Mutation des médias publics: le SYNATIC monte au Premier ministère

Les travailleurs des médias publics ont marché sur le Premier ministère pour exiger la transformation de leurs organes de presse en sociétés d’Etat, le jeudi 13 juin 2019, dernier jour des sit-in.

«On travaille 7/7 jours et 24h/24h»,  «A métier particulier, traitement particulier», «Nous ne sommes ni robots, ni esclaves», «Non à la remise en cause des acquis de l’insurrection populaire», «Pour la  mutation diligente de la de la RTB et de Sidwaya en sociétés d’Etat»,  «Nous avons trop réfléchi  et trop patienté», «Trop c’est trop», «Y ‘en a marre». Ce sont entre autres messages figurant sur les pancartes et scandés par les travailleurs des médias publics du Burkina Faso, hier jeudi 13 juin 2019, au cours de la marche marquant le dernier jour des 48 heures de sit-in, décrétés par le Syndicat autonome de l’information et de la communication (SYNACTIC). Partis de la RTB, leur «Quartier général», aux environs de 9 heures, les marcheurs ont rallié le Premier ministère, en passant par l’ex-Assemblée nationale. Arrivée à la primature à 9h50, en l’absence du chef du gouvernement, ils ont été reçus par son directeur de cabinet, Mamadou Sérémé. En sa présence, les manifestants ont chanté l’hymne national, avant de lui livrer le contenu du message adressé au Premier ministre. Celui-ci traduit leur mécontentent et désapprobation du traitement réservé à leurs préoccupations par le gouvernement, précisément la lenteur dans la mutation de leurs organes en sociétés d’Etat. Un processus qui, selon le secrétaire général du SYNATIC, Siriki Dramé, a duré trois ans. Il a poursuivi que les rapports de la commission mixte réunissant les experts de plusieurs ministères ont été introduits en Conseil des ministres pour l’adoption des décrets d’application du changement de statut. «Les suites réservées au dossier par le Conseil des ministres du 29 mai 2019 ont créé une onde de choc au sein des travailleurs des médias publics. Ils ont été surpris, par la décision du gouvernement qui préconise encore des réflexions approfondies en dépit du long temps déjà mis, pour aboutir aux propositions pertinentes et consensuelles de la commission mixte», a déploré le SG Dramé. Il a, en outre, soutenu que pour les travailleurs, c’est un «recul grave» dans la volonté du gouvernement d’opérationnaliser le statut de sociétés d’Etat et, ce, conformément aux lois sur les médias de 2015. C’est pourquoi, dans la note adressée au chef de l’exécutif, les travailleurs des médias publics ont exigé du gouvernement la mutation diligente et sans conditions des Editions Sidwaya et de la RTB en sociétés d’Etat avec l’ensemble du personnel, telle que recommandé par la commission mixte. A cela, s’ajoute la dotation conséquente de ces médias en équipements et moyens adéquats pour mener à bien leurs missions et le versement de la taxe de soutien au développement des activités audiovisuelles de l’Etat aux médias publics, conformément à la loi sur l’audiovisuel. «Tout en vous souhaitant bonne réception de la présente adresse, les travailleurs des médias publics réaffirment leur détermination à entreprendre toutes formes de lutte pour l’aboutissement de leurs justes et légitimes revendications», a dit Siriki Dramé, avant de transmettre la note. «Au nom du Premier ministre, qui est en déplacement à Genève, je récupère votre mot qui lui est adressé. Je puis vous assurer que je vais le remettre à qui de droit», a déclaré le représentant du chef du gouvernement.

«Le gouvernement cherche à gagner du temps»

Après avoir entonné, de nouveau, l’hymne national, les marcheurs ont regagné leur base à 10h. Là-bas, ils ont été rejoints par une délégation du collectif de la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B). Conduite par le Secrétaire général adjoint de la CGT-B, Norbert Ouangré, l’équipe est venue témoigner son soutien aux travailleurs des médias publics. «Je voudrais vous exprimer la solidarité agissante du collectif CGT-B et vous encourager dans la juste lutte engagée pour exiger la mise œuvre du protocole d’accord signé avec le gouvernement, le 29 décembre 2016», s’est exprimé le chef de la délégation du collectif. Pour lui, l’exécutif cherche à gagner du temps. Cette attitude, selon lui, n’est pas surprenante. «Les revendications des travailleurs de notre pays pour l’amélioration des conditions de vie rencontrent une opposition systématique du pouvoir», a soutenu M. Ouangré. Pour Siriki Dramé, c’est un soutien de taille, qui présage un lendemain meilleur. Par ailleurs, il a fait le briefing du mouvement des 48 heures. «C’est un bilan satisfaisant. Les travailleurs se sont mobilisés massivement à Ouagadougou et dans les autres régions. Nous avons même bénéficier de l’accompagnement des confrères du SIG et de la SBT. Pour une première, c’est un signal fort», s’est-il réjoui. A l’entendre, c’est réconfortant de savoir que les travailleurs ont adhéré au mouvement. Une sortie qui, de son avis, traduit leur détermination à lutter pour de meilleures conditions de vie et de travail.

Mariam OUEDRAOGO
mesmira14@gmail.com

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