Respecter le jeu démocratique

L’heure n’est plus au repos pour les partis politiques burkinabè en course pour la conquête du pouvoir d’Etat. A cinq mois des élections présidentielle et législatives, c’est la grande mobilisation dans les états-majors des formations politiques, en vue de peaufiner les stratégies susceptibles de déjouer les pièges des adversaires. Il n’y a donc plus de temps à perdre et tous le savent, surtout que le coronavirus a négativement impacté les calendriers des formations politiques.

Après plus d’un trimestre d’inaction, il faut combler le vide pour se donner plus de chance de se faire une place au soleil au soir du scrutin du 22 novembre 2020. Dans cette course au pouvoir, comme c’est le cas le plus souvent en Afrique, certains partis s’adonnent à des pratiques non conventionnelles telles que la corruption électorale, le trafic d’influence et autres méthodes aux antipodes de la démocratie.

L’actualité politique nationale n’est pas avare en exemples en la matière. Rien que la semaine dernière, des faits de supposée corruption électorale ont été relayés dans la presse. En effet, dans le cadre de la révision des listes électorales, des individus ont été interpellés par la gendarmerie. Ils sont soupçonnés d’organiser le transport de personnes, de la capitale à Ziniaré, en vue de leur enrôlement en tant qu’électeurs. Une situation qui a suscité une réaction de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).

Dans un communiqué, la commission en charge des élections a condamné ces actes et rappelé à leurs auteurs les sanctions prévues par la loi. Le parti mis en cause, le Nouveau temps pour la démocratie (NTD), a aussitôt réagi en réfutant toute idée de fraude. Pour son président, Vincent T. Dabilgou, il s’agissait plutôt question d’une activité visant à convier les femmes originaires de Ziniaré à une réunion du parti, et par ailleurs permettre à celles qui remplissent les conditions prévues par la loi, de s’enrôler.

L’opposition politique a, au cours de son point de presse hebdomadaire, aussi condamné ces « actions frauduleuses ». Elle a, en outre, déploré un fait similaire qui se serait également déroulé à Boussé, où des militants de l’opposition ont aperçu des cars transportant des étudiants pour l’enrôlement. Ces deux cas, s’ils s’avèrent fondés, constituent des prémices d’une remise en cause du jeu démocratique à l’orée des élections de novembre 2020. Ils peuvent être sources de contestation et ou de crise pré ou post-électorale. La justice doit tirer au clair ces affaires, afin d’éviter une autre crise.

Abdoulaye BALBONE

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