Statut de héros de la Nation: une loi adoptée pour magnifier les actes de bravoure

Après amendement de l’article 12, le projet de loi portant statut de héros de la Nation a été validé par les députés de l’ALT avec 57 voix sur les 70 votants.

La séance plénière de l’Assemblée législative de Transition, du vendredi 17 juin 2022, à Ouagadougou, a adopté le projet de loi portant statut de héros de la Nation qui avait été reporté à cause de l’article 12.

Le Burkina Faso dispose désormais d’une loi sur le statut de héros de la Nation. En effet, les députés de l’Assemblée législative de Transition (ALT) ont adopté, le vendredi 17 juin 2022, à Ouagadougou, en séance plénière, le projet de loi portant statut de héros de la Nation. Renvoyé, le vendredi 10 juin dernier, pour être réexaminé en commissions à cause de l’article 12, ce projet de loi dont les autres articles avaient été discutés a été approuvé par 57 voix sur les 70 votants.

Deux députés ont voté contre et onze autres se sont abstenus. Un député était absent à la plénière. Mais avant la validation du texte, les débats sur l’article 12, notamment sur la date de référence de la loi à adopter et les mots personnage et personnalité ont été « houleux ». Si certains sont pour 1919 tel que proposé, après réexamen par la Commission du genre, de la santé, de l’action sociale et humanitaire (CGSASH) de l’ALT, d’autres sont pour 1960 comme date de référence. Et chaque camp n’a pas manqué d’arguments pour faire prévaloir sa position.

Pour la présidente de la CGSASH, Edwige Ninon Sankara/Yaméogo, la loi doit s’appliquer à compter de 1919 en incluant un autre alinéa pour prendre en compte les personnes qui se sont révélées avant cette date avec des actes exceptionnels ; peuvent être reconnues comme héros de la Nation. A son avis, c’est à partir de cette date que le Burkina Faso a été constitué comme territoire.

« En plus, nous pensons qu’il faille aller au-delà pour voir qu’à partir de cette date, les populations ont une histoire commune et se sont senties appartenir à un territoire bien déterminé avec des valeurs culturelles bien diverses, certes des valeurs culturelles qui nous ont amenés à défendre ce que nous pouvons considérer comme notre territoire », a-t-elle argumenté. Le président de l’ALT, Pr Aboubacar Toguyeni, qui a confié avoir requis l’avis d’historiens a aussi plaidé pour le vote du projet de loi avec la date de 1919.

Une victoire de la démocratie

Saisie pour avis, la Commission des affaires générales, institutionnelles et des droits humains (CAGIDH) est contre la date de 1919. Aux dires de son président, Ousmane Bougouma, la CAGIDH propose la date de 1960 pour trois raisons : historique, symbolique et juridique. « C’est au regard de toutes ces raisons que notre commission a soutenu un amendement à savoir, partir de 1960 », a-t-il soutenu. N’ayant pas trouvé de consensus et conformément au règlement intérieur de l’ALT, un vote a été organisé sur l’amendement proposé par la CAGIDH. Le résultat a donné 22 députés pour, 13 abstentions et 35 contre. L’amendement proposé par la CGSASH a été validé. Ainsi, l’article 12 adopté stipule : « La présente loi s’applique pour compter de 1919.

Toutefois, des personnes qui se sont révélées par des actes exceptionnels dans les circonstances antérieures à 1919 peuvent être reconnues comme héros de la Nation, conformément à la présente loi ». Le gouvernement représenté par le ministre de la Solidarité nationale et de l’Action humanitaire, Lazare W. Zoungrana et celui du Genre et de la Famille, Salimata Nébié/Conombo, a félicité les députés qui ont accepté voter le projet de loi malgré les discussions houleuses. Pour le ministre Zoungrana, c’est la démocratie qui a gagné. « Nous pensons que l’application de cette loi va être vraiment profitable aux Burkinabè qui se sont illustrés de façon particulière.

Ces personnes-là seront reconnues comme héros de la Nation. C’est cela qui est recherché par le gouvernement », a-t-il indiqué. Il a promis qu’après sa promulgation, la loi portant statut de héros de la Nation sera vulgarisée auprès des populations. « Comme d’ailleurs, les autres lois, ce qui est important, c’est de faire en sorte que les populations puissent connaitre le contenu de cette loi qui demande la participation de tout le monde pour nous permettre d’atteindre les objectifs pour lesquels ces lois ont été soumises à l’ALT pour examen et adoption », a-t-il conclu.

Timothée SOME

timothesom@yahoo.fr

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