Elu par acclamations le 12 mars dernier, à Rabat au Maroc, à la tête de la Confédération africaine de football, Patrice Motsepe, qui n’est pas un homme du sérail, va devoir présider à la destinée du sport roi continental. Il arrive en remplacement de Ahmad Ahmad coincé par des affaires peu louches et contraint d’abandonner son fauteuil à la suite de la lame de la guillotine de la FIFA qui menace sa tête.

En obligeant ses challengers à rentrer dans les rangs et s’aligner derrière lui après la signature du protocole de Rabat, Gianni Infantino, le big boss du football mondial impose un président à la CAF en la personne de Patrice Motsepe. Ce milliardaire sud-africain sera-t-il un suiveur d’ordre ou aura-t-il les pleins pouvoirs pour travailler pour le rayonnement du football africain ? Pour sûr, en s’impliquant plus que jamais dans les affaires du football continental, le président de la FIFA veut une “Infantinosation” du sport roi en Afrique. Gianni Infantino a besoin des voix de l’Afrique pour contrecarrer l’influence de l’UEFA et du COMEBOL dans la perspective de sa réélection à la tête de la Fédération internationale de football. Il voudrait aussi faire de l’Afrique un laboratoire pour expérimenter sa ligue fermée tant décriée par les fédérations européennes. Motsepe serait donc son homme lige pour assouvir ses prétentions ? Tout laisse à le croire, car comme on peut le constater, le football africain est au bord d’une apoplexie financière car “il est en train de bouffer ses capitaux avec pas moins de 10 millions de dollars par an de déficit”, a laissé entendre Faouzi Lekjaa, président de la commission des finances de la CAF. Autant le dire, Infantino tient par les coui…., toute la CAF. Les Fédérations africaines vivent en majorité des subventions de la FIFA et de la CAF et dans la moindre mesure des subventions des gouvernements. On voit mal aujourd’hui le milliardaire sud-africain, émargeant dans les 10 premières fortunes du continent s’émanciper du joug d’Infantino pour injecter de sa poche 300 à 500 millions de dollars pour sauver l’institution CAF.

Laisser s’exprimer l’expression démocratique

Le protocole de Rabat est venu fausser la donne dans ces élections. Motsepe avait-il vraiment des chances devant des hommes expérimentés du football africain que sont Jacques Anouma, Augustin Senghor ou Ahmed Yahia ? Pas si sûr, vu que Motsepe est incapable de coller un nom aux visages des bonzes du football continental. De plus, le protocole de Rabat est venu taire l’absence de débat sur les programmes afin de séduire les forces vives du continent. Pouvait-il en être autrement ? Aujourd’hui, les ex-candidats n’ont pas fait un travail de fond pour mieux présenter la CAF dans ses beaux jours. Chaque candidat, plutôt que d’aller courtiser les présidents de fédérations qui sont les électeurs, ont préféré marquer les chefs d’Etat ou les ministres à la culotte comme si les politiques pouvaient leur porter au pinacle du football continental. Motsepe n’a pas eu besoin de tout cela mais il est aujourd’hui investi des pleins pouvoirs pour diriger la CAF. Il pourra être une chance pour l’Afrique si tant est qu’il s’appuiera également sur les programmes de ses challengers et délèguera beaucoup de missions à ses vice-présidents parce qu’il ne maîtrise pas encore les rouages de la Confédération africaine de football. Avec Motsepe, l’Afrique amorce un changement d’air en remettant les rênes de la CAF pour la première fois à un anglophone. Les droits télés des compétitions de la CAF rompus avec Lagardère, Motsepe pourra user de ses entregents pour ramener Supersport (une puissante chaine de télé sud-africaine spécialisée dans le sport et particulièrement du football) qui s’était déconnecté carrément du football africain. Ce qui permettra de minimiser le gouffre financier de la CAF.

Béranger ILBOUDO

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