Présidentielle française : Macron-Le Pen, au 2d tour, le 24 avril

Emmanuel Macron, candidat sortant, crédité par les sondages de favori, a respecté les données prévisionnelles et se pointe avec un avantage face à Marine Le Pen. Les résultats cumulés annoncent pourtant un second tour serré si les coalitions doivent jouer. Alors, tout ça pour ça ! A y voir de près, il y a comme un bis repetita des élections françaises depuis que les Le Pen se sont incrustés dans le jeu politique et à la course pour le plus prestigieux des fauteuils : celui de président de la République.

Au regard des cinq premiers candidats qui totalisent près de 100% des choix exprimés, en théorie, les lepénistes peuvent se mettre à rêver. Si on considère les scores ; Macron avec ses 28,4% dépasse de cinq points une Marine Le Pen qui se prend à rêver de « venger » son père dont le plus gros score a été cette surprise au premier tour en 2002, avec 16,95% des voix contre 19,71% pour Jacques Chirac.

Celui-ci avait refusé le débat télévisé du second tour, appelant tous les Français à barrer la route à un Jean-Marie Le Pen. En rappel, ce sera bien la deuxième fois que dame Le Pen se pointera à ce niveau après une confrontation avec un certain Nicolas Sarkozy. Le Pen pourra-t-elle bénéficier des voix de Eric Zemmour le « mal- aimé », la conscience dérangeante ?

Oui, Zemmour a déjà appelé ses électeurs à déverser leurs voix sur la candidate de l’extrême droite. Ou alors un Mélenchon qui croyait son heure sonnée, franchira-t-il lui aussi le pas en demandant de voter contre Macron, sans dire de voter Le Pen ? A la vérité, la politique française est pleine d’incongruités dérangeantes. Autant les Français fustigent Le Pen pour ses prises de position « nationalistes », autant, ils mettent du temps à lui barrer le chemin définitivement pour un second tour.

A défaut d’un jeu politicien, c’est bien d’une comédie del arte que les Français donnent au reste du monde. Vu de l’Afrique, sans le cacher, le bon profil, sinon le bon favori, reste bien Emmanuel Macron. Un Macron qui, donnant l’impressionnant d’avoir offert une sépulture dorée à la Francafrique, l’a réveillée de manière abrupte en s’imposant comme le défenseur d’une Afrique sous giron français. Barkhane au Mali et dans les pays du Sahel en atteste. Et montre que l’Afrique compte pour la France.

Reste aux Africains de ne plus se laisser conter, mais de compter. En d’autres termes, de se trouver cette sortie d’une emprise qui n’a que trop duré. Pour l’heure, les candidats arrivés au second tour savent bien qu’il n’y a pas de répit. Il faut « carburer » pour débaucher des voix dans l’autre camp, mais surtout pour inciter les indécis à décider. Les Africains, de toute façon, seront tout ouïe vers l’Hexagone. Ils se rendent compte que la France a aussi des priorités internes, le chômage, la COVID-19 qui a révélé une France « incapable » de produire un vaccin.

La crise en Ukraine a encore montré aux Africains que la force de la France s’exerce sur leur continent. D’où ce petit sursaut du peuple en déphasage avec les dirigeants ? En tous les cas, les urnes ont parlé et ont certainement enterré les ambitions présidentielles d’un Eric Zemmour, mais bien plus d’un Jean- Luc Mélenchon qui clamait déjà que ce sera son dernier combat pour un fauteuil qui n’a jamais été vraiment proche de lui. Macron pour une continuité ou Le Pen pour une nouvelle aventure ? Seuls les Français ont les manettes et, en toute souveraineté, l’exerceront lors du deuxième tour le 24 avril prochain déjà lancé dès les résultats du jour connus.

Jean Philippe TOUGOUMA

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