Une fête nationale en version light

Pour une des rares fois, depuis l’institution de la célébration tournante en 2008, la fête nationale ne sera pas célébrée par une grande parade civilo-militaire. Contexte sécuritaire et sanitaire oblige. Le nombre d’invités et de défilants sera limité, les régions ne seront pas représentées à Banfora pour le défilé… L’esprit du thème de la célébration du 11-Décembre 2020, qui est : «Cohésion sociale et engagement patriotique pour un développement durable du Burkina Faso dans un contexte d’insécurité et de COVID-19 », demeure. Si l’épidémie avait tendance à s’essouffler sur le sol burkinabè, le nombre de cas à transmission communautaire a connu une croissance exponentielle dans la première semaine de décembre (45 cas le 1er, 79 cas le 2, 52 cas le 3, 29 cas le 4 et 65 cas le 5 décembre).
Les mesures restrictives sont donc toujours de mise pour un 11-Décembre, en version light (allégé). Afin de garantir la distanciation sociale, le traditionnel défilé civilo-militaire se déroulera lors d’une cérémonie restreinte (3 000 défilants au lieu de 5 000), sur la nouvelle aire de défilé. En plus de marquer d’une pierre blanche les 60 ans de l’accession du Burkina Faso à la souveraineté nationale et internationale, le 11-Décembre 2020 rendra notamment un hommage appuyé aux élites, aux dignes filles et fils du Burkina Faso, en particulier ceux de la région-hôte, qui ont porté haut le flambeau de la lutte et sacrifié parfois leur vie pour la liberté et la construction de la Nation. Une raison suffisante pour que les forces vives des Cascades se mobilisent pour donner un cachet particulier à la fête et être au moins à la hauteur de leurs prédécesseurs de Gaoua. Passées les polémiques stériles sur un éventuel report de l’évènement, la cité du Paysan noir, à J-5, s’est parée de ses plus beaux atours pour l’accueillir. En effet, pour 15 milliards F CFA d’investissements, le chef-lieu de la région des Cascades a bénéficié de plus de 42 km de bitume, et éclairé au solaire sur 8 kilomètres, à la faveur de la célébration de ce 11-Décembre.
Les deux autres grandes villes de la région (Sindou et Niangoloko) ont reçu respectivement 5,71 km et 5,10 km de bitume, en partie, éclairé. A cela, s’ajoute l’aménagement de deux aires de tribunes, d’une aire de parking, de repos à Banfora. En prime, l’électrification solaire des voies dans les trois principales villes de la région des Cascades, l’inscription de la montée des rôniers parmi les activités sportives, la représentation du rônier et du balafon comme vitrine de la salle polyvalente et le choix de Niangoloko (première commune urbaine, n’étant pas un chef-lieu de province, à bénéficier de bitume) font partie des innovations du 11-Décembre 2020. Au-delà des indéniables retombées socioéconomiques, le caractère tournant de la fête place sous les feux de la rampe, les valeurs de patriotisme, de courage, d’intégrité que les fils de la région ont incarnées. Constituant, de ce fait, des repères pour les jeunes générations. Pour leur engagement en faveur de l’édification du Burkina Faso, une dizaine de personnalités sont à l’honneur. Il s’agit notamment de Wantissé Léopold Siri, ingénieur agronome. Né en 1935, il est l’un des artisans, entre autres, de la création de la Direction du développement rural dont il fut le premier directeur au ministère en charge de l’agriculture, du temps de la Haute-Volta.
L’artiste, aussi un des précurseurs de la musique moderne burkinabè, Tidiani Coulibaly ; le premier chef de canton de Sindou, Bala Taoré ; le premier président de l’Assemblée nationale du Burkina Faso, Beyon Damien Koné; le dramaturge Lompolo Koné ; Macoucou Coulibaly née Traoré, l’épouse de Daniel Ouezzin Coulibaly, première femme voltaïque à être nommée ministre…font partie de ces pionniers de la région des Cascades dont la vie et le parcours continuent d’inspirer leurs compatriotes.
Outre le respect des précautions sanitaires en vigueur, ce format restreint permet «une certaine économie, en évitant un défilé dispendieux», fait-on valoir dans l’entourage du comité d’organisation. En cette année qui marque les 60 ans de l’accession à l’indépendance du pays, des cérémonies et évènements à caractère national ont déjà été annulés ou se sont déroulés en petit comité pour limiter les risques de propagation du virus. D’autres pays ont réduit la voilure de grandes cérémonies officielles sous la pression de la COVID-19.

Par Mahamadi TIEGNA
mahamaditiegna@yahoo.fr

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