Secteur des transports : Une reprise timide

Le premier responsable de l’OTRAF à la gare routière, Boukaré Zoungrana, a déploré les conséquences néfastes de la suspension des activités.

Après plus d’un mois de suspension du fait du COVID-19, les transports interurbains, périurbains et ruraux ont repris hier, mardi 5 mai 2020, sur toute l’étendue du territoire national. Une certaine timidité a été constatée au premier jour de cette relance sous conditions.

Le transport interurbain, périurbain et rural suspendu, depuis le 23 mars 2020, du fait de la pandémie du coronavirus est effectif. Il a, officiellement, repris du service mais, dans la timidité, hier mardi 5 mai 2020, au Burkina Faso, sur la base du protocole d’accord signé, le 30 avril 2020, entre l’exécutif et les acteurs de transport.

Cette reprise, constatée à la gare routière (Patte-d’oie), au terminal de la compagnie STAF à Ouagadougou, à la gare de taxis et dans les points d’attente des bus de la Société de transport en commun (SOTRACO), est bien réelle.

A la gare routière où les voyages sont permanents, les dispositifs de lavage de mains à l’entrée tout comme à l’intérieur ont été placés, mais certains les contournaient malgré l’œil « bienveillant » du deuxième vice-président de la gare, Mahamadou Ouédraogo. Celui-ci a soutenu que les autres mesures barrières, notamment la réduction du nombre de places (pour la plupart des cars de 25 places appelés communément Dina) et le respect de la distanciation vont être scrupuleusement suivies même sur la route du voyage.

Pour ce qui concerne les passagers ou les personnes ayant échappé au lavage des mains et ne portant
pas de cache-nez, après une fouille «mintieuse », selon M. Ouédraogo, ils seront rappelés à l’ordre. « Il y va de la santé de tous, que de respecter les mesures barrières convenues avec tous les acteurs de transport en commun », a-t-il ajouté. La gare routière n’a pas draîné beaucoup de voyageurs au premier jour de la reprise des services de transport.

Des passagers parmi lesquels deux vieilles femmes, ont confié, partir à Garango dans la région du Centre-Est, pour saluer des funérailles. Quant à l’enseignant du primaire, Zourkanaïl Noungou, en attendant le début des cours, il a laissé entendre qu’il rejoint son poste à Ziou dans la région du Centre-Sud où il sert depuis 2015.

Des chauffeurs des axes Ouagadougou-Pô-Dakola, Hamidou Tiendrebéogo et Issouf Sourabié ont exprimé leur joie face à la levée de la suspension de leurs activités. Ils ont, de ce fait, loué la reprise en rappelant à leurs confrères leur rôle essentiel dans la limitation de la propagation de la pandémie. Les transporteurs, leurs patrons, disent avoir tiré le diable par la queue pendant plus d’un mois.

C’est le cas du premier responsable de l’Organisation des transporteurs routiers du Faso (OTRAF) à la gare routière, Boukaré Zoungrana, détenteur de près de 24 « Dinas » qui empruntent les « corridors » Ouagadougou-Manga-Zabré et Ouagadougou-Kombissiri. A ses dires, la relance du transport est salutaire, mais il dit avoir vécu dans une précarité sans précédent tout au long de la période de « confinement ».

« Les conséquences sont l’expiration des assurances avec zéro profit durant tout ce temps, sans oublier le cumul financier que je dois payer. Il y a, aussi, les arriérés de salaires que je dois à mes employés », a-t-il indiqué.

Autre lieu, même réalité

Le responsable de STAF, Iliassa Ouédraogo : « Nous espérons relever les défis ».

Cette situation de morosité a marqué également la reprise des activités de voyage dans les terminaux de la compagnie de transport en commun, STAF, près de quarante jours après leur suspension. A son terminal du quartier Larlé, l’un des responsables de la compagnie, Iliassa Ouédraogo, invoquait toujours la clémence et la sagesse divines pour avoir des voyageurs comme autrefois.

Assis dans la salle d’attente, ces derniers se comptant du bout des doigts attendaient l’embarquement après avoir été contrôlés et s’être soumis au lavage des mains au gel hydroalcoolique. Toutefois, M.Ouédraogo, nonobstant cette timidité, a dit espérer relever les défis pour essayer de rattraper le retard.

« Nous allons renouer avec l’organisation d’avant concernant les horaires et améliorer nos prestations à la clientèle tout en respectant les mesures édictées», a-t-il assuré. Et de renchérir qu’il y a un dispositif de veille pour le respect de ces mesures.

L’un des passagers à destination de Gourcy, professeur d’éducation physique et sportive qui a requis l’anonymat, en a attesté. Il a affirmé avoir suivi le contrôle depuis l’entrée en passant par la vérification du port du cache-nez et le lavage des mains, avant de se procurer un ticket. Le chef de gare de Larlé, Hamidou Traoré, a, pour sa part, appelé tous les employés de sa structure à être des points focaux pour la considération des conditions de lutte contre le COVID-19 instaurées.

Le transport périurbain n’est pas en reste dans cette relance conformément aux clauses de l’accord. A la gare de taxi, le taximan Frédéric Bama et ses camarades ont respecté le protocole. « Les langues qui ont dit que les taxis ont repris du service bien avant la date officielle sont mauvaises », a-t-il martelé.

Mais, des conducteurs de taxis ne sauraient démentir l’augmentation du prix de transport à Ouagadougou qui passerait désormais de 300 à 500 F CFA. Car, Mariam Ouédraogo, 40 ans et mère de quatre enfants, en attente du bus pour se rendre à la commune rurale de Saaba, a confié avoir payé 500 F CFA pour le trajet gare de STAF-arrêt du bus. Au-delà de la relance des activités, il y a, après des observations, nécessité de renforcer les dispositifs dans tous les terminaux de transport.

Boukary BONKOUNGOU

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