Situation nationale : Des services publics fonctionnent au ralenti

Le bâtiment administratif ne grouille pas de monde comme les autres jours.

Après les tirs des militaires et la situation confuse à Ouagadougou la veille, plusieurs services administratifs ont fonctionné au ralenti. Sidwaya a fait, le lundi 24 janvier 2022, le constat dans certaines administrations de la capitale.

Il est 11 heures 40 minutes à l’hôtel administratif à Ouagadougou, hier lundi 24 janvier 2022. Les parkings réservés aux engins à deux ou quatre roues devant le gigantesque immeuble qui regroupe plusieurs ministères sont quasi-vides. Seuls quelques véhicules à usage personnel sont stationnés sous les hangars. Un agent en service à l’hôtel administratif confirme avoir fait le même constat depuis le matin.

« J’ai constaté que les parkings qui sont d’habitude bondés étaient vides. Jusqu’à cette heure, pratiquement à 12h, il n’y a pas d’affluence », précise-t-il. Cependant, l’agent reconnait avoir aperçu quelques collègues. A son avis, certains ont appelé pour savoir la conduite à tenir. « Ils disent avoir entendu des tirs dans leurs quartiers et ont préféré rester à la maison pour ne pas s’exposer », ajoute-t-il. Pour se rendre au service, l’agent soutient avoir fait plusieurs détours car les voies qu’il a l’habitude d’emprunter sont fermées.

A l’entrée du bâtiment abritant le ministère de la Communication, des Relations avec le Parlement, de la Culture, des Arts et du Tourisme et celui de la Transition digitale, des Postes et des Communica-tions électroniques, des agents de la Compagnie républicaine de la sécurité (CRS) veillent au grain. Devant notre sollicitation d’accéder aux locaux pour nous s’imprégner du fonctionne-ment des services, un agent de sécurité nous rétorque que les services sont quasi-vides avant de nous demander de patienter le temps de se référer à sa hiérarchie.

Quelques minutes plus tard, le feu vert est donné. A l’intérieur, un calme plat règne au niveau de l’aile abritant le ministère en charge de la communication et celui des Postes et des Communications électro-niques. Au département chargé de la communica-tion, plusieurs services sont fermés, excepté quelques agents qui trainent encore dans les couloirs et d’autres qui s’attellent à évacuer les affaires courantes.

C’est le cas de cet agent au service de la commande publique qui a requis l’anonymat. « Je suis venu travailler la peur au ventre, car nous avons des instances à gérer. Il est difficile de travailler dans la sérénité surtout que rien n’est clair au niveau de la situation nationale », avance-t-il. Un autre fonctionnaire en service au cabinet du ministre en charge de la communication semble plus serein. Il confie être venu au service à 7 h30 et compte rentrer à 15 heures.

Le Trésor public fermé

« Nous sommes obligés d’attendre pour gérer des urgences », relève-t-il tout en souhaitant que la paix revienne au pays des Hommes intègres. A la Direction des services informatiques (DSI), cinq agents sont réunis autour d’un poste téléviseur. « Nous travaillons tout en suivant l’évolution de la situation nationale. Notre souhait est de la voir se normaliser », soutient un agent du groupe. Un directeur au ministère en charge de la communication qui a aussi gardé l’anonymat affirme que l’absence de bon nombre d’agents est due au contexte national confus.

« Ce matin, nous avons trouvé les bureaux presque vides. Quelques agents étaient-là. Certains sont venus mais ils sont partis sans attendre les heures de descente. On peut dire que l’administration est au ralenti ce matin », déclare-t-il. Youssouf Bouda est agent à la direction des ressources humaines au ministère en charge de la communication. Il dit être également venu le matin au service mais n’a trouvé personne.

« Il y a une collègue qui m’a appelé pour savoir ce qui se passe. Je lui ai répondu que la situation est morose. Chacun a décidé de rentrer chez lui », avoue-t-il. Ernest Kader Kaboré est secrétaire au ministère de l’Energie, des Mines et des Carrières, logé également au sein de l’hôtel administratif. Il dit être venu au travail mais il a aussi constaté que certains de ses collègues sont déjà partis à cause de la situation confuse du pays.

« J’image qu’ils sont rentrés par peur. Nous ne savons pas ce qui peut se passer d’une minute à l’autre. J’attends midi pour rentrer. Présentement, je n’ai rien à faire. Plusieurs services sont fermés », déclare-t-il. Les bureaux des autres départements ministériels tels que la solidarité nationale, l’habitat, les sports sont aussi vides et fermés.

A la direction générale du Trésor et de la Comptabilité publique, les guichets sont restés fermés. Seuls des vigiles assurent la sécurité des lieux. A quelques jets de pierre du Trésor, des badauds rassemblés sont admiratifs de l’arsenal militaire déployé devant la Télévision nationale du Burkina. Les parkings des ministères bordant l’avenue de l’Indépendance sont vides. Les locaux du Tribunal de grande instance de Ouagadougou (TGI Ouaga I), à côté du Commissariat central de police, sont également restés fermés.

Abdoulaye BALBONE

Timothée SOME

timothesom@yahoo.fr

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