SNC 2023 :L’Afrique de l’Ouest en miniature sur le site du village artisanal

Carquois en bandoulière et arc en main, Dr Babiné Kanwé est le responsable de la délégation de la commune rurale de Boura.

Le Village des communautés, autre activité phare de la Semaine nationale de la culture (SNC), abrite plusieurs communautés sur le site du village artisanal de Bobo-Dioulasso. Différentes cultures burkinabè et d’autres pays d’Afrique subsaharienne y sont représentées dans une atmosphère empreinte de convivialité.

A 10h30, ce mercredi 3 mai 2023, l’affluence est encore timide au village artisanal de Bobo Dioulasso où les différentes communautés présentes à la Semaine nationale de la culture (SNC) ont pris leur quartier. Mais il n’y a pas d’heure pour savourer le dolo chez les Sissala (membre du groupe de famille Gourounsi). Deux visiteurs, calebasses en main, ne boudent pas le plaisir du liquide rouge servi par Sophie Nadié, originaire de Boura pour exposer différents pans de la culture Sissala à cette biennale de la culture : Balafons, têtes de masques, guitare traditionnelle, carquois, arcs… sont disposés dans ce stand situé à gauche tout juste à l’entrée du village des communautés. Dr Babiné Kanwé, responsable de la délégation de la commune rurale de Boura est satisfait du déroulement des événements jusque-là. Présent depuis l’ouverture, le 30 avril 2023, il apprécie particulièrement la mise en place de ce cadre qui permet de renforcer la cohésion sociale.

La communauté nigériane est representée dans ce village avec des objets de parure

Sambla, Bwaba, Vigué, Dagara, Djan, Tiéfo, Dioula, etc. sont présents ici avec des spécificités de leurs cultures. Les forgerons Dioula Bamadou Kéita et Siaka Traoré, originaires de Sidéradougou dans la région des Cascades sont présents avec de la sculpture en bronze beaucoup prisée par les touristes ainsi que des pagnes Koko Dunda et Bogolan. Leurs voisins de droite sont des « esclaves » du Sud-Ouest, précisément de Nakô, avec des instruments traditionnels de la culture Lobi et des cauris. Ce dernier objet est beaucoup présent dans la culture des communautés du Sud-Ouest, notamment dans la conservation des corps, si l’on en croit les explications de Djedoua Walia de Diébougou. En badigeonnant de la poudre de cauris mélangée à d’autres substances sur un défunt, son corps restera intact même cent ans après, assure-t-il.

La jeune élève Angèle Soulama apprend des pas de danse de la communauté Gouin.

Tout près de son stand, Angèle Soulama, élève en classe de 3e et de culture Gouin, a attaché une ceinture traditionnelle autour de la taille et esquisse des pas au rythme d’une musique de noces de son terroir, guidée par le vieil Ange Achille Hema qui lui explique le concept et les différents objets liés au rite du mariage dans la communauté Gouin.

Un peu plus loin, Ardiata Sako née Ouattara de Lôgôfourousso propose du tô à base de petit mil, accompagné de sauce Kri Kri et de chenille de Karité. Des mets de la culture Bôbô Mandarê.

Plusieurs communautés d’Afrique de l’Ouest, à l’instar de la Côte d’Ivoire représentée par Valérie Ameyaho, ont des traits culturels communs.

La communauté peuhle est présente juste à côté. Du lait, du gappal, du bassi (couscous de mil), du dêguê… sont exposés dans des calebasses remplissant le stand. Petite particularité les représentants entretiennent de la parenté à plaisanterie au sein même de la communauté en fonction de leur origine. Kadidja Diallo Djawali, se présentant comme une peuhle-mossi se joue de Abibata Diallo Hégué, une peuhle-samo. Il y a des peuhles dans tous les endroits de la terre, assurent-elles. « Tout endroit où il n’y a pas de peuhle n’est pas intéressant », indique Kadidja.

Le village des communautés héberge aussi des représentants d’autres pays. Bien que né à Nouna depuis 1957 et résidant à Bobo, Lawrdjou Massoudi n’a pas rompu les liens avec son pays d’origine, le Nigéria. Le responsable de la communauté nigériane de Bobo-Dioulasso expose notamment des perles, des produits de parure et de médecine traditionnelle nigériane.

Adeline Nadlengar du Tchad se prépare déjà pour la prochaine SNC. La communauté tchadienne n’a pas eu le temps de faire venir des produits traditionnels relatifs aux différentes ethnies du Tchad compte tenu des délais de route. « Avec les différents reports, nous n’avons pas eu le temps nécessaire de bien nous préparer », indique-t-elle. Le Tchad est tout de même bien présent avec des produits agroalimentaires et cosmétiques.

Cadre d’exposition des spécificités culturelles, le village des communautés permet également de noter les similitudes. Un coup d’œil dans les différents stands de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, de la Guinée permet de relever, notamment, que le pagne tissé (appeler Faso Danfani au Burkina), la teinture Bôgôlan, le boubou… sont des traits culturels communs aux populations de l’Afrique de l’Ouest.

Fabé Mamadou OUATTARA

Laisser un commentaire