Remaniement ministériel : « Il y aura une évolution positive sur le terrain », Laurent Kibora, expert en sécurité

Le président du Faso a procédé, hier mercredi 30 juin 2021, à un remaniement ministériel qui a touché les portefeuilles de la Défense nationale et de la Sécurité. Dans cette interview, l’expert en sécurité et chercheur sur les questions sécuritaires liées à l’extrémisme violent et sur la radicalisation, Laurent Kibora, analyse cette nouvelle configuration de l’Exécutif.

Sidwaya (S) : Comment appréciez-vous le remaniement ministériel opéré par le président du Faso ?

Laurent Kibora (L.K.) : J’apprécie positivement ce remaniement qui, si vous regardez de près, est en adéquation avec les cinq axes stratégiques du dernier message du président du Faso à la Nation. A l’occasion, il a promis des changements et je pense que les personnes qui ont été choisies sont adaptées aux défis actuels. Ce sont des personnes dont les compétences et expériences vont être utiles pour relever ces défis.

S : Le chef de l’Etat occupe lui-même le portefeuille de la Défense. Qu’est-ce qui peut expliquer cela ?

L.K. : Ce n’est pas la première fois, que le président du Faso occupe lui-même le portefeuille de la Défense nationale. S’il l’a fait, c’est pour être davantage proche de la situation, afin d’être mieux imprégné de ce qui se passe en vue de prendre les bonnes décisions dans l’intérêt du pays, conformément à sa mission de chef de l’Etat. Cela témoigne davantage de son engagement et de sa détermination à résoudre cette crise, pour que le Burkina Faso puisse continuer son développement dans la sérénité et la durée.

S. : Dans la même lancée, il a nommé un ministre délégué en charge de la Défense nationale, le colonel-major Barthélemy Aimé Simporé. Pourquoi cela, alors qu’il s’était interdit la nomination d’un militaire dans le gouvernement ?

L.K. : Je crois que cette nomination a été une décision sagement murie et qui répond à des impératifs du moment. En écoutant le message du chef de l’Etat à la Nation, il a promis de rétablir la confiance et la coordination dans le commandement. I
l s’agissait aussi de prendre des mesures adaptées à la situation actuelle et de favoriser et créer un climat de collaboration entre la population, les Forces de défense et de sécurité (FDS) et les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP). J’ai eu l’occasion de collaborer avec le colonel-major Simporé. Je connais bien les qualités de l’homme et je sais qu’il jouit de l’estime de la hiérarchie et du respect de la troupe.

Il est aussi imprégné des questions sécuritaires et a un background et une expérience à même de relever ces différents défis. Il est rigoureux, aime le travail bien fait et esr un grand intellectuel. On peut caricaturer le colonel-major Simporé comme un militaire-civil. A mon avis, il est l’homme de la situation parce qu’il remplit tous les critères de la circonstance actuelle. Ses prédécesseurs sont venus dans un contexte où on avait besoin de leurs compétences. Mais le contexte a changé et il fallait de nouvelles compétences adaptées à la situation actuelle.

C’est aussi le cas avec le nouveau ministre de la Sécurité, Maxime Koné, avec qui j’ai collaboré sur des questions sécuritaires et je puis vous dire qu’il aime les challenges. Il est combatif et déterminé, un grand intellectuel qui est imprégné des questions sécuritaires sur lesquels il a même publié un livre en 2020.
Ce qu’il faut faire maintenant, c’est d’aller dans le sens de l’unité nationale autour des personnes choisies. On demande également à ces derniers de s’entourer de personnes qui peuvent être utiles dans ce combat, c’est-à-dire, de mettre les bonnes personnes à la bonne place pour donner des résultats satisfaisants.

S : Le président du Faso n’aurait-il pas pu aussi nommer un policier ou un gendarme au ministère de la Sécurité ?

L.K. : Bien-sûr qu’il aurait pu le faire, mais il s’agit de nommer les personnes adaptées à la circonstance. Même au ministère de la Défense nationale, un civil aurait pu être désigné. Par exemple au ministère de la Sécurité, un « homme de tenue » aurait été mal placé pour résoudre les différentes questions, parce qu’on ne peut pas être juge et partie. En nommant quelqu’un comme Maxime Koné, un imminent expert sur les questions sécuritaire et universitaire, il saura apporter les solutions attendues, corriger les dysfonctionnements à l’interne, re-galvaniser les troupes et s’entourer des collaborateurs qu’il faut.

S : Avec ce remaniement, peut-on s’attendre à une évolution positive dans la lutte contre le terrorisme ?

L.K. : Il y aura une évolution positive sur le terrain, parce qu’il y a des choses en préparation. Je ne peux pas encore en parler, parce que je ne suis pas la personne habilitée à le faire et nous sommes aussi tenus par le secret. Mais avec ces deux nouveaux ministres et ce qui se prépare, je suis certain que les choses vont significativement changer les semaines, voire les mois à venir.

Interview réalisée par
Jean-Marie TOE

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