Submersion du pont Nazinon : une opportunité d’affaire pour des riverains

Voilà comment on fait sortir les engins à deux roues. © : Issa Compaoré pour Sidwaya.info

La grosse pluie qui s’est abattue sur plusieurs régions du Burkina Faso dont le Centre et le Centre-ouest, le lundi 12 septembre 2022, a submergé le pont Nazinon sur la route nationale n°6 reliant Ouagadougou-Sapouy-Léo-frontières du Ghana rendant difficile la traversée aux usagers à cet endroit. De quoi faire germer des idées d’affaires à certains habitants.

La pluie du lundi 12 septembre dernier a causé des désagréments aux usagers de la route nationale n°6 reliant Ouagadougou-Sapouy-Léo-frontières du Ghana. Le pont Nazinon situé sur cet axe a été submergé d’eau.

Sans le secours des jeunes riverains, certains usagers n’ont aucun courage d’affronter l’eau. © : Issa Compaoré pour Sidwaya.info

La police avait alors interdit le passage aux usagers au regard de la hauteur d’eau qui atteignait de plus d’un mètre.

Dans la journée du mardi 13 septembre 2022, les eaux avaient déjà diminué mais ne permettaient toujours pas aux usagers de franchir la chaussée sans danger. C’est ainsi que les riverains ont décidé de voler au secours des usagers moyennant une certaine somme.

Le trafic a donc repris son cours normal avec le concours des riverains qui permettait aux voyageurs de pouvoir traverser les eaux quel que soit le moyen de locomotion utilisé.

Pour les véhicules, le taux fixé est de 5 000 F CFA, excepté les grands négociateurs qui parvenaient à payer moins. Quant aux engins à deux roues, le montant de la traversée est de 2 000 F CFA.

Selon ce transporteur ralliant la ligne Poura-Léo-Sapouy-Ouaga, la promptitude des riverains à secourir les usagers est très bien même si on doit payer.© : Issa Compaoré pour Sidwaya.info

Du coup, cette submersion du pont du Nazinon a suscité en quelques jours une  »ruée vers l’or’’ dans le village de Rakaye au niveau de ce pont appelé pont Kassini à une soixantaine de kilomètres de Ouagadougou. Au moins une cinquantaine de jeunes étaient là, constitués en groupes pour secourir les usagers et l’argent récolté se partageait entre les membres.

Amidou Diallo fait partie d’un groupe et depuis le début de cette situation, il est à la manœuvre dans les eaux pour aider les usagers à traverser.

A notre passage, le vendredi 16 septembre dernier, il dit avoir encaissé au moins 15 000 F CFA.

Amidou Diallo, un « jeune secouriste » dit avoir déjà empoché au moins 15 000 FCFA. © : Issa Compaoré pour Sidwaya.info

Selon lui, ce n’est pas une bonne affaire pour les usagers qui sont obligés de débourser quelque chose avant de franchir le pont. Mais à l’en croire, pour les jeunes qui ne faisaient rien en cette période, gagner de l’argent en aidant les usagers à sortir des eaux est une bonne chose.

« En tous les cas, nous souhaitons que cela prenne fin, car il peut y avoir un drame si les eaux continuent à venir », a-t-il indiqué.

Une aide saluée par les usagers

Usager de la route et originaire de Sapouy, Salif Sawadogo qui revenait de la capitale se retrouve face à l’eau et se voit obligé de payer 1 500 F CFA après négociation pour faire transporter son engin, non sans le guider à rejoindre le côté opposé de la route.

Selon Salif Sawadogo, un usager de la route, le secours apporté par les riverains est très précieux car ils « nous aident à éviter une éventuelle noyade précise ». © : Issa Compaoré pour Sidwaya.info

« Le secours que nous apportent les riverains est précieux, car ils aident les usagers de la route à éviter une éventuelle noyade », précise Salif Sawadogo.

Un transporteur ralliant la ligne Poura-Léo-Sapouy-Ouaga et qui n’a pas accepté décliner son identité trouve que la promptitude des riverains à secourir les usagers est très bien même si c’est payant.

« Ils connaissent bien le terrain et cela nous permet de sortir de l’eau sans grande peur. Avec mon mini car, j’ai payé 3 000 FCFA pour qu’ils me poussent à sortir et voilà que tout s’est bien passé. Je crois qu’ils font œuvre utile », reconnait-il.

A côté des « jeunes secouristes », des femmes et jeunes filles de la localité ont mis elles aussi le pied dans la danse en venant vendre de quoi manger.

Les femmes sont sur le site pour vendre de quoi manger. © : Issa Compaoré pour Sidwaya.info

Aicha Tiendrébéogo, présente sur les lieux pour vendre des arachides, confie que l’eau a surpris tout le monde et comme certains usagers, surtout les premiers jours, étaient obligés de rester pendant des heures sur place, elles ont trouvé l’idée de vendre de la nourriture pour gagner un peu d’argent.

François KABORE

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