Utilisation des pesticides : une menace pour l’environnement

Les pesticides sont destinés à protéger les plantes cultivées et les produits récoltés des attaques de champignons parasites, d’insectes, d’acariens et de rongeurs champêtres. Au Burkina Faso, ces substances chimiques sont beaucoup utilisées par les producteurs. Cependant, la plupart de ces produits ne sont pas homologués et constituent une menace pour l’environnement.

Un pesticide désigne des substances de nature chimique fabriquées dans des usines pour lutter contre les organismes indésirables par l’homme. Ces organismes sont des plantes, des bactéries, des champignons, etc. Les pesticides peuvent être répartis en trois grandes familles. Il s’agit des herbicides, des insecticides et des fongicides. Ils combattent respectivement les herbes indésirables, les insectes ravageurs et les maladies dues à des champignons, des bactéries ou des virus. Au Burkina Faso, l’utilisation des pesticides dans l’agriculture et le maraîchage fait désormais partie des habitudes des producteurs. Bien encadré, l’usage de ces désherbants peut contribuer à une augmentation de la production.

La Société des fibres et textile (SOFITEX), par exemple, encourage l’usage des pesticides dans la culture du coton. Cet accompagnement se fait sous la supervision des Agents techniques coton (ATC) dans le dosage de ces substances dans les champs. De plus, il existe une unité de production à savoir, la Société africaine de produits phytosanitaires (SAPHYTO) où les paysans peuvent s’approvisionner, selon le type de culture qu’ils pratiquent. Malheureusement, l’entrée incontrôlée de ces produits chimiques sur le territoire burkinabè suscite de l’engouement chez les paysans. Ils utilisent les mêmes pesticides pour toutes les variétés de culture. Pourtant, certaines cultures qu’elles soient céréalières, fruitières ou maraîchères peuvent ne pas convenir à ces substances. Car, elles sont pour la plupart de mauvaise qualité, relativement moins chères, et ont des conséquences fâcheuses non seulement sur l’homme, mais aussi sur l’environnement. Dans la région du Sud-Ouest par exemple, ces produits prohibés inondent les marchés. Ils sont utilisés à tour de bras dans les champs en lieu et place des dabas pour les désherbages. L’exposition aux pesticides présents dans l’air ambiant des populations riveraines des zones agricoles ou de la population en générale, reste difficile à estimer.

Les eaux de surface et souterraines contaminées

Toute chose qui n’est pas sans conséquence. Chez l’homme, l’inhalation ou le contact cutané peut être source de cancer. Dans le domaine de l’environnement, l’usage des pesticides de mauvaise qualité a un impact négatif sur la diversité biologique. Ces substances toxiques appauvrissent progressivement le sol.
Ils contribuent à la contamination des eaux de surface et souterraines. Ils peuvent être ainsi à l’origine de déséquilibres sur les écosystèmes en affectant, par exemple, les populations d’abeilles, les rongeurs et les oiseaux. Dans une publication faite par le biochimiste, Dr Hubert Bationo, du Centre pour la gouvernance de l’eau et de l’environnement (Université de Ouagadougou), l’usage de ces produits a occasionné l’intoxication des silures du marigot Houët en 2001. Les pesticides peuvent entraîner la disparition progressive de certaines espèces d’herbes utiles dans l’alimentation des animaux, dans l’artisanat (fabrication de paniers, fabrication d’enclos, etc.).

Des mesures fortes et urgentes doivent être prises par les autorités pour, d’abord, empêcher l’entrée de ces produits non homologués sur le territoire en réprimant les contrevenants de cette pratique. Ensuite, des campagnes de sensibilisation doivent être menées auprès des producteurs sur l’usage contrôlé des pesticides. Enfin, il faut déployer des techniciens d’agriculture pour encadrer les paysans dans l’usage des pesticides s’il y a lieu. L’utilisation des produits chimiques n’est pas mauvaise en soi, pourvu qu’elle soit règlementée. Selon le rapport Expertise scientifique collective “Pesticides, agriculture et environnement”, la France est le 3e consommateur mondial de pesticides (à plus de 90% pour l’agriculture) et le 1er utilisateur en Europe en volume total. Mais, l’utilisation des produits phytosanitaires est régie par une réglementation nationale à laquelle, les producteurs doivent s’y conformer.

Paténéma Oumar OUEDRAOGO
pathnema@gmail.com

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