Procès Thomas Sankara : la prison à vie pour Blaise, Diendéré et Hyacinthe

Après une durée de six mois, la sentence du procès du capitaine-président Thomas Sankara et douze autres personnes est tombée. L’ex-président Blaise Compaoré, le général Gilbert Diendéré et le fugitif Hyacinthe Kafando ont été condamnés, le mercredi 6 avril 2022, à la prison à vie. Le président de la Chambre a également prononcé la déchéance des décorations, des distinctions honorifiques et des titres des accusés condamnés.

La sentence de la chambre de jugement est tombée après environ six mois de débats judiciaires, sur l’assassinat de Thomas Sankara et douze de ses compagnons d’infortune, le mercredi 6 avril 2022 à Ouagadougou. Ainsi, l’ancien président du Burkina Faso, Blaise Compaoré a été condamné à la prison à vie pour attentat à la sûreté de l’Etat et complicité dans l’assassinat du président Thomas Sankara, son prédécesseur.

A noter que Blaise Compaoré dit « Jubal » a été condamné par contumace de même que son ancien chef de sécurité Hyacinthe Kafando, qui, lui aussi a écopé d’une peine de perpétuité dans le dossier. Le général Gilbert Diendéré, qui a assisté de bout en bout au procès, a reçu la même peine de prison à vie. Des condamnations jusque-là inouïes dans les tribunaux burkinabè, qui sont bien plus lourdes que celles prévues par le parquet militaire qui avait requis 30 ans de prison ferme contre Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando et 20 ans contre le général de brigade Gilbert Diendéré. En clair, la chambre de jugement a reconnu de façon formelle que Blaise Compaoré et Gilbert Diendéré sont coupables des faits d’attentat à la sûreté de l’Etat et de complicité d’assassinat à la majorité absolue. Ils ont été cependant déclarés non coupables des faits de recels de cadavres. Sur le chef d’accusation de subornation de témoin, le général Diendéré a été reconnu non coupable. Le colonel-major à la retraite Jean Pierre Palm, contre qui le parquet avait requis 11 ans de prison avec sursis, a été finalement condamné à 10 ans de prison ferme. Même condamnation pour le colonel à la retraite Tibo Ouédraogo, commandant de l’Escadron motocycliste commando (EMC) au moment des faits, en faveur de qui le parquet avait pourtant requis l’acquittement. L’adjudant-chef, Albert Pascal Sibidi Bélemlilga et l’adjudant-chef major, Diakalia Démé, tous deux en service à l’EMC en 1987 ont été condamnés chacun à 5 ans de prison avec sursis. Ils ont été reconnus coupables des faits de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, mais ont bénéficié de circonstances atténuantes.

Maintien des mandats d’arrêt

Le soldat Bossobè Traoré, membre de la garde rapprochée de Sankara, accusé par des témoins, d’être le traître parmi la garde présidentielle, a été acquitté. Et aucune charge de complicité d’attentat et d’assassinat n’a été retenue contre lui. Deux autres accusés ont été acquittés par la chambre de jugement. Il s’agit des médecins militaires, Diébré Alidou et Kafando Hamado. Ils ont été acquittés pour cause de prescription de l’action publique. Ils étaient respectivement accusés de faux en écriture publique ou authentique pour avoir porté la mention « mort naturelle » sur le certificat de décès de Thomas Sankara et « mort accidentelle » sur le certificat de décès de Bonaventure Compaoré, membre du personnel de la présidence.

Ils avaient expliqué à la barre avoir agi par « humanisme » et avaient reconnu leur faute professionnelle. La chambre de jugement a suivi les réquisitions du parquet en condamnant à 11 ans de prison ferme, Yamba Elysée Ilboudo, l’un des chauffeurs du commando qui a assassiné Thomas Sankara et ses compagnons. Ses coaccusés en l’occurrence Idrissa Ouédraogo et Nabonswendé Ouédraogo, eux, ont pris chacun 20 ans de prison ferme. Enfin, l’accusé Tondé Ninda Pascal a été condamné à trois ans de prison ferme pour les faits de subornation de témoin. La chambre de jugement a maintenu les mandats d’arrêt internationaux contre Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando, en application des dispositions de l’article 261-128 alinéa 4 de la loi n°040-2019/AN du 29 mai 2019 portant Code de procédure pénale. L’audience va reprendre, le mercredi 13 avril et va permettre au tribunal de statuer sur les réclamations civiles. La veuve Mariam Sankara, exprimant son satisfecit, a indiqué que la justice a fait son travail et a rendu son verdict. Elle a salué l’engagement de tous à faire la lumière sur le coup d’Etat du 15 octobre 1987. « Notre but était que les violences politiques qu’il y a eu au Burkina cessent. Ce verdict va donner à réfléchir à de nombreuses personnes », a-t-elle dit.

Wanlé Gérard COULIBALY

Abdoulaye BALBONE

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