Terrorisme : l’anticipation ghanéenne

Conscient que la menace est à ses portes et prenant en compte les alertes sur l’expansion du terrorisme dans les pays du golfe de Guinée, le Ghana joue la carte de l’anticipation. Les autorités ont compris, que ce qui se passe chez les voisins burkinabè et ivoirien peut leur arriver. De ce fait, les initiatives se multiplient pour parer à toute éventualité. Pays anglophone n’ayant aucun accord de coopération militaire avec la France qui est très présente au Sahel dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, le Ghana a décidé de faire bénéficier à ses militaires, l’expérience française en matière de lutte antiterroriste. Des éléments français basés au Sénégal ont récemment séjourné en terre ghanéenne pour partager leur savoir-faire avec leurs frères d’armes du pays de Kwame Nkrumah.

Avec pour but de leur permettre de savoir mieux contrer la menace terroriste dans la sous-région. Ce début de coopération en matière de défense est né après la visite du président ghanéen, Nana Akufo-Addo, à Paris, en 2019. Séduit par le professionnalisme des militaires français lors de la libération des otages du parc de la Pendjari dans le Nord du Bénin en 2019, Nana Akufo-Addo a profité de son séjour parisien pour signer une lettre d’intention afin de démarrer une coopération dans ce domaine avec la France. En 2021, cela est devenu une réalité. Bien avant cela, en mai 2017, le Ghana et ses voisins francophones que sont le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et le Togo avaient mis en place l’initiative d’Accra pour renforcer leur coopération en matière de lutte contre le terrorisme. A cela s’ajoutent, les concertations avec les organisations communautaires pour peaufiner des stratégies autres que celles militaires afin de prévenir la contagion du fléau terroriste.

L’on peut dire que le Ghana a fait la meilleure option, en anticipant pour mieux se préparer à la guerre asymétrique que livrent les terroristes aux armées nationales. Car il faut bien prendre les précautions idoines pour empêcher le mal de s’installer. L’amère expérience que vivent les pays du Sahel face aux groupes terroristes est assez édifiante pour inspirer le voisin anglophone. «La montée du terrorisme est une menace qu’il faut anticiper. On aimerait ne jamais y être confronté, mais en tant que militaires, il faut s’entraîner dur pour être prêts et si cela arrivait ici, pour être capables de défendre notre nation et notre peuple », affirme un sergent-chef des forces armées ghanéennes qui a pris part à la formation donnée par les militaires français.

Aujourd’hui, les pays du Sahel confrontés au terrorisme éprouvent toutes les difficultés pour l’extirper, parce qu’il a eu le temps de bien s’incruster dans les limbes des territoires où sévissent les groupes terroristes. N’ayant pas encore subi une attaque terroriste sur son sol, le Ghana a pris une longueur d’avance pour savoir affronter l’ennemi au cas où il s’aventurerait sur son territoire. Face aux potentiels dangers qui guettent nos Etats, il faut savoir anticiper pour ne pas avoir à courir après des solutions palliatives. En matière de prévention contre la menace terroriste dans le golfe de Guinée, le Ghana est en train de donner un bel exemple. Car, comme on le dit, gouverner, c’est prévoir. Ce voisin anglophone mérite d’être salué non seulement pour l’exemplarité de sa démocratie, mais aussi pour la qualité de sa gouvernance. Un cas d’école qui démontre à souhait que l’alternance démocratique est susceptible d’améliorer un tant soit peu la gouvernance d’un pays.

Karim BADOLO

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