Zone de libre-échange continentale africaine : Les défis et opportunités décryptés à Ouagadougou

Les participants ont échangé avec les spécialistes sur les défis et les opportunités liés à la mise en œuvre de la ZLECAf.

Le Centre africain pour le commerce international et le développement (CACID) et le Pôle d’excellence en études africaines de l’Université Pr Joseph-Ki-Zerbo ont organisé une journée de réflexion sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), à travers une conférence publique sur ledit accord, le jeudi 10 décembre 2020, à Ouagadougou.

L’accord sur la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) entre en vigueur en janvier 2021. Pourtant, les tenants et les aboutissants de cet accord commercial « historique » ne sont pas bien cernés par tous. Dans le but de contribuer à faire connaître les défis et les opportunités liés à la ZLECAf, le Centre africain pour le commerce international et le développement (CACID) et le Pôle d’excellence en études africaines de l’Université Pr Joseph-Ki-Zerbo ont organisé une conférence publique sur le sujet, animée par des spécialistes, le jeudi 10 décembre 2020, à Ouagadougou.

Le Pr Ousseni Illy, enseignant-chercheur en droit du commerce international et directeur du CACID, a indiqué que l’entrée en vigueur de la ZLECAf, signée par 54 pays africains et ratifiée par 33 d’entre eux, implique la suppression des droits de douane et des restrictions quantitatives à l’importation à l’échelle du continent pour les produits « made in Africa ». La mise en œuvre de cette zone commerciale continentale a l’avantage de renforcer l’industrialisation de l’Afrique qui représente 2% de la production industrielle mondiale et de développer le commerce intra-africain, estimé aujourd’hui entre 10 et 15% des échanges du continent, a-t-il poursuivi.

« Les exportations du Burkina Faso augmenteront de manière significative vers toutes les sous-régions africaines en dehors de l’Afrique de l’Ouest, avec les augmentations plus prononcées vers des pays tels que l’Afrique du Sud, le Maroc, l’Ouganda, le Rwanda, la Tunisie et le Zimbabwe », a laissé entendre le directeur général du commerce, Seydou Ilboudo.

Selon la directrice du commerce de la commission de l’UEMOA, Rose Kabran, la ZLECAf va engendrer le bien-être des populations. Car la concurrence qui naîtra de l’intégration continentale va permettre aux consommateurs d’accéder à des produits de meilleure qualité, à des prix plus attractifs ou plus avantageux, a-t-elle précisé.
Relever le défi de production

Avec l’opérationnalisation de cet accord commercial continental, les pays de l’UEMOA qui disposent d’un marché de 130 millions d’habitants bénéficieront d’un marché plus vaste et plus intégré de 1,2 milliard d’habitants, qui passera à 2,5 milliards de consommateurs en 2050, a ajouté Mme Kabran.

Mais pour saisir les avantages de compétitivité des produits africains sur le marché du continent, d’économies d’échelles et de création d’emplois que procure la ZLECAf, les Etats doivent au préalable relever les défis de la production industrielle, des moyens de communication, a souligné Pr Illy. Car il ne suffit pas d’ouvrir le marché africain à l’Afrique, encore faut-il pouvoir produire pour répondre à la demande et disposer d’un réseau de transport étoffé et efficace pour commercer, a-t-il soutenu. Pour faire face à la concurrence qui s’annonce, les entreprises burkinabè doivent relever le challenge de la qualité de leurs produits, a insisté l’enseignant-chercheur.

A cela s’ajoutent, selon Rose Kabran, les défis de la diversification et de la complémentarité, de l’accès à l’énergie et à l’internet, de la protection des inventions et de la création des entreprises communautaires que les pays de l’UEMOA doivent relever.
Le respect de la libre circulation des personnes, des engagements et textes de l’accord constitue également une gageure. « L’un des problèmes de l’Afrique est le respect de ses propres engagements, des accords qu’elle a librement ratifiés. Nous avons le cas du Nigéria qui a fermé ses frontières avec le Bénin, en violation flagrante des règles de la CEDEAO », a fait remarquer le directeur du CACID.

L’accord de la ZLECAf offre la possibilité à chaque Etat de ne pas ouvrir10% de ses produits sensibles au marché sur une période de 5 à 10 ans. Au Burkina Faso, ces exclusions temporaires ou définitives porteront sur le sucre, les huiles alimentaires, les cuirs et peaux, le savon, la pompe de terre, la tomate, etc. , a fait savoir M. Ilboudo.

Mahamadi SEBOGO
Windmad76@gmail.com

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