Tunisie : Les adeptes du chaos

Le second tour des élections législatives en Tunisie est prévu pour le dimanche 29 janvier 2023. Ainsi, près de 8 millions de Tunisiens sont appelés aux urnes, à la suite du premier tour, organisé le 17 décembre dernier. A l’issue du scrutin, 23 candidats, dont 3 femmes, ont obtenu leur passeport sur les 154 sièges pour siéger à l’Assemblée des représentants du peuple. Pour ce second round, ce sont 262 candidats, dont 34 femmes, qui vont se disputer les sièges restants. Si tout se passe comme prévu, les résultats préliminaires du second tour seront annoncés au plus tard le 1er février 2023, tandis que ceux définitifs seront annoncés après la fin des délais de recours, au plus tard le 4 mars 2023.

C’est un secret de polichinelle de dire que la classe politique tunisienne est dans la tourmente depuis l’accession au pourvoir de l’actuel président, Kaïs Saïed, le 13 octobre 2019. Celui-ci avait nommé aux lendemains de son élection un gouvernement de technocrates dirigé par le Premier ministre, Hichem Mechichi, le 25 août 2020. Cependant, le nouvel exécutif sera très vite confronté à la realpolitik. En effet, le parti d’opposition Ennahda, sorti victorieux des élections législatives du 6 octobre 2019 avec 52 sièges, n’a pas voulu jouer le jeu de la cohabitation. Toute chose qui a conduit à un clash entre le parti islamiste et le pouvoir en place. Face à cette situation de défiance, le chef de l’Etat s’est vu dans l’obligation de suspendre le parlement dans un premier temps en juillet 2021 avant de procéder à sa dissolution le 30 mars 2022.

Les élections du 29 janvier prochain, censées mettre fin à la crise que traverse le pays de Habib Bourguiba tiendront-elles toutes leurs promesses ? Une chose est certaine, bon nombre de Tunisiens émettent le vœu de voir leur pays renouer avec l’ordre normal des choses après des décennies de turbulence. Cependant, force est de constater qu’ils ne sont pas au bout de leur peine. En effet, le pouvoir en place qui fait face à plusieurs défis ne semble pas encore trouver ses repères. Le premier tour des législatives tunisiennes de décembre 2022 supposé poser les jalons d’un ordre nouveau a été marqué par une abstention record de 88,78%. Pour éviter un tel fiasco, un décret a été publié dans le Journal officiel de la République tunisienne, appelant les électeurs à voter. Cet appel sera-t-il entendu ? Telle est la question. Un travail titanesque devrait être abattu sur le terrain en un mois pour inverser la tendance. Malheureusement, les indicateurs montrent que les lignes n’ont véritablement pas bougé.

En témoigne le bras de fer persistant entre les parties adverses. Pendant que cette crise perdure, le pays est endetté à plus de 80% de son PIB. Il a actuellement un accord de principe avec le FMI pour un nouveau prêt de 1,9 milliard de dollars, mais l’accès à ces fonds est conditionné à la restructuration de plus de 100 entreprises publiques fortement endettées. Au regard de l’évolution inquiétante de la situation socio-politique et économique, le peuple tunisien, pris en otage, est en train d’être poussé inévitablement à bout. Dans ces conditions, il n’est pas exclu que ce peuple ne se décide à descendre dans l’arène pour donner une leçon aux adeptes du chaos comme il a su le faire dans un passé récent.

Abdoulaye BALBONE

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