Le commandant Yasnémanégré Sawadogo est candidat à sa propre succession à la Fédération burkinabè de cyclisme. A quelques jours de l’élection (le 15 août), le président sortant dresse le bilan de son premier mandat, évoque les raisons de sa candidature et ce qu’il compte apporter à nouveau au cyclisme burkinabè en cas de victoire le 15 août prochain.

Quel bilan pouvez-vous dresser de votre mandat ?
En fin de premier mandat, c’est un bilan largement positif que je peux tirer. Au nom de notre bureau exécutif fort de 21 membres, pendant les quatre ans, nous avons mis les petits plats dans les grands pour envoyer le cyclisme burkinabè à un niveau jamais égalé. Pendant mes quatre ans de gestion, il y a eu une augmentation considérable du nombre de licenciés. Aujourd’hui, nous sommes à à peu près 500 licenciés dont 300 cyclistes. Nous avons réussi à augmenter aussi le nombre de compétitions annuelles. Par exemple l’année passée, nous avons organisé une vingtaine de compétitions. De ces compétitions, il y a le coup de pédale du président du Faso. Franchement, cela a été un honneur pour la petite reine. Etant président de la Fédération burkinabè de cyclisme (FBC), j’ai initié le grand prix du président de la fédération pour donner l’exemple. Il faut dire que depuis 2017, la FBC dispose de son propre parc de vélos professionnels. Avant cela, les Etalons sélectionnés venaient avec les vélos de leur club. Cette situation nous créait pas mal de problèmes, de pannes et de remises à niveau. Sous notre mandat, nous avons initié un certain nombre de stages au profit des principaux acteurs que sont les coureurs, les encadreurs et les commissaires. Nous avons eu également à organiser un camp vacances cyclisme l’année passée qui a suscité l’engouement de la jeunesse de 10 à 15 ans. Au total, nous avons eu une trentaine d’enfants très passionnés à qui nous avons montré les bases du vélo et nous comptons rééditer cet évènement. Nous avons réussi aussi à concrétiser la compétition des petites catégories. Pour mémoire, c’est la première fois que nous avons envoyé une équipe nationale junior de 6 garçons et 4 filles au Rwanda pour une compétition internationale. Nous avons réussi aussi à relever le niveau du Tour du Faso en passant à des vitesses moyennes de 48km/h. C’est du jamais-vu. Les autorités ont l’ambition de faire migrer ce tour à un niveau supérieur. Nous avons pu également battre le record de maillots jaunes remportés dans une saison sportive. En 2018, nous avons remporté 5 maillots jaunes. C’est du jamais-vu au Burkina Faso. Depuis 2018, le pays arrive à se qualifier aux champions d’Afrique. Ce n’est pas donné à n’importe quelle nation. Seuls 8 pays arrivent à le faire dont le Burkina Faso. En 2017 quand on prenait les reines de la FBC, le Burkina Faso était classé 16e sur le plan africain. Mais aujourd’hui nous occupons la 6e place derrière respectivement l’Afrique du Sud, l’Erythrée, l’Algérie, le Maroc et le Rwanda. Pour la première fois dans l’histoire du cyclisme burkinabè, le Burkina Faso est qualifié pour les Jeux Olympiques de Tokyo. Enfin sur la représentation du Burkina Faso au niveau des instances régionales, je suis, depuis 2018, le président par intérim de l’Union cycliste de l’Afrique de l’Ouest. Depuis cette même année, je suis membre du comité directeur de l’Union francophone cycliste qui regroupe une soixantaine de pays qui parlent le français.

Avez-vous atteint les objectifs que vous vous êtes assignés lorsque vous preniez la fédération?
Les objectifs ont été atteints. Tous en ensemble, nous avons tenté de dérouler notre programme de mandat. Cela n’a pas été facile. Bien sûr que nous n’avons pas pu remplir la totalité des objectifs que nous nous sommes assignés, mais le maximum a été fait et les résultats sont là. Nous ne pouvons qu’être heureux.

Pourquoi êtes-vous candidat à votre succession?
Nous voulons briguer un second mandat parce que nous avons réussi à lancer la machine. Nous sommes actuellement plus que rodés. Nous avons pu engranger un certain nombre de résultats satisfaisants. On peut dire que le Burkina Faso est en passe de devenir un centre régional de cyclisme en Afrique de l’Ouest. Pour mémoire en Afrique, il n’y a qu’un seul centre basé en Afrique du Sud. Le nouveau président de l’Union cycliste internationale (UCI) a voulu que chaque région ait son centre de cycliste pour faciliter la formation. Le Burkina Faso a postulé. Nous avons passé la première étape. En ce qui concerne la seconde, il y a eu une mission de l’UCI qui est venue à Ouagadougou en fin décembre et qui a rencontré le ministre des Sports et des Loisirs, le Comité olympique, visité les infrastructures… Le dossier est en bonne voie pour qu’en 2021, nous soyons un centre homologué de l’UCI. Elle donnera les moyens pour son fonctionnement.

Si toutefois vous êtes élu, qu’est-ce que vous comptez apporter de nouveau au cyclisme burkinabè?
Nous avons baptisé notre programme « Tous pour un cyclisme conquérant, sport de fierté nationale ». S’inspirant de la politique nationale des sports et des loisirs, notre programme sera orienté sur trois axes. Le 1er axe est consacré au développement et à la pratique du cyclisme à tous les niveaux. Le 2e axe va s’adonner à l’organisation de la fédération au service des structures dirigeantes du cyclisme national, international et des Etalons cyclistes. Enfin, dans le dernier axe, nous allons mettre nos efforts dans les investissements et les équipements. Le principal défi pour nous, c’est le 2e axe. Il va falloir mettre à jour tous les textes régissant la vie de la fédération à savoir les statuts et le règlement intérieur parce qu’ils datent de 1996. Ce n’est pas une fierté d’en parler. Mais nous avons mis en place une commission et nous avons relu des textes. Faute de moyens, nous n’avons pas pu convoquer une assemblée générale pour l’adoption des nouveaux textes. Nous avons également fait des plaidoyers au sein des clubs pour mieux les organiser. Nous allons tenter de développer d’autres disciplines du cyclisme. Nous avons le VTT, le BMX, la piste. Aussi, nous allons poursuivre avec l’augmentation des licenciés et initier des formations à tous les niveaux. Nous allons tenter d’intégrer la Confédération africaine de cyclisme (CAC) parce que c’est un endroit de décision et notre présence est vraiment nécessaire. Pour rappel, depuis 2008 quand le regretté président Diallo quittait la CAC, il n’y a plus jamais eu un représentant burkinabè. Et là, nous sommes sur la bonne voie. Nous allons continuer de soutenir les clubs en vélos et en pièces de rechange et faire un plaidoyer au MSL pour l’instauration d’une subvention aux clubs. Nous allons également mettre en place une commission marketing dynamique pour décrocher davantage de sponsors pour la réalisation de notre programme d’activités. Dans le chapitre des équipements et infrastructures, nous allons continuer le plaidoyer au ministère des Sports pour que le parc de vélos de l’équipe nationale soit renouvelé avec des engins pour les petites catégories et des dames. Enfin, nous allons nous battre pour que la construction du premier vélodrome soit une réalité.
Pendant votre mandat, la fédération a connu une crise. Qu’en est-il aujourd’hui ?
La vie des fédérations est souvent animée de remous. Mais j’ai fonctionné globalement les quatre années sans problèmes, ce qui nous a permis d’engranger ces résultats. Une crise qui nous a marqué, je n’en vois pas.

Qu’est-ce que vous pensez de votre challenger, Amédée Ignace Béréwoudougou ?
Nous avons un challenger en la personne de Amédée Béréwoudougou, le président de l’AJCK. C’est un monsieur que je respecte beaucoup. Nous échangons beaucoup. Il a des ambitions de diriger la FBC et c’est bien normal parce que nous sommes en démocratie. Il investit beaucoup dans le vélo comme certains présidents de clubs. C’est un adversaire de taille parce tout adversaire est de taille. Pour ce faire, il faut battre une campagne sérieuse en mettant les chances de notre côté, et surtout en ne négligeant personne pour assurer la victoire. Que le meilleur gagne.

Quels sont vos grands soutiens ?
Mes grands soutiens sont les grands clubs de la Ligue du Centre de cyclisme. Nous avons Bessel équipement, l’USFA, l’ONATEL, Tan Aliz, et beaucoup d’autres clubs sur le plan national. A ce stade, nous avons la Ligue du Centre, celles du Centre-Est, du Centre-Nord, de la Boucle du Mouhoun. A l’exception de la Ligue des Hauts-Bassins qui nous a échappé, nous avons avec nous les autres. Mais nous sommes en élection et elle est parfois empreinte de surprise. Donc nous restons concentrés.

Au début de votre mandat, vous vous êtes donné pour mission d’assainir le milieu. Avez-vous réussi à le faire?
C’est un travail de longue haleine parce que le milieu est disparate. Les gens viennent d’horizons divers. Nous ne sommes pas souvent compris. Mais je pense que l’un dans l’autre, nous avons pu atteindre nos objectifs. La mission n’est pas terminée, voilà pourquoi nous voulons poursuivre ce que nous avons commencé pour que les gens adhèrent à notre vision pour un cyclisme de cohésion, conquérant et qui fait la fierté du Burkina Faso sur le plan international. Nous allons continuer les échanges pour que le milieu soit vraiment assaini afin que la passion prime pour l’intérêt général.

Entretien réalisé par Ollo Aimé Césaire HIEN

 

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