Nutrition : la malnutrition des populations au cœur des échanges

La Conseil régional de nutrition du Centre-Ouest a tenu, le mercredi 1er mars 2023 à Koudougou, sa deuxième session ordinaire de l’année 2022. Les défis de la malnutrition des populations dans un contexte marqué par la conjoncture étaient au menu des échanges.

Les acteurs de la nutrition de la région du Centre-Ouest se sont réunis pour une concertation à la faveur de la deuxième session ordinaire de l’année 2022 du Conseil régional de nutrition (CRN) tenue le mercredi 1er mars 2023 à Koudougou. Selon le président de cette instance, le gouverneur du Centre-Ouest, Boubakar Nouhoun Traoré, la présente assemblée générale, placée sous le thème « Interventions multisectorielles en nutrition, un défi pour l’amélioration de l’état nutritionnel des populations dans la région du Centre-Ouest », se tient dans un contexte régional marqué par la persistance du défi sécuritaire associé à la conjoncture nationale et internationale de la flambée des prix des denrées de grande consommation.

« La dégradation de la situation sécuritaire avec son corollaire de Personnes déplacées internes (PDI), ainsi que l’augmentation des coûts des denrées de grande consommation, fait aujourd’hui de la sécurité nutritionnelle de nos populations, une problématique d’extrême urgence », a-t-il fait savoir. Il a ajouté que cela commande non seulement la prise de mesures fortement résilientes, mais aussi, et surtout le déploiement effectif de l’approche multisectorielle pour l’amélioration de l’état nutritionnel des populations à long terme. Aux dires du président du CRN du Centre-Ouest, la tenue du deuxième Conseil régional de Nutrition de l’année 2022 vise à renforcer la collaboration intersectorielle en faveur de la nutrition, par une meilleure coordination des interventions afin de renforcer les actions de lutte contre la malnutrition dans la région. Le directeur régional de la santé de l’hygiène publique du Centre-Ouest, Dr Moussa Sana, dans une brève présentation de la situation de la nutrition dans sa région, a affirmé qu’elle n’est pas du tout reluisante. Selon lui, les résultats d’une enquête sur la nutrition en 2021 font ressortir des taux de prévalence de l’ordre de 21,5% pour la malnutrition chronique, 10,2% pour la malnutrition aiguë avec des disparités entre les provinces au Centre-Ouest.

« Déficit céréalier »

Le président du CRN/Centre-Ouest Boubakar Nouhoun Traoré : « cette AG se tient dans un contexte marqué par la persistance du défi sécuritaire associé à la flambée des prix des denrées de grande consommation ».

Cette situation est parfois exacerbée par le déficit céréalier et le déplacement massif des populations à l’intérieur du pays, notamment du fait des attaques perpétrées par les groupes armés terroristes, foi de Dr Sana. A l’écouter, c’est au regard du caractère multisectoriel des principaux facteurs pouvant expliquer la situation de l’état nutritionnel des populations du Centre-Ouest que la direction régionale en charge de la santé, avec l’appui de l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID), à travers le projet « Advancing Nutrition Burkina Faso » a inscrit la tenue semestrielle du conseil régional de nutrition dans son plan d’actions 2022. Après la première session en septembre, la présente AG vise à faire le point des interventions multisectorielles de nutrition dans la région, proposer des solutions aux difficultés en vue de contribuer progressivement à la réduction de la malnutrition dans les quatre provinces du Centre-Ouest à savoir, le Boulkiemdé, le Sanguié, la Sissili et le Ziro.

Si le bilan de la campagne humide écoulée est globalement satisfaisant, avec une production céréalière excédentaire dans les provinces comme le Sanguié, cette dernière fait cependant partie des provinces où la malnutrition est très inquiétante. Pour le directeur régional en charge de l’agriculture du Centre-Ouest, Amadou Lingani, ce paradoxe pourrait s’expliquer en partie par le fait que les produits de la maraîchère culture sont principalement vendus plutôt que de servir à l’alimentation des familles des producteurs. « Hormis cela, il y a des facteurs socioculturels dans certains milieux qui ne favorisent pas la lutte contre la malnutrition. Il faut donc des sensibilisations à l’endroit des populations », a-t-il recommandé. Le chef du projet Advancing nutrition Burkina Faso de l’USAID, Dr Sidi Coulibaly a réaffirmé la disponibilité de sa structure à accompagner les acteurs du Centre-Ouest pour inverser la tendance des taux de prévalence de malnutrition. Même si le projet prend fin en 2023, il reste optimiste concernant la dynamique en cours.

Beyon Romain NEBIE

beynebie@gmail.com

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