Tchad : un hypothétique dialogue !

Le Dialogue national inclusif au Tchad va-t-il se tenir ? Cette question retient l’attention, tant la machine a du mal à prendre. Initialement prévues le 15 février dernier, ces assises avaient été ramenées au 10 mai 2022, date qui n’a pas non plus tenu, à cause d’un certain nombre de difficultés. Les divergences autour du pré-dialogue, ouvert le 13 mars dernier à Doha au Qatar, semblent boucher l’horizon. Il a fallu, d’abord, surmonter des problèmes de logistique et de coordination pour tenir le pré-dialogue qui, après coup, piétine. Cette rencontre, censée définir les conditions préalables à la tenue du dialogue national, peine à produire l’effet escompté, à cause des divergences.

Dès l’entame des travaux du pré-dialogue, le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), groupe rebelle accusé d’avoir tué l’ancien président Idriss Déby Itno, avait claqué la porte. En avril dernier, un autre groupe politico-militaire, le Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (CCMSR), en fait autant. Ces deux entités soupçonnent la junte militaire de ne pas jouer franc-jeu, en invitant de faux opposants au pré-dialogue, dans l’optique de faire peser les décisions à prendre en sa faveur. Elles reprochent également au Conseil militaire de Transition (CMT) de vouloir gagner du temps sur le terrain militaire, le temps des pourparlers de Doha. Alors que le président de la Transition .

On le voit, l’heure n’est pas vraiment au rassemblement à ce pré-dialogue qui est bloqué depuis la fête du Ramadan. A Doha, la cinquantaine de mouvements politiques et rebelles et les militaires au pouvoir n’arrivent pas à s’accorder sur deux principaux points, la refonte de la charte de Transition et celle de l’armée tchadienne. La junte, à en croire certaines indiscrétions, ne veut pas s’engager sur ces questions, ce qui n’est pas du goût de ses vis-à-vis. Dans ces conditions, il sera difficile pour les Tchadiens d’asseoir un dialogue digne de ce nom et de se projeter dans l’avenir. Tout se tient. Si le pré-dialogue n’aboutit pas à des conclusions consensuelles, il faut remiser le dialogue national inclusif au placard. Des préalables requérant l’assentiment des parties prenantes sont nécessaires, avant la tenue de concertations nationales. Rien, en tout cas pas pour le moment, ne nous dit que le pré-dialogue va être un succès, même si on le souhaite vivement. Le Tchad, pays qui n’a connu que des coups d’Etat et des guerres civiles, en a besoin pour rompre avec son passé trouble. Trop de sang a coulé dans ce pays.

Trop de vies ont été détruites dans ce pays qui caracole en bas du tableau du développement à l’échelle planétaire, à cause des crépitements routiniers des armes. Ceux qui connaissent bien le Tchad peuvent témoigner. Ce pays n’est-il pas classé 187e place sur 189 pays, dans le rapport sur le développement humain 2020 du PNUD ? La situation socio-économique du Tchad est loin d’être reluisante. Ses filles et fils ont plus que jamais besoin de se réconcilier, pour le bien de leur Nation et pour leur propre épanouissement. Les Tchadiens ont réussi à démontrer, à la face du monde, leur maturité, après la mort du président Idriss Deby Itno. Contrairement aux pronostics des oiseaux de mauvais augure, ils ont démontré que le chaos pouvait être évité. Ils doivent également prouver qu’ils sont capables de se parler et de s’entendre autour de l’essentiel pour changer le visage de leur chère patrie.

Kader Patrick KARANTAO

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