Plateforme d’études « Ecole digitale » : « C’est notre contribution à l’effort de guerre », Isidor Bouda

Deux jeunes communicateurs et journalistes de formation, ont conçu une plateforme d’études en ligne dénommée : « Ecole digitale », pour permettre aux élèves de continuer à étudier pendant la fermeture des classes à cause de la COVID-19. Dans cet entretien, l’un des concepteurs, Isidor Bouda, parle de son fonctionnement, de ses tenants et aboutissants.

Sidwaya (S) : La plateforme Ecole digitale est fonctionnelle depuis quelques semaines ? De quoi s’agit-il exactement ?

Isidor Bouda (I.B.) : L’Ecole digitale est une plateforme d’études en ligne créée en début avril 2020, à la suite de la crise sanitaire de la COVID-19. Elle a été mise en ligne pour aider les élèves qui ne vont plus à l’école à cause du coronavirus. Parce que nous sommes sûrs que même si, les cours reprennent, ce n’est pas évident qu’on puisse terminer le programme scolaire. Nous avons décidé de mettre la plateforme en ligne pour que les élèves puissent continuer les cours, malgré la fermeture des classes. Elle est entièrement gratuite.

S : Concrètement, comment fonctionne t-elle ?

I.B. : Pour un élève qui veut suivre les cours, il suffit de s’inscrire sur la plateforme à l’adresse : www.ecoledigitale.tech dans la rubrique « élève, je m’inscris » en renseignant son nom, ou ses prénoms, son mail, sa classe…Il peut commencer à suivre les cours gratuitement.

S : Comment les cours y sont dispensés ?

I.B : Les cours sont fournis par plus de 92 enseignants du CM à la Terminale. Ces derniers sont aidés dans leurs tâches par des inspecteurs, surtout pour la rédaction des cours mis en ligne. Il y a des professeurs qui n’ont pas les cours en format numérique et 3 volontaires nous aident à les numériser. Nous avons aussi d’autres volontaires à Paris, recrutés par notre coach Cathérine Soundi qui est développeur UX à l’université HEC Paris. Les élèves peuvent alors lire le texte. Nous sommes en train de travailler pour ajouter la vidéo, parce qu’elle est souvent plus explicite. L’élève a la possibilité d’interagir avec les enseignants, via le chat mis en place pour poser des questions systématiquement sur ce qu’il n’a pas compris, sur certaines parties du cours et les professeurs répondent. Nous sommes conscients que c’est difficile de prendre un texte et de tout comprendre. Les professeurs sont là pour aider les élèves. Après un cours on passe à l’évaluation.

S : Quel est le mode d’évaluation des apprenants ?

I.B. : Il s’agit pour l’élève de répondre en ligne au quiz rédigé par le professeur. Chaque bonne réponse donne droit à un certain nombre de points. Si l’élève n’a pas atteint un certain taux de succès, il lui est demandé de reprendre. S’il atteint un bon taux, il peut passer au cours suivant. L’objectif est de permettre aux élèves d’avoir un très bon niveau, avant de passer au cours suivant. Sinon, certains élèves vont prendre un cours sans bien l’assimiler et passer à un autre. Cela n’est pas productif.

S : A ce, jour combien de cours sont en ligne ?

I.B : Concernant les classes d’examen, nous avons plus d’une centaine de cours en ligne. Nous continuons d’en mettre. Le programme de la 3e est à 90% achevé et celui de l’ensemble des Terminales à environ 50%.

S : Quelle est l’utilité de la plateforme pour les élèves ?

I.B. : C’est pour permettre aux élèves de continuer l’apprentissage, malgré la fermeture des salles de classe. Nous ne savons pas si, les cours vont reprendre ou pas. Par exemple, pour les classes intermédiaires, la rentrée est fixée à une date ultérieure. Ils peuvent continuer à apprendre en ligne. Nous avons tout fait pour que la plateforme soit gratuite. Même les professeurs qui nous aident ne reçoivent aucun sou. C’est du bénévolat. Nous avons même construit la plateforme avec nos propres fonds. Nous ne recevons aucun sou pour cela.

S : Dans la conception de votre outil d’apprentissage, aviez-vous songé aux élèves qui ont des difficultés pour avoir des mégas octets pour se connecter à Ecole digitale ?

I.B. : Il est difficile pour certains élèves d’avoir des mégas octets pour se connecter. Donc, en partenariat avec un réseau de téléphonie mobile, les élèves peuvent accéder à la plateforme gratuitement sans méga. Nous avons essayé de mettre en place une plateforme qui va aider le maximum d’élèves.

S : Recevez-vous des échos des élèves ?

I.B. : Les élèves apprécient énormément Ecole digitale à cause de sa simplicité d’utilisation. Chaque jour, on enregistre une centaine d’inscriptions.

S : Quelles sont vos difficultés dans la mise en œuvre du projet?

I.B. : Notre coach nous aide à résoudre la majeure partie des difficultés. Le problème, c’est peut être le réseau. Même si la plateforme est gratuite pour les élèves, pour implémenter certaines choses, il nous faut la connexion Internet. Elle est souvent défaillante. Fonctionnant sur fonds propres, souvent, nous avons eu du retard parce qu’il fallait payer certains intrants.

S : Aviez-vous du soutien du ministère en charge de l’éducation?

I.B. : Dès le début du projet, nous avons approché le ministère en charge de l’éducation. Mais nous n’avons pas reçu son soutien. Jusqu’à présent, nous avons travaillé sur fonds propres. Nous avons investi nos salaires…C’est vraiment notre contribution à l’effort de guerre.

S : Après la COVID-19, les élèves pourront-ils toujours bénéficier des cours en ligne?

I.B. : Même après la pandémie, les cours resteront en ligne et gratuitement pour les élèves. Il faut que les élèves s’inscrivent sur la plateforme afin de continuer à suivre les cours à leur rythme. Cela pourra les aider à comprendre les cours. Pour les élèves qui vont passer en classe supérieure, cela leur permettra de prendre de l’avance par rapport à l’année scolaire qui va commencer. C’est dans leur intérêt de se connecter sur la plateforme.

Interview réalisée par :
Abdel Aziz NABALOUM
emirathe@yahoo.fr

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