Projet d’appui aux populations dépendantes de la forêt : Une opportunité offerte aux associations de s’auto-employer

Une démonstration de mise en pot des plants des élèves de l’école de Diourao.

Le Projet d’appui aux populations dépendantes de la forêt (PAPF) financé par la Banque mondiale a permis aux associations et regroupements surtout féminins, de se créer des emplois à travers les productions des produits forestiers non ligneux, tout en protégeant l’environnement. Après les étapes de la Boucle du Mouhoun et du Centre-Ouest, la caravane de presse organisée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a fait le constat les 15 et 16 avril 2021, dans quatre sites de la région du Sud-Ouest.

La première étape a mis le cap sur la commune de Oury dans la province des Balé (Boucle du Mouhoun) où le groupement féminin
« Bangadongomè » gère un microprojet de 838 240FCFA. Ce groupement de 55 membres (bénéficiaires directs et 6000 bénéficiaires indirects) produit du beurre de karité, du savon à base de beurre de karité et du soumbala. Annuellement ces femmes battantes produisent plus de 3 tonnes de grains de néré transformés, 3 tonnes de beurre de karité, environ 3000 boules de savon (toilette et lessive), de la pâte d’arachide et des feuilles de baobab séchées. « Avant on travaillait sans moyens », a reconnu la présidente du groupement Jeanne Benon, visiblement très contente de la visite-terrain de l’UICN.

« Le PAPF nous a soutenues à hauteur de 7 555 900 FCFA et notre contribution est de 838 240 FCFA. Nous sommes très contentes, car cette activité nourrit son homme. Nous contribuons aux dépenses de la famille (nourriture, la santé des enfants et nous-mêmes, la scolarité des enfants et leurs fournitures, etc.) ». Elle a relevé que cette amélioration de la production est due au fait que les membres ont été formés et du matériel de travail a été acheté.

Les caravaniers sont ensuite allés visiter l’Association solidarité et développement communautaire (ASDC), une structure de femmes, qui s’est investie dans la production du soumbala (bouillon local). La production annuelle est estimée à 3 tonnes de grains de néré transformés. Dans son domaine d’intervention, elle valorise des produits forestiers non ligneux notamment la production et la commercialisation du soumbala, la protection et la gestion durable des ressources, avec l’appui du service de l’environnement. 45 bénéficiaires directs et 6000 indirects travaillent de façon quotidienne pour maintenir la chaîne de production. La présidente de l’association, Disseta Zansè, arrive à défendre les couleurs de la structure hors du Burkina Faso.

Elle a pris part cette année au Mozambique, à une rencontre des autres pays bénéficiaires du même projet de la Banque mondiale. L’ASDC, qui a bénéficié de la subvention du PAPF à hauteur de 15 260 000FCFA (elle a contribué à hauteur de 1 675 000FCFA), dispose d’une unité fonctionnelle de production bien aménagée et bien équipée. Les membres ont également acquis de nouvelles connaissances leur permettant d’améliorer leurs productions. Les produits sont vendus un peu partout au Burkina Faso et hors du pays. Cette expérience leur a permis d’avoir la confiance de deux autres partenaires qui les accompagneront pendant un bout de temps. Les membres se disent également satisfaites du grand changement de vie en leur saint.

Au secteur 3 de la commune de Boromo (Boucle du Mouhoun) est mise en place grâce au projet PAPF, l’association Jigisèmè de Boromo qui évolue dans l’alimentaire. La structure qui ne regroupe que des dames est spécialisée dans la production de jus de fruits sauvages (fruit de baobab, liane, raisin). D’un coût global de 9 325 540FCFA, l’union produit en moyenne et annuellement 10 000 litres de jus avec un chiffre d’affaires estimé à 5 millions FCFA par an. L’appui du PAPF à travers la mise en œuvre de cette microentreprise de transformation des produits forestiers non ligneux a permis à l’association d’avoir de la visibilité, des liens de collaboration avec les services techniques de la province des Balé et l’appui de certains projets.

La présidente de l’association, Tien Mamounata Bado, a évoqué quelques soucis qui se résument au « manque de technicité et de moyens logistiques, à l’insuffisance de moyens de conservation et aux difficultés de fret ». Mais « le PAPF a permis à l’association de générer des revenus à cause des potentialités et des atouts technologiques existants en termes de disponibilité, d’accessibilité et de diversité », a-t-elle reconnu.
A Djikologo dans la commune de Zambo (province du Ioba dans la région du Sud-Ouest), l’Union de collecte et de transformation des produits oléagineux (Gouwiè) produit et transforme des produits forestiers non ligneux.

Plus de 500 dames dans la production

C’est dans ces chaudes marmites que l’Union de collecte et transformation des produits oléagineux (Gouwiè) fabrique son beurre de karité.

Le coût du projet est de 11 181 000FCFA. Ce groupement de plus de 500 dames venues de quatre communes du Ioba et de la Bougouriba, créé en 2010 et reconnu une année plus tard, est spécialisé dans la production du beurre de karité et produits dérivés (pommade, savon, etc.), et du soumbala. Elles estiment à 10 tonnes d’amandes collectées et
5 tonnes de beurre de karité transformées par an, avec une recette annuelle estimée à
5 500 000FCFA.

La coordonnatrice de l’Union, Simone Poda, est satisfaite de l’accompagnement du projet et ne souhaite que la labellisation de leurs produits pour mieux les valoriser. Le PAPF a également étendu son enveloppe au monde de l’éducation. Le projet PAPF, dans le cadre de l’éducation environnementale, soutient 15 écoles dans la commune rurale de Dissin et 3 dans celle de Zambo à hauteur de 15 millions F CFA. L’activité touche 4 087 élèves dont 2 005 filles et 2082 garçons. Elle touche indirectement 57 000 habitants des deux communes. La production annuelle des plants est estimée à 1000. Ces plants sont soit fruitiers, alimentaires médicinaux, etc.

Le promoteur qui n’est autre que l’association ELIT, ne vise que les écoles primaires. Elle souhaite étendre l’activité à toutes les écoles primaires de Dissin et de Zambo afin d’atteindre un grand nombre de populations scolaires. Elle souhaiterait également vulgariser le guide d’éducation environnementale pour l’enseignement primaire et pour les animateurs de développement des deux localités.

La délégation conduite par l’UICN s’est rendue à l’école de Diourao dans le département de Tiankoura (province de la Bougouriba) pour constater les réalisations faites dans le cadre de l’éducation environnementale. Le jardin scolaire laisse entrevoir des planches de légumes et une pépinière réalisées par les élèves de l’école, sous la directive des enseignants. Plus loin, un bosquet contenant plusieurs espèces, dont des Acacias, des Méléna, des Anacardes, des Baobabs, etc. « Nous réalisons ces productions aux heures d’APP (Activités pratiques de production).

Les produits du jardinage améliorent la qualité de la cantine scolaire. Certaines espèces de la pépinière sont commercialisées et les recettes contribuent toujours à agrémenter les repas de la cantine scolaire », explique le directeur de l’école, Nata Kambou. Marcelin Kansier de la classe de CM2 ajoute que « nous apprenons beaucoup de choses à travers ces activités de production. Même pour la compréhension des leçons sur les plantes ça devient facile ». Le projet intervient également dans trois communes de la région de l’Est (Kantchari, Partiaga et Matiakoali) que la caravane n’a pas pu sillonner. Il soutient également des écoles de la localité dans l’éducation environnementale.

« Au niveau des écoles, les élèves ont pu bénéficier de formation à l’éducation environnementale, ce qui leur a permis de faire la production des plants et de créer des bosquets dans les écoles », a mentionné le coordonnateur du projet, Oumarou Seynou très satisfait des résultats sur le terrain. Le PAPF, soutient au total 29 écoles au Burkina Faso. Le PAPF financé par la Banque mondiale, intervient dans 32 communes de 5 régions du Burkina à travers 53 micro-projets, 32 sous-projets et 29 projets d’éducation environnementale avec un taux de réalisation de 89,4%. Cette caravane d’une semaine voulue par l’UICN avec à sa tête le directeur-pays, Jacques Somda, avait pour objectif de renforcer la visibilité sur les activités du projet sur le terrain, de récolter et de diffuser les informations sur ses acquis, de renforcer les échanges entre les acteurs actifs du projet et les autres partenaires et de voir l’impact sur les populations.

Adama SALAMBERE

Laisser un commentaire