Publicité sur le tabac : L’OMS durcit le ton

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a demandé aux Etats de durcir la mesure d’application des interdictions pesant sur la publicité en faveur du tabac, la promotion et le parrainage lors des manifestations sportives. Au Burkina Faso, la lutte se mène également et est au stade de l’application des avertissements sanitaires graphiques sur les paquets de tabac.

« L’Organisation mondiale de la santé (OMS) presse les gouvernements d’appliquer les interdictions pesant sur la publicité en faveur du tabac, la promotion et le parrainage lors des manifestations sportives, notamment les courses de Formule 1 ou de MotoGP, qu’ils soient pays hôte ou de retransmission.

L’OMS prie également tous les organismes sportifs, y compris ceux qui sont responsables des courses de Formule 1 et de MotoGP, d’adopter des politiques antitabac drastiques garantissant des courses sans tabac et qu’aucune activité, aucun participant et aucune équipe ne soient parrainés par des industriels du tabac ». C’est la substance du communiqué de l’Organisation mondiale de la santé, publié le 14 mars 2019. L’OMS est convaincue qu’une telle recommandation permettra de réduire la consommation des produits du tabac, notamment chez les jeunes.

Un appel qui témoigne de l’engagement et de la détermination à aller vers un monde sans tabac. Si dans certains pays, la lutte est au stade des paquets neutres, au Burkina Faso, c’est l’application des avertissements sanitaires graphiques sur les paquets de tabac qui est recommandée par la loi. Le nouveau délai du 1er janvier 2019 n’ayant pas été respecté, un autre a été fixé au 1er juin 2019, selon le coordonnateur de l’ONG ACONTA (Afrique Contre le Tabac), Salif Nikiema. Pour lui, les entreprises devraient se conformer aux nouvelles règles afin de protéger les jeunes. « Les jeunes fument de plus en plus.

Notre objectif est d’apposer ces images sur les paquets pour les sensibiliser. Nous espérons que ces images des conséquences du tabac vont influer sur ces jeunes afin qu’ils pensent plus à leur santé plutôt qu’à un effet de mode », a indiqué M. Nikiema. Il urge d’agir au regard des chiffres. Selon l’enquête STEP, en 2013, la prévalence générale du tabagisme était de 19,8% chez les 25 à 64 ans dont 29,2% chez les hommes et 11,8% chez les femmes. Outre ces données, Salif Nikiema s’est fondé sur les résultats de diverses enquêtes pour situer l’épidémiologie du tabagisme au Burkina Faso.

Des maladies liées au tabac

En effet, l’enquête GYTS (2006) a fait ressortir que 17,3% des élèves de 13 à 15 ans étaient des consommateurs des produits de tabac et 12,2% des fumeurs de cigarettes. L’Enquête démographique et de Sant? (EDS-2010) a révélé par ailleurs que 24% des hommes et 4% des femmes consomment le tabac. « Les sujets jeunes de 25 à 34 ans de sexe masculin sont les plus touchés avec une prévalence de 32,6%. L’exposition passive à la fumée du tabac à domicile était de 36,3% chez les hommes et les femmes âgés de 25 à 64 ans », a ajouté le coordonnateur de l’ONG ACONTA.

Il a, en outre, précisé que l’âge d’initiation à la consommation d’un produit de tabac est de 11 ans au Burkina Faso. Pourtant, a souligné Salif Nikiema, le tabagisme est à l’origine de plusieurs maladies non transmissibles. Une assertion bien à propos puisqu’un cancer sur trois est dû au tabagisme, selon le personnel de santé. Le plus connu est le cancer du poumon, dont 90 % des cas sont liés au tabagisme actif et 5 % au tabagisme passif. Mais d’autres cancers sont également causés par le tabac. Il s’agit des cancers de la gorge, la bouche, les lèvres, le pancréas, les reins, la vessie et l’utérus. Le cancer de l’œsophage est plus fréquent en cas d’association du tabac avec l’alcool.

C’est ce qui prouve que les conséquences sanitaires engendrées par la consommation de tabac, ne sont pas négligeables et expliquent tout à fait la prise de conscience de l’Etat, par des mesures importantes. Par ailleurs, le tabagisme actif peut également être à l’origine des maladies cardio-vasculaires parce que fumer est l’un des principaux facteurs de risque d’infarctus du myocarde.

Les accidents vasculaires cérébraux, l’hypertension artérielle sont également liés, en partie, à la fumée du tabac. Il y a également la bronchite chronique qui est essentiellement due au tabagisme. Cette maladie évolue vers l’insuffisance respiratoire si l’usage du tabac n’est pas stoppé. D’autres pathologies ont un lien ou sont aggravées par le tabagisme. Il s’agit des gastrites, des ulcères gastroduodénaux, du diabète de type II, l’hypercholestérolémie, l’hypertriglycéridémie et la cataracte.

Gaspard BAYALA
gaspardbayala87@gmail.com

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