Test de covid-19 dans l’UEMOA : L’exception béninoise

Suite à une délibération des chefs d’Etats, le test de covid-19 coûte désormais 25 000 F CFA, contre le double auparavant, dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Cette décision est entrée en vigueur depuis mai 2021, au même titre que celle garantissant la reconnaissance mutuelle des résultats du dépistage du coronavirus, dans la plupart des Etats membres.   Sauf au Bénin !

Aéroport International « Cardinal Bernardin Gantin » de Cotonou, vendredi 30 juillet 2021. Il est 14 h 05 minutes. L’avion de la compagnie Air Burkina, qui nous transporte depuis Ouagadougou avec escale à Lomé, vient d’atterrir au pays du vodou, cette religion de l’ancien royaume du Dahomey. Le temps est plutôt clément. La température affiche 26°C, dans ce pays côtier de 11, 8 millions d’habitants, selon un recensement de 2019.  Elle tranche avec l’« écrasante » chaleur constatée habituellement à cette heure à Ouagadougou. Un accueil chaleureux nous est réservé au pied de l’appareil, un Embrayer 175.  Nous répondons à une invitation pour participer à la célébration de la Fête nationale du Bénin, le 1er août. Un membre du salon d’honneur nous conduit immédiatement vers les chapiteaux géants climatisés dressés à l’aéroport, pour les tests PCR Covid-19. C’est un passage obligé, pour tout voyageur venant d’arriver sur le territoire béninois. La crise sanitaire est loin d’être finie et tous les Etats, moins ou plus touchés, restent vigilants. A la date du 26 Juillet 2021, le Bénin comptait 8394 cas confirmés, 8136 guéris et 108 décès, selon le ministère de la Santé.  Sous les chapiteaux de test PCR, le voyageur fraichement arrivé tombe des nues. Première surprise : les agents de santé ne prennent pas le temps de vous demander le résultat du test Covid-19, réalisé dans votre pays de provenance, avant le vol. Ces résultats sont censés pourtant être reconnus dans les délais requis (cinq jours), en vertu d’une décision prise par les chefs d’Etats de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), à l’issue d’un sommet tenu par visioconférence, le 25 mars 2021. Deuxième surprise : vous devez refaire un test à 51 020 F CFA, avant de sortir de l’aéroport et vaquer à vos occupations. Nous payons le montant requis contre une quittance qui comporte un numéro d’ordre. En fonction de ce numéro d’ordre, le voyageur est orienté vers un box précis pour le prélèvement, via un écran installé sur place.  Après un peu de patience, nous sommes appelés au box 7. L’infirmière, un air taquin, effectue le prélèvement avec le long coton tige redouté (écouvillon), qu’elle enfonce au fond de notre narine droite. La sensation désagréable que ce geste produit est un enfer… « Vous aller recevoir le résultat du test sous 72 heures.  Il est téléchargeable uniquement à l’adresse Internet : centresurveillancesanitaire.bj. », lâche-t-elle, avant de passer à un autre voyageur.

La réaction du gouvernement béninois

Nous allons ensuite pour les formalités de police, récupérons nos bagages et quittons l’aéroport…Si votre séjour au Bénin va au-delà des cinq jours comptant pour la validité du test, vous devez encore débourser la même somme pour refaire un autre dépistage avant de quitter le pays.  Le tarif du test PCR pratiqué au Bénin, comme le regrettent nombre de voyageurs, est « hors norme ». Certains d’entre eux font mauvaise fortune contre bon cœur, vu la nécessité de se mouvoir dans la sous-région, mais d’autres n’arrivent pas à contenir leur colère. « C’est de l’arnaque pure et simple ! », fulmine un voyageur, rencontré à l’aéroport de Cotonou, sous couvert de l’anonymat, quand un autre, la mine dépitée, se fait moins bavard.  Mais face à notre insistance, celui-ci se fend d’un commentaire : « j’ai du mal à comprendre ce qui se passe au Bénin ». Les  dirigeants de l’UEMOA avaient  pourtant réduit, au cours de la rencontre évoquée plus haut,  le coût du dépistage de 50 000 à 25 000 F CFA, pour compter du mois de mai 2021.  Tout comme la reconnaissance mutuelle des résultats des tests PCR qui est entrée en vigueur à la même échéance.  Le Bénin est manifestement le seul pays à n’avoir pas encore intégré ces mesures de l’UEMOA, alors que son président, Patrice Talon, a pris part au sommet qui les a consacrées. Selon nos informations, les sept autres pays de l’UEMOA, le Burkina Faso, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo se sont conformés à cette règlementation, à la satisfaction des voyageurs.  Malgré les assurances du gouvernement béninois de rentrer dans les rangs, les réalités n’ont pas encore changé. Interpellé sur le sujet, le samedi 31 juillet 2021 à Cotonou, le Secrétaire général adjoint et porte-parole du gouvernement du Bénin, Wilfried Léandre Houngbédji, a apporté des éclairages. « La qualité de service dans la réalisation des tests PCR au Bénin est un cran au-dessus des autres pays, que je ne critique pas. Les voyageurs sont reçus dans de bonnes conditions, notamment sous des chapiteaux climatisés.  Débourser le montant requis n’est pas de l’arnaque.  Pour ce qui est de la reconnaissance mutuelle des tests, des voyageurs peuvent venir avec de faux résultats, surtout à l’heure des variantes, ce qui fait que nous refaisons un autre test à l’arrivée pour nous assurer.  Nous ne doutons pas de la crédibilité des tests des autres pays, c’est une mesure de responsabilité », a-t-il soutenu.  M. Houngbédji a conclu en ces termes : « Nous reconnaissons la décision de l’UEMOA. Dès que les conditions seront réunies, nous allons nous conformer ».

 

 

Kader Patrick KARANTAO

3 Commentaires

  1. Je partage fortement ce que vous avez écrit et je vous en félicite ! Bravo honte à notre pays effectivement ! C est dommage pour le Bénin !

  2. moi je trouve que c’est une insulte aux autres pays de l’UMOA de qualifier leur test PCR de non fiable et leur pratique de non conventionnelle en faisant sous le soleil. Cela n’est juste qu’un petit exemple et simple qui prouve que l’Afrique ne pourra jamais s’unir pour lutter contre les fléaux de ce monde. Pauvre Afrique et africains

  3. Tres curieux comme eclairage de la part du porte parole. Ne pas du tout se soucier de mettre en application une decision qu’on a contribue’ a prendre au plus haut niveau sous un pretexte bidon de recevoir les voyageurs sous des chapiteaux climatise’s comme si c’est de ca qu’il ont besoin au lieu de se rendre chez eux apres des heures de voyage. Et si les autres pays reagissent en prenant des mesures de reciprocite’? C’est indigne et immoral pour un pays d’usurper de l’argent de cette facon sur de simples voyageurs.

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