Tous de la race humaine !

Au départ je voulais écrire une chronique raciste, mais j’ai beau fouiné en moi, je ne trouve aucune raison de haïr mon prochain. J’ai voulu insulter en retour, répliquer au coup reçu, prendre ma revanche et crier victoire sur la bêtise des ignares, mais à quoi bon ! Au départ, je voulais être vulgaire dans mes propos pour répondre à ceux qui sont mal à propos qu’il n’y a aucun quiproquo entre le Noir et le Blanc. Tout comme il n’y a aucune contradiction entre le jour et la nuit, si ce n’est une complémentarité nécessaire. Parfois, je me demande comment fait-on pour être raciste, alors qu’il n’y a qu’une seule race : la race humaine ? Le racisme serait-il finalement un prétexte diabolique de détester l’autre pour une raison qui en vérité n’en est pas une ? Peut-on combler le vide qui est nous en remplissant nos cœurs d’amour de la haine inutile ?

Peut-on aimer Dieu que nous n’avons jamais vu et détester sa créature que nous côtoyons dans toute sa diversité ? Peut-on cracher sur un Noir en le traitant de « sale nègre » et cribler d’attouchements sexuels une « négresse » au point d’être suffisamment inspiré pour la violer par dédain pour sa peau noire ? Être raciste, est-ce être vraiment supérieur à l’autre ? Le raciste ne sait même pas qu’il se bat pour une cause qui n’existe pas puisque la couleur de peau n’est qu’une teinte de trop, une apparence de plus, bref, juste une différence. Et parlant de différence, nous sommes toute une panoplie d’êtres teintés ou coloriés : blanc, noir, brun, jaune et même bronzé. Toutes ces différences ne sont pas des insuffisances, elles n’impliquent pas la divergence. Il n’y a point de carence dans la Création ! Nos différences appellent à la convergence des apparences pour donner du sens à la tolérance. Parce qu’au-delà de la couleur, la douleur se ressent de la même manière ; il n’y a pas de joie, de tristesse, de souffrance blanche ou noire. Le bonheur et le malheur n’ont pas de couleur. Il n’y a pas de souffle de vie blanc et noir, il n’y a point de foi blanche et noire, bon sang, de quel teint est la peau du bon Dieu s’il nous a vraiment créé à son image ? Est-il blanc ou noir ? Qui est le dieu des Blancs et qui est celui des Noirs ? Toi qui brandis ta peau blanche dont le passage à la mort et au feu se révèle noir, de quelle pureté te prévaux-tu ? Toi qui esquives la main tendue du Noir qui te dit Salam ou Shalom, au nom de quelle paix ta périssable peau de poussière se vante-t-elle et dis-moi, montre-moi de quelle couleur est ton esprit, ton âme ? L’âme des Blancs est-elle blanche et celle des Noirs noire ? Y a-t-il chez les animaux une race noire et une race blanche ? Les animaux comptent plus de couleurs, plus de types que nous les hommes, mais pourquoi ne se battent-ils jamais pour leurs différences de couleurs ?

Pourquoi le chien poilu et le squelettique lévrier ne se regardent-ils pas en chien de faïence pour leur différence ? Comment le chat blanc et le chat noir font-ils pour vivre ensemble au point de faire de mignons chatons multicolores ? Pourquoi le chat blanc ne dévore-t-il pas ses petits à cause de leur double couleur noir et blanc ? Pourquoi le chat noir n’en fait pas autant ? Il suffit de regarder parfois ces bêtes prendre soin de leur progéniture pour se rendre compte qu’au-delà de leur pelage, le sang est plus fort que tout. De la bassecour à la jungle en passant par les fonds marins aux myriades d’espèces, il n’y a ni poule, ni coq ni caprin ni félin, ni alevin, ni requin raciste ; seule la terre des hommes évolués et développés, intelligents et indigents compte les bêtes de race la plus féroce aux œillères les plus étroites. C’est ainsi qu’en Tunisie, le règne de l’hérésie emporta des vies dans une Afrique dite blanche, mais entachée sang ; le sang d’une fratrie dont le péché le plus grave est d’avoir la peau noire. C’est ainsi qu’en Tunisie, la pénurie du bon sens fit dégringoler la noblesse de la réserve et de la neutralité de l’Etat au merdier d’une racaille aux abois. Mais tous les Tunisiens ne sont pas racistes, dira-t-on, certes, mais que dire quand tout un président « blanc africain » « pur-sang » de son rang, du haut de sa blancheur donne le clap fatal de la haine en criant aux Noirs ! Que dire quand le premier Tunisien s’agrippe désespérément à la couleur de la peau pour laisser ses compatriotes faire la peau à d’autres Africains, juste pour se faire peau neuve à la tête d’un pays sans crête ? Qu’elle soit blanche ou noire, la Tunisie vient de montrer aux yeux du monde qu’il y a deux Afriques, l’Afrique subsaharienne, noire, sauvage et pauvre, mais hospitalière et l’Afrique blanche, civilisée, imbue de sa couleur de peau, condescendante et xénophobe. Mais la Tunisie savait qu’elle pouvait cracher sur du Noir, broyer du Noir ! Et compter sur le noir silence indécent des chefs d’Etats noirs d’Afrique noire. Et rester droit dans ses bottes dans une union africaine qui joue à la politique de l’autruche, face à une communauté dite internationale calculatrice et cynique. Bravo aux Tunisiens racistes pour la série noire ! Ici au Faso, le FESPACO continuera à accueillir et à offrir l’Etalon d’or au meilleur film africain, parce qu’au pays des Hommes intègres le mérite n’a pas de peau, il a plutôt une âme : l’Afrique !

Clément ZONGO clmentzongo@yahoo.fr

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