Trait de plume: Elections libyennes : Abdel Dbeiba, le trouble-fête

La Libye s’achemine progressivement vers l’élection présidentielle prévue pour le 24 décembre 2021. A cette occasion, trois millions d’électeurs sur 7 millions d’habitants vont désigner leur futur chef de l’Etat. La Haute commission électorale libyenne vient de donner le top de départ pour les dépôts des dossiers de candidature à la présidentielle.

Les prétendants ont donc jusqu’au 22 novembre prochain pour faire acte de candidature. Pour cette course au fauteuil présidentiel resté vide depuis maintenant 10 ans, plusieurs personnes se bousculent à la porte du palais. Parmi elles, l’ancien ministre de l’Intérieur et l’homme fort de l’Ouest libyen, Fathi Bachagha et l’ex-ambassadeur de la Libye à l’ONU, Aref Ali Nayed.

L’ex-ministre de l’Industrie sous Mouammar Kadhafi, Ibrahim Dabbashi ou encore l’ancien représentant de la Libye auprès de l’Union européenne, Hafez Kadour sont également dans le starting-block. D’autres personnalités préfèrent maintenir le suspens. Il s’agit de Saïf al-Islam Kadhafi, le fils de l’ex-dirigeant libyen, Mouammar Kadhafi tué en 2011, du chef du Parlement Aguila Saleh et le maréchal Khalifa Haftar. Ces deux derniers ont délégué leurs fonctions comme le demande la loi électorale, afin de pouvoir se présenter en temps opportun.

Si tous ces candidats ont cette possibilité de briguer la magistrature suprême jusqu’à preuve du contraire, certains pourraient ne pas avoir ce privilège de s’inscrire dans le peloton de course. Une disposition de la loi électorale notamment l’article 12 impose à tout candidat fonctionnaire ou militaire, de quitter son poste trois mois avant la date des élections. Cette disposition semble ne pas être du goût de l’actuel Premier ministre libyen, Abdel Hamid Dbeibah.

Il se susurre que M. Dbeibah nourrit des ambitions présidentielles. Dès son retour d’un voyage en Turquie, le lundi 8 novembre dernier, le chef du gouvernement a publiquement menacé de saisir la justice contre la loi électorale. Une réaction qui a laissé pantois plus d’un. Sinon, comment comprendre que c’est au moment où les protagonistes libyens se rapprochent du but que cette question de l’article 12 de loi électorale fasse polémique ? D’aucuns pensent que le Premier ministre a des intentions de se présenter aux prochaines élections.

Ils en veulent pour preuve un rapport du service de renseignement libyen qui indique que M. Dbeibah aurait consacré 70 millions de dollars pour sa campagne. Si d’aventure les intentions du chef du gouvernement se confirment, cela pourra avoir un impact dommageable sur le processus de pacification de la Libye. Les Libyens comptent grandement sur l’élection d’un président, le 24 décembre 2021, pour régler 10 ans de chaos politique.

L’objectif premier de l’actuel gouvernement unique est la tenue de ce scrutin présidentiel et d’élections législatives en bonnes dates. Vouloir donc jouer au trouble-fête en ce moment où la mayonnaise a commencé à prendre, n’est ni plus ni moins qu’un jeu dangereux voire inutile à éviter à tout prix.

Abdoulaye BALBONE

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