Le Burkina Faso depuis fin mai a décidé, avec 14 autres pays africains, de quitter la Confédération africaine des sports boule pour porter sur des fonts baptismaux la Confédération africaine de pétanque. Dans l’entretien qui suit, le président de la Fédération burkinabè de pétanque, Arsène Macaire Kaboré, revient sur les raisons de la création d’une nouvelle fédération.

Comment se porte la pétanque au Burkina Faso ?

La pétanque se porte bien et compte parmi les disciplines qui suscitent de l’engouement. Cette année encore, le championnat s’est bien déroulé et nous sommes comblés de l’avoir réussi. Nous avons enregistré une participation record avec 68 clubs, soit plus de 300 joueurs sur le terrain. L’année dernière, nous en avons eu 53.

Nous avons appris que le Burkina Faso et d’autres pays ont créé une nouvelle confédération de pétanque. Est-ce vrai?

C’est vrai. Depuis fin mai 2019, le Burkina Faso avec 14 autres pays sont dorénavant membres de la Confédération africaine de pétanque, après que nous avons décidé de ne plus faire partie de la Confédération africaine des sports boule. Nous avons mis en place un comité exécutif restreint dirigé par l’Ivoirien Vincent Léopold Touré. L’objectif est de donner un nouveau souffle à la pétanque, avec plus de visibilité et de dynamisme. Différents conflits minent la Confédération africaine des sports boule. C’est pourquoi, nous avons décidé de nous retirer de l’institution et de créer une autre où tout le monde pourra dire ce qu’il pense pour que la pétanque africaine puisse bien se porter.

Cette nouvelle confédération est-elle reconnue sur le plan international ?

En ce qui concerne le plan africain, nous sommes confiants que nous allons avoir la reconnaissance de l’UCA dans les jours à venir. Maintenant sur le plan mondial, il y a un petit problème qui se pose avec la Fédération internationale des sports boule. En effet, le président de l’instance refuse qu’il y ait une nouvelle confédération africaine qui gère la pétanque. Ce qui est aberrant parce que la Confédération des sports boule regroupe plusieurs disciplines en son sein. Il y avait non seulement la pétanque, mais aussi la rafa, la lyonnaise… En effet, le constat est que seule la pétanque, parmi ces différentes disciplines, marche au niveau de la Confédération africaine des sports boule. Ce qui fait qu’il y a une opacité au sein de cette instance. Il y a deux ans, la rafa et la lyonnaise ont quitté pour créer chacune sa confédération africaine sans qu’il y ait un problème. Donc pour nous, il n’y a pas de raison qu’aujourd’hui la pétanque ne puisse pas faire autant. Nous pensons qu’il s’agit d’un problème d’individu et non sportif. Ce qui est faisable et que nous avons proposé, est que ces nouvelles confédérations africaines puissent s’associer pour créer l’union africaine des sports boule. Malheureusement, le président ne veut pas en entendre parler. Alors que nous voulons régler un certain nombre de problèmes. C’est l’exemple des championnats africains. Non seulement, il n’y a pas de primes quand on participe à la compétition, mais aussi, c’est le pays organisateur qui prend seul l’entièreté les différentes charges.

Quelles sont les raisons qui vous ont poussés à abandonner la Confédération africaine des sports boule pour celle de la pétanque ?

Nous avons remarqué un manque de démocratie dans cette confédération. Il n’y a pas d’assemblée générale pour discuter de la pétanque. C’est une seule personne qui décide, et il s’agit du président, le Béninois Ibrahim Idrissou. Nous avons ainsi décidé de ne plus nous laisser guider par un individu qui refuse le débat démocratique. Un fait a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
En effet, pour une première fois, l’Afrique noire avait l’occasion d’avoir un représentant dans la Confédération internationale. Il s’agissait du président de la Fédération ivoirienne de pétanque, Léopold Vincent Touré. Mais par la complicité du président Idrissou, il a été révoqué. Je vous explique. Quand la Fédération internationale a signifié qu’il y aura les élections, nous, un groupe de 16 pays, avons choisi Léopold Vincent Touré pour être candidat. Il a eu l’approbation de la Confédération africaine, mais son président soutenait la candidature tunisienne. Cependant, malgré qu’il n’a pas pu faire le déplacement au Canada pour faute de visa, notre candidat a battu son adversaire. A notre grande surprise, un mois après son élection, Léopold Vincent Touré a reçu un courrier du président Idrissou lui disant qu’il était contre cette élection. Alors que l’assemblée générale qui est souveraine n’a pas eu d’objection à sa candidature. Deux semaines après, c’est le président de la Confédération internationale à son tour qui lui adresse un courrier lui signifiant que son élection était suspendue jusqu’à nouvel ordre, parce qu’il y aurait des suspicions de corruption lors des votes. C’est du jamais- vu. Au cours d’une assemblée générale à Almeria en Espagne, accusé, monsieur Touré va pour éclairer l’affaire devant l’assemblée mais on ne lui donne pas l’occasion de s’exprimer. De retour en Côte d’Ivoire, une semaine après, il reçoit un nouveau courrier du président de la Fédération internationale lui disant que son élection est annulée parce que la Côte d’Ivoire n’était pas à jour de sa cotisation. Ce qui n’est pas vrai, sinon le dossier de candidature de monsieur Touré allait être rejeté par la commission des votes.
Aussi, le président Idrissou s’est permis de radier à vie le président élu de la Fédération malgache de pétanque, après l’avoir accusé de corruption. En même temps, il crée un nouveau bureau sans qu’aucune plainte ne soit déposée. Et de surcroît, il menace que si les Malgaches ne reconnaissent pas la fédération qu’il a érigée, dorénavant, aucun Malgache ne participera à une compétition continentale. Nous sommes dans quel monde ? C’est le ministère malgache en charge des sports qui a cette prérogative. C’est ce manque de démocratie qui nous a amenés à quitter la Confédération africaine des sports boule pour créer la Confédération africaine de pétanque

Quelles relations entretenez-vous maintenant avec la Confédération africaine des sports boule ?

Nous n’avons plus rien à voir avec cette confédération. Théoriquement, nous sommes 16 Etats pour la CAP, mais dans la pratique 15 parce qu’un pays a donné son accord d’adhésion mais n’a pas encore ratifié la charte de la Confédération. Et ce sont ces 15 pays qui font marcher la pétanque en Afrique. Il y a Madagascar, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger, le Sénégal, la Mauritanie, le Maroc, l’Algerie, la Libye, l’île Maurice, les Seychelles, les Comores, Djibouti, le Gabon. Ce sont ces pays qui sont les ténors en matière de pétanque en Afrique.
Quand on veut même bien voir parmi ceux qui sont restés avec l’ancienne institution, la plupart sont dans le bureau exécutif. Il s’agit de la Guinée, du Tchad, du Togo, du Bénin et du Congo Brazzaville. La dernière compétition africaine qu’ils ont organisée au Bénin a été un échec total. Des 23 pays, 7 seulement y étaient.

Quel a été l’avis des autorités burkinabè après que vous avez rallié la nouvelle confédération au détriment de l’ancienne ?

Tout d’abord, nous remercions une fois de plus le ministère des Sports et des Loisirs qui accompagne la Fédération burkinabè de pétanque depuis sa création. Le ministère des Sports et des Loisirs a suivi ce qui se passait au niveau de la Confédération africaine des sports boule.
Pour mémoire, lors des élections de 2016 où j’ai été reconduit comme président de la Fédération burkinabè de pétanque, nous avons tous été surpris que le président de la Confédération africaine des sports boule, Ibrahim Idrissou, dise qu’il ne reconnait pas cette élection car il aurait appris qu’il y a eu des incidents pendant les élections. Le MSL lui a adressé plusieurs correspondances pour lui faire comprendre qu’il a entériné les élections parce qu’elles se sont bien déroulées, sans incidents. Il est resté campé sur sa décision. En effet, c’est un problème de personne. J’étais pressenti pour être son remplaçant au niveau de la CASB d’où ce conflit.

Propos recueillis par Pengdwendé Achille OUEDRAOGO

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