Un gouvernement pour faire face à l’adversité

Le gouvernement remanié est connu depuis hier mercredi 30 juin 2021 en début de soirée. Deux ministres quittent le gouvernement, Sy Chériff de la Défense nationale et des Anciens combattants et Ousséni Compaoré de la Sécurité. Un ministre change de portefeuille, en l’occurrence Maxime Koné anciennement ministre délégué aux Affaires étrangères. Une nouvelle entrée est enregistrée, celle de Clarisse Ouoba comme ministre déléguée aux affaires étrangères. Le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré reprend la Défense nationale et des Anciens combattants comme dans le premier gouvernement. Dans un contexte où les FDS sont bien en première ligne pour combattre l’hydre terroriste. Roch Marc Christian Kaboré a-t-il constaté des manquements qu’il se doit de réparer pour donner au dernier rempart de la République ce visage heureux, que les FDS ont toujours affiché dans leur histoire ?

Oui, et pour ne pas tomber certainement dans les travers, le président Kaboré a du se « renier » un peu en accédant aux désiderata de son peuple, qui a toujours revendiqué un bidasse, au ministère des bidasses, surtout dans un contexte de guerre asymétrique. En 2020, Aimé Barthélémy Simporé avait été nommé à la tête du Centre national d’études stratégiques et de sécurité avec pour mission de réformer le secteur de la Sécurité. L’homme a un passé respecté dans la grande muette, puisqu’il s’était fait remarquer à la division opération des Forces armées nationales. Homme de contact, le colonel-major Simporé a été attaché militaire du Burkina à Washington. En portant son choix sur cet officier supérieur qui connaît l’armée, qui a occupé des postes de commandements, dont celui de l’ENSOA, Roch Kaboré veut avoir directement, à la fois, un « œil » et une « oreille », au sein des armées.

Un homme avec qui, la troupe pourra parler « facilement » et qui, au besoin, pourra se vêtir de son treillis et monter au front avec ses frères d’armes. Pour être en totale emphase avec sa population, Roch Marc Christian Kaboré a déchargé le ministre Ousséni Compaoré, remplacé à la Sécurité par Maxime Koné, qui aura eu à peine le temps d’éroder sa veste de diplomate puisqu’anciennement ministre délégué aux affaires étrangères. Désormais, premier flic de la République, Maxime Koné monte certes de grade, mais doit aussi mesurer l’ampleur de la tâche. La sécurité intérieure a besoin d’un coup de pouce, pour jouer son rôle de pilier des renseignements généraux qui sont déclinés en renseignements « opérationnels » pour pouvoir contrer les assauts des terroristes. Au-delà de tout, c’est une cohésion que le gouvernement a besoin, afin de s’éloigner des rumeurs d’incompatibilité d’humeur entre des grands commis de l’Etat. En plus de ces grands changements, comme dans un jeu de chaise musicale, le chef de l’Etat a remplacé Maxime Koné par madame Clarisse Ouoba.

Il y a comme l’air d’un remake, si on se rappelle qu’à son premier mandat, ce portefeuille avait été occupé par une femme. Jamais le terme « gouvernement de combat » n’a mérité son appellation que dans ce remaniement. Le président a répondu à cette attente manifeste de sa population qui, depuis la barbarie de Solhan, avait souhaité le départ des patrons de la Défense et de la Sécurité. On peut bien dire que le reste est sans changement. Mais au fond, chaque membre de l’Exécutif nouveau comme ancien est investi d’une mission de résultat. Il faudra donc cultiver la cohésion et gagner ensemble pour ce peuple en détresse. A la vérité, pour gagner les combats contre les terroristes, il sera illusoire de penser que seul l’Exécutif doit mener la bataille. Ensemble, les Burkinabè devront pouvoir faire écho, pour montrer que lorsque la maison brûle, tous les enfants taisent les contradictions «puériles » pour faire face à l’adversité. Et surtout, ne pas se tromper de combat.

 

Jean Philippe TOUGOUMA

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