Pénurie en carburant : Des stations-services vides à Ouagadougou

En fin de matinée, la file de véhicules à la station Total en face de l’église AD centre-ville commençait à s’allonger.

Les automobilistes et motocyclistes de Ouagadougou ont été surpris par une rupture en produits pétroliers dans les grandes stations-services, le dimanche 18 octobre 2020.

Difficile de trouver du super 91 ou du gasoil dans certaines stations-services de Ouagadougou, en cette matinée du dimanche 18 octobre 2020. Au centre-ville, les stations sont bien ouvertes, des pompistes à leur poste, mais point d’essence. Il en est ainsi à la station Shell Maison-du-peuple, les stations Shell et Total du rond-point des Nations unies.
Peu bavards, les pompistes ont tous la même réponse : « Il n’y a pas de carburant. » Lorsque l’on insiste, ils disent que la situation est peut-être liée à la grève des transporteurs. « Comment voulez-vous qu’un pompiste vous donne la raison de la pénurie en carburant ?

Nous, on se contente d’être toujours à notre poste pour servir les clients, c’est plutôt aux journalistes de nous renseigner ! », ironise l’un d’entre eux. Surtout que la consigne de ne pas accorder d’interview, en dehors des gérants, semble être partagée dans tous les points de vente de carburant.
La station Shell en face de la grande église des Assemblées de Dieu au centre-ville, représente un ilot d’espoir pour des clients qui commençaient à désespérer de ne pouvoir s’approvisionner en vue des semaines de travail à venir. « Je suis un fidèle client de Shell. Mais aujourd’hui, j’ai déjà parcouru quatre stations sans succès.

On m’a dirigé vers ici. Je suis arrivé et j’ai la chance de faire le plein pour éviter d’autres surprises et dans l’espoir que la grève va pendre fin et que les choses vont rentrer dans l’ordre », confie M. Coulibaly. Un autre client, lui, préfère s’assurer de la disponibilité, vu ses nombreuses déconvenues. Il a confié que sa surprise est d’autant plus grande qu’il travaille à Total. «J’ai rangé mon véhicule depuis vendredi. Je suis sorti ce matin pour prendre du carburant et c’est là que je me rends compte qu’il n’y a pas de carburant.

J’ai constaté que des stations sont fermées, néanmoins j’ai continué jusqu’à la station Total-Nations unies et c’est eux qui m’ont orienté ici », explique-t-il soulagé, de remplir le réservoir de son véhicule. Le soulagement est aussi le sentiment qui anime Halidou Guira, venu de Koupèla pour faire le weekend auprès de sa famille. En effet, du quartier zone1, il a dû aller jusqu’au centre-ville pour se ravitailler. Dans la file de véhicules qui s’allongeait, des propos laissent deviner que la pénurie est ressentie aux quatre coins de Ouagadougou.

Des vendeurs ambulants dans les files d’attente

Pour le gérant de la station, M. Edouard, transformé en pompiste au regard de la grande affluence, la situation de sa station s’explique par le fait qu’il a été approvisionné, en gasoil comme en super, la veille de la grève des transporteurs routiers. (Ndlr le 13 octobre 2020). La grève initialement prévue du 14 au 17 octobre 2020 (puis suspendue, selon le président national de la faîtière unique des transporteurs routiers du Burkina, Issoufou Maïga).

« Les commandes ont été bloquées à cause de la grève des transporteurs, ce qui fait qu’à l’heure actuelle, beaucoup de stations sont en rupture», détaille-t-il. Comme il fallait s’y attendre, lorsque les stations conventionnelles sont en manque de carburant, c’est une aubaine pour les vendeurs à la sauvette, dont les tables trônent aux carrefours dans les quartiers de la ville.

Leurs gérants, pro actifs font des stocks. Pendant la discussion avec un gérant, un pompiste est venu exposer le cas d’un « gros client ». Celui-ci a déjà rempli deux gros bidons mais souhaite prépayer pour quatre autres, le temps de revenir avec des fûts.
« Je ne refuse pas de vendre, mais dis-lui qu’il paiera après avoir été servi », lâche le gérant. Mais face à l’insistance du pompiste et du client lui-même, venu à la rescousse, le gérant reste catégorique, conseillant au client de se dépêcher, car il sera servi autant qu’il souhaite tant que le carburant sera disponible.

La grève des transporteurs routiers est revenue en filigrane comme la raison principale de la pénurie constatée. Contacté au téléphone, le président de l’Union des chauffeurs routiers du Burkina, Brahima Rabo, confirme les soupçons de tous.
« La grève a été bien suivie pour 96 heures. Normalement, le travail devrait reprendre ce dimanche 18 octobre, mais les chauffeurs routiers refusent de reprendre le travail. Depuis le début du mouvement, le ministre des Transports n’a rien dit et cela ne passe pas. Voilà la situation », explique-t-il.

Nadège YE

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