Sénégal : douze mois de prison requis contre 4 sages-femmes accusées de « non-assistance à personne en danger »

Des manifestants à Dakar, au Sénégal - Copyright © africanews CARMEN ABD ALI/AFP

Six sages-femmes sénégalaises sont devant la justice de leur pays depuis hier jeudi 5 mai pour « non-assistance à personne en danger », parce qu’une femme enceinte de 9 mois, Astou Sokhna, est décédée en couches à l’hôpital de Louga à environ 200 km de Dakar.

Alors que le procureur a demandé une application « bienveillante » de la loi et requis la peine de douze mois de prison dont un mois ferme pour quatre sages-femmes et la relaxe pour les deux autres, les avocats du mari et de la mère de la victime, au contraire, ont demandé un jugement « pour l’exemple ».

« Astou Sokhna souffrait de douleurs terribles, puis des difficultés respiratoires et personne n’est venu la voir entre 17h et 22h. Hippocrate n’est pas hypocrite », a lancé l’un des avocats des plaignants en référence au serment des soignants pour protéger les patients.

« Les propos dégradants dans les maternités du Sénégal, ça suffit », a renchéri un autre avocat des parties civiles, qui a appelé les sages-femmes du pays à faire leur introspection « pour changer leur comportement et faire preuve d’humanisme ». La famille de la défunte dénonce des négligences du personnel de la maternité.

Mais pour la défense, ces poursuites sont injustes. Selon leur avocat, elles se sentent elles aussi victimes et affirment avoir suivi le protocole médical pour la prise en charge de la victime.

Agée d’une trentaine d’années, Astou Sokhna est décédée quelques heures après son arrivée dans ce centre de santé alors qu’elle a demandé en vain une césarienne. Selon des sources locales, le personnel de l’établissement aurait refusé sa requête et menacé de la chasser si elle insistait.

Cette tragédie a ému tout le Sénégal et provoqué un tollé dans le pays avec une avalanche de témoignages sur des cas similaires. Des organisations ont lancé une pétition et tenu des manifestations pour réclamer justice.

Mais de leur côté, l’Association nationale des sages-femmes du Sénégal, qui est mobilisée pour soutenir ses collègues, ainsi que plusieurs syndicats de professionnels de santé ont lancé un nouveau mot d’ordre de grève pour marquer leur solidarité.

Sidwaya.info

Source : africanews.com et rfi.fr

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