Réalisation d’infrastructures scolaires sur fonds propres : Le village de Kampaoga donne l’exemple

Démarré avec deux classes, le CEG de Kampaoga en compte actuellement huit, entièrement réalisées par la population.

Dans la perspective de l’ouverture d’une classe de seconde à compter de la rentrée scolaire 2021-2022, la population de Kampoaga s’est engagée à construire un bâtiment de 2 salles de classe qui seront entièrement équipées sur fonds propres, à hauteur de 14 millions F CFA.

L’idée est de la population avec en tête le chef de canton de Kampoaga et Tengsoaba du royaume de Tenkodogo, Naaba Yemdé et du soutien de leurs partenaires de construire en 2009 à Kampoaga, le premier Collège d’enseignement général (CEG) de la localité, sur un domaine de 5 ha. C’est ce qui a amené la population à s’investir pour obtenir l’autorisation de construire le CEG et sa réalisation. Démarré avec deux classes, le CEG en compte actuellement huit, entièrement réalisées par la population malgré les conditions économiques difficiles.

Le chef de canton de Kampoaga a précisé qu’après l’admission à leurs différents examens, (CEP, entrée en 6e et BEPC), les enfants sont obligés d’aller à Tenkodogo, chef-lieu de la commune à 17 km du village pour poursuivre leur cursus scolaire. Vu les conditions de vie difficile, ajoutée aux difficultés de trouver des tuteurs, beaucoup d’élèves étaient obligés d’abandonner leurs études. C’est ainsi que la demande d’ouverture de la classe de seconde à compter de cette rentrée scolaire 2021-2022, a été accordée par l’Etat dans le cadre de l’érection du CEG en lycée.

La construction du nouveau bâtiment de deux classes, entièrement équipées sur fonds propres du village, estimée à près de 14 millions F CFA va porter le nombre de classes de 8 à 10. Une organisation est mise en place à cet effet depuis janvier 2021 pour la collecte des fonds. Sur la base du nombre de la population qui est d’environ 10 000 âmes et les ménages estimés à 2000, une cotisation de 5000 F CFA par ménage est demandée. Les fonctionnaires du village qui exercent dans différentes administrations publiques et privées estimés à 60, devront contribuer pour chacun à hauteur de 20 000 F CFA. La diaspora a aussi été contactée et sa contribution est attendue.

Naaba Yemdé a dit compter sur le patriotisme et l’engagement des fils et filles du village qui n’est pas sa première réalisation au profit de l’éducation. Il a affirmé que les relations cordiales, empreintes de compréhension entre les fils et filles contribuent à la réalisation d’infrastructures au profit des communautés. A l’entendre, le CEG manque du personnel enseignant, ajouté aux contraintes financières. Il a dit attendre du ministère de l’Éducation nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des langues nationales (MENAPLN), qu’il pourvoie suffisamment l’établissement en professeurs.

Le secret de l’expérience réussie de la mobilisation

« Dans une communauté, il faut instaurer une bonne organisation impliquant tous les acteurs », a déclaré Naaba Yemdé.

«A chaque fois que nous parlons de notre expérience à Kampoaga, nous recevons des félicitations. On nous demande notre secret et souhaite que notre expérience soit partagée…», a confié le 1er adjoint au maire de Tenkodogo, Ousmane Bangré. Pour le chef de Kampoaga, l’Etat seul ne peut pas tout faire. Dans une communauté, il faut instaurer une bonne organisation impliquant tous les acteurs, sensibiliser la population à compter d’abord sur ses propres forces et à comprendre le bien-fondé des actions de développement, a-t-il affirmé.

« Toutes les salles de classe du CEG sont construites et équipées sur fonds propres du village et de ses partenaires ; nous attendons toujours la promesse de l’Etat qui nous a accompagnés avec l’affectation des professeurs. En tant que ressortissants, c’est un devoir pour nous d’accompagner ce projet », a indiqué Ousmane Bangré. Cependant, la principale difficulté à son avis, est l’insuffisance de ressources financières. « Par moment, on relâche pour que les gens soufflent. Ce qui fait que le rythme des réalisations des activités n’est pas constant », a-t-il conclu.

Bougnan NAON

naon_2012@yahoo.fr

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