Respect des mesures-barrières dans l’administration publique: un relâchement « mortel » à Ouagadougou et Koudougou

Le Burkina Faso enregistre une augmentation exponentielle du nombre de cas de nouvelles contaminations de la maladie à coronavirus. Ce rebond a poussé les autorités à maintenir les mesures-barrières édictées depuis le début de la pandémie. Malheureusement, certains agents publics continuent de se comporter comme si la maladie n’existait pas. Constat dans quelques services publics à Ouagadougou et à Koudougou.

De Ouagadougou à Koudougou, la COVID-19 poursuit son petit bonhomme de chemin. Le constat qui se dégage est que les mesures de prévention sont très peu respectées dans les services publics. Entre négligence, oubli et négation même de l’existence de la maladie, des agents publics se comportent comme si de rien n’était. En cette matinée du vendredi 29 janvier 2021, nous arpentons les couloirs du bâtiment abritant les ministères en charge du commerce et des mines. Au beau milieu de la cour, les gens défilent. Certains portent leurs masques, d’autres non. Difficile de savoir qui est visiteur et qui ne l’est pas, puisqu’aucun dispositif de contrôle n’existe à l’entrée du bâtiment. Abdoulaye Ly est seul dans son bureau, les yeux braqués sur son ordinateur. Dans ce service de la direction de la Communication du ministère du Commerce, il assure que les mesures-barrières sont respectées. Mieux, signifie-t-il, le ministre Harouna Kaboré a exigé que ceux qui refusent de porter leurs masques soient interdits d’accès aux services à partir de ce mois de février. Timothée Lankoandé, agent du même ministère, s’offusque de la négligence des agents en matière du respect des mesures édictées par les autorités sanitaires. Il précise que la distanciation physique n’est plus bien suivie par ses collègues. Un avis partagé par Madi Nana, agent au ministère de l’Energie, des Mines et des Carrières, pour qui, le port du masque n’est pas systématique. « Les gens continuent de se saluer avec les coudes ou les poignets alors que ces pratiques sont déconseillées», souligne-t-il, en sus. En dépit du fait que ce ministère ait doté les différents services en gel hydroalcoolique et en masques, certains agents feignent les ignorer. De là, nous mettons le cap sur le ministère de l’Economie, des Finances et du Développement. Dans la plupart des bureaux, les agents ont ôté leurs cache-nez. C’est le cas de Clément Kombélémsigri qui ne daigne le porter que lorsqu’il veut sortir. « On fait l’effort de se protéger », se justifie-t-il. Dans la cour de ce ministère, un groupe d’agents assis à l’ombre d’un arbre devise. Le port du cache-nez semble être le dernier de leur souci. Tout enthousiaste, l’un d’eux, Kalilou Koumbia, assure, malgré tout, que toutes les mesures-barrières sont bien respectées dans ce ministère. Les mêmes comportements sont observables aussi bien au bâtiment administratif qu’au ministère de la Fonction publique, du Travail et de la Protection sociale. Il n’est pas rare de voir des gens parader d’un service à l’autre sans la moindre protection. Dans ces services publics, les visiteurs entrent et sortent à leur guise sans contrôle.
Pour autant, il y en a qui ont pris des initiatives propres en vue d’imprimer une certaine rigueur dans la gestion de cette crise sanitaire. Tel est le cas au service- courrier du ministère de la Communication et des Relations avec le Parlement où le responsable, Moussa Sawadogo, impose le port du masque à ses visiteurs. De façon explicite, ceux qui enfreignent les règles sont purement et simplement refoulés. « Nous n’ouvrons pas la porte du service à un visiteur qui ne porte pas son cache-nez », affirme M. Sawadogo. De plus en plus, il fait tout pour se mettre à l’abri de cette pandémie en essayant, autant que faire se peut, d’éviter les contacts directs avec les documents qu’il reçoit. Pour ce faire, il se protège avec des gants. « Ceux qui ne respectent pas ces mesures mettent en danger la vie de leurs collaborateurs », regrette-t-il. Mariam Daïla, en service au ministère de la Fonction publique, explique qu’elle est asthmatique. De ce fait, elle dit être contrainte, par moments, de se séparer de son cache-nez. «C’est quand j’ai des difficultés à respirer que je m’en débarrasse », relève-t-telle. Par ailleurs, elle atteste que la maladie est bien une réalité au Burkina. Ainsi, elle atteste que des proches testés positifs sont entrés en confinement. « Il appartient à chacun de veiller sur sa propre santé en respectant les gestes-barrières », estime-t-elle.
Autre lieu, mêmes réalités. A l’hôtel administratif de Koudougou où sont logés des directions régionales, l’entrée est libre. Des vigiles postés à la guérite laissent entrer tout le monde. Du respect des mesures-barrières, ils n’en ont cure. Des agents rencontrés au secrétariat de la direction régionale de la Fonction publique reconnaissent qu’il y a eu un relâchement. Pour Eric Compaoré, agent de cette direction, les masques, le savon et le gel font actuellement défaut. Selon ses dires, depuis l’épuisement du premier stock, il n’y a plus eu de dotation à leur endroit. Un groupe d’agents croisé à l’escalier s’en fout pas mal de ces mesures-barrières. Distanciation physique et port du masque sont littéralement violés. M. Compaoré déduit que la plupart des mesures sont peu respectées à l’hôtel administratif de Koudougou. Le directeur régional en charge de la jeunesse, Issouf Zio, dépeint lui aussi une situation peu reluisante, chose qu’il impute au relâchement observé çà et là ces derniers temps. De son avis, des mesures sont prises au sein de son service pour limiter au maximum les risques des contaminations. Il dit avoir reçu des instructions de son ministre allant dans le sens du renforcement des mesures de protection.
En tous les cas, l’administration publique est confrontée à un manque de rigueur dans l’application des mesures-barrières. Les solutions préconisées par les uns et les autres se résument à la poursuite de la sensibilisation afin de ramener tous les agents à se conformer aux règles.

Ouamtinga Michel ILBOUDO
Omichel20@gmail.com

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