Que justice soit faite !

L’assassinat du journaliste camerounais, Martinez Zogo, ne restera pas impuni. Ses bourreaux, qui pensaient s’en tirer à bon compte, doivent être dans tous les états. A voir l’évolution de l’instruction du dossier, les proches du directeur d’Amplitude Fm, qui réclament à cor et à cri justice, devront trouver satisfaction, même si ce n’est pas forcément à 100%.

La justice a mis les bouchées doubles pour produire des résultats salutaires, moins de deux mois après la découverte du corps mutilé de Martinez Zogo. Alors que d’aucuns croyaient que le dossier allait être enterré, le juge d’instruction du tribunal militaire de Yaoundé a inculpé plusieurs personnes, le samedi 4 mars 2023.

Le patron et le responsable des opérations de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE), respectivement Léopold Eko et Justin Danwe, ont été inculpés pour «filature, enlèvement, torture et assassinat ». De même que 10 autres éléments du contre-espionnage, placés sous leurs ordres, pour les mêmes raisons.

Last bust not least, le sulfureux et richissime homme d’affaires et chef coutumier, Jean-Pierre Amougou Belinga, a été aussi accusé de« complicité de torture par aide ». Aussi a-t-il été placé sous mandat de dépôt à la prison principale de Kondengui à Yaoundé. D’autres personnalités, à l’image du ministre de la Justice, Laurent Esso, très proche du chef de l’Etat, Paul Biya et d’Amougou Belinga, seraient impliquées dans le meurtre du journaliste, mais rien n’est encore clair.

La justice poursuit les investigations, dans l’espoir de mettre la main sur tous les assassins du journaliste et leurs complices. Il faut saluer cette dynamique qui a permis la mise en cause d’Amougou Belinga, dont on disait être intouchable à cause de ses relations au plus sommet de l’Etat camerounais et dans les hautes sphères en Afrique.

Son arrestation et son inculpation dans un pays où il existe des « enfants chouchou de la république » et des « minables », les ennuis judiciaires d’Amougou Belinga paraissent inédits. Mais l’opérateur économique, dont l’arrogance a dépassé les frontières du Cameroun, ne peut en vouloir qu’à lui-même.

A force de croire que tout lui était permis, même ôter la vie à un semblable, il a fini par rejoindre le cercle des prisonniers. Cette affaire semble être le début d’une descente aux enfers pour Amougou Belinga.

Les premiers éléments de l’enquête faisaient état, de ce que le magnat de la presse camerounaise, propriétaire du journal L’Anecdote, de la télévision Vision 4 et de Télésud, aurait personnellement torturé Martinez Zogo au sous-sol d’un de ses immeubles.

Il ne s’agit pas de l’aimer ou de le détester, les faits ne concourent pas en la faveur d’Amougou Belinga.

Aussi étrange que cela puisse paraitre, il faisait partie des personnalités auxquelles s’attaquait régulièrement Martinez Zogo, dans son émission à succès Embouteillage.

Dans sa dernière chronique, peu avant sa disparition suivie de son assassinat, le journaliste s’était montré très critique envers Amougou Belinga, dénonçant son implication dans le pillage des caisses de l’Etat camerounais. Pur hasard ?

On ne saurait le dire, mais tout porte à croire que ce crime profite à l’homme d’affaires, même s’il n’est manifestement pas le seul. La tenue d’un procès, attendu impatiemment par l’entourage de l’illustre disparu, pourrait apporter plus de lumière sur cette affaire.

En attendant, il faut se réjouir de l’engagement personnel du président Biya, qui a permis à bien des égards d’avancer dans ce dossier. Encore faut-il que le chef de l’Etat camerounais

ait le courage de livrer des proches, si leur implication est avérée. Martinez Zogo, qui faisait œuvre utile, ne mérite pas le triste sort qui lui a été réservé. Que justice soit faite !

Kader Patrick KARANTAO

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