette dans ce contexte si particulier pour le pays.

« Il ne peut pas être normal en ce moment, que l’Armée qui doit être la structure la mieux organisée, que dans cette armée, nous ayons des dysfonctionnements à un niveau si important ; des dysfonctionnements concernant les questions de l’alimentation, des dysfonctionnements concernant les questions logistiques et autres. Cela est inacceptable et c’est pourquoi je comprends fort bien les différentes réactions de colère qui sont exprimées çà et là », a-t-il martelé.

Il faut le dire, il est inacceptable que des besoins si élémentaires puissent être un problème pour une armée qui s’échine au front contre un ennemi impitoyable. Avec quel moral nos braves soldats peuvent-ils tenir dans un tel état de dénuement alors qu’ils font face à un danger permanent ? Où est passée notre intégrité tant chantée ? Quel est le sens de l’appel au sursaut national face au péril sécuritaire si les Forces de défense et de sécurité (FDS) peinent à avoir le minimum vital pour défendre la patrie assaillie par des hordes de terroristes ?

Comment la grande muette connue pour son légendaire esprit d’équipe a pu arriver à un tel laxisme ? Autant d’interrogations qui invitent chacun à mesurer la portée de sa responsabilité dans la protection de la nation. Il est important que chaque citoyen comprenne qu’il est le maillon d’une chaine ; et de ce fait devrait assumer avec honneur et dignité sa mission, quelle que soit sa responsabilité.

Le drame d’Inata est venu montrer combien bon nombre de Burkinabè se réclament patriotes que sur le bout des lèvres. Oui, nous chantons notre appartenance au pays sans un minimum de conviction et d’amour parce que englués dans nos petits calculs mesquins et égoïstes. Si depuis six ans, les terroristes imposent leur agenda funèbre à notre nation, c’est tout simplement parce qu’ils ont trouvé des lézardes favorables à leur volonté de nous anéantir. L’indignation du chef de l’Etat doit donc être suivie d’actions concrètes. Le temps est de sonner le glas de cette incurie qui se généralise dans tout le corps de la nation burkinabè.

Il est temps de sanctionner sévèrement tous ceux qui se complaisent dans l’irresponsabilité, dans les différents compartiments de l’Etat pour que la donne change. Le drame d’Inata doit servir de leçon pour donner l’exemple une fois pour toute. Une telle situation ne doit plus se répéter. « (…) Je dis et je répète, qu’au terme de l’enquête, l’ensemble des personnes qui seront concernées dans cette question relative à Inata feront l’objet de sanctions disciplinaires sans exception. Je le précise très bien, sans exception », a souligné le président du Faso dans son adresse. Que ce vœu formulé se traduise dans la réalité pour l’intérêt de tous.

Karim BADOLO

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