Benjamin d’une fratrie de six enfants tous sportifs, Israël Mano est le seul qui a se révéler au haut niveau avec notamment un titre de Mixed Martial Arts acquis le 22 octobre dernier au Bahreïn devant le Français Remy Serge. Très ambitieux, le nouveau champion se dévoile.

Naturellement des sentiments de joie après ce sacre ?

Tout à fait, je suis très fier d’avoir représenté valablement le Burkina Faso en faisant flotter son drapeau dans une prestigieuse organisation de Mixed Martial Arts (MMA) comme BRAVE.

Qu’est ce qui t’a motivé avant le combat ?

Plusieurs facteurs ont contribué à ce regain de confiance. Je peux citer la haute responsabilité que je portais sur mes épaules de donner cette victoire à mon pays, le Burkina Faso. Il y a aussi le soutien moral que j’ai reçu de la famille, des amis, et de supporters sur la toile la veille de mon combat. J’ai pu les lire. Ils m’ont réconforté. Je n’oublie pas le devoir de mémoire envers ma très chère mère qui m’a toujours soutenu dès mes débuts dans les arts martiaux jusqu’à ce qu’elle quitte ce monde cette année alors que j’étais déjà installé au Bahreïn.

Connaissais-tu ton adversaire avant le combat ?

Je ne le connaissais pas vraiment. C’est lorsque j’ai su que je devais l’affronter, avec mon équipe, nous avons commencé à faire des recherches sur lui.

Avez-vous eu des craintes lorsque vous avez eu des informations sur lui ?

Oui, j’avoue que j’avais quelques craintes. Parce que, déjà, il ne faut jamais sous-estimer son adversaire. Aussi, c’est un gaucher et d’après les informations d’un de mes coaches, mon adversaire était quelqu’un de très athlétique et vraiment fort, qui marche sur ses adversaires. En plus, il a un background de kick boxing et de jiu-jitsu brésilien.

A partir de quel moment as-tu vraiment cru que tu pouvais le battre?

Ma confiance s’est véritablement renforcée au moment où j’ai commencé à le faire reculer. Puis à le toucher à plusieurs reprises. J’étais décidé à gagner ce combat pour l’honneur de mon pays.

Qu’est-ce que ce succès te rapporte ?

De la satisfaction et une certaine côte de popularité dans le milieu du MMA. Mais, aussi une très grosse ouverture pour la suite de ma carrière.

Quel est ton prochain objectif ?

Mon prochain objectif est de passer chez les combattants professionnels à l’échelle mondiale. Pour cela, je dois travailler encore plus pour renforcer mes techniques et développer plus d’enchainements spectaculaires.

Qu’est ce qui t’a poussé à opter pour ce sport qui semble dangereux ?

C’est d’abord ma passion. Ensuite, du fait que tous les arts martiaux s’y retrouvent d’où son nom Mixed Martial Arts. Le fait que je puisse utiliser mes connaissances en vovinam viet vo dao ou encore en judo, en lutte, en karaté, en boxe etc., pour surprendre, soumettre et battre mon adversaire est vraiment un sport de stratégies. C’est tout cet ensemble qui crée en moi cette passion.

D’où tires-tu des ressources pour pouvoir voyager un peu partout dans le monde ?

C’est d’abord ma famille qui essaie de m’accompagner comme elle peut. Elle fournit de grands efforts et je tiens à remercier tous les miens. Après, il y a aussi des personnes qui m’épaulent de temps à autres.

As-tu le soutien des autorités sportives burkinabè ?

Je pense avoir le soutien des autorités sportives burkinabè. J’ai apporté à mon pays des médailles par le passé pratiquement dans toutes les disciplines où je suis passé. Je peux citer par exemples le vovinam viet vo dao, la boxe, le sambo, le judo, etc. J’ai été élevé au rang de Chevalier de l’ordre national qui est une reconnaissance que je considère énormément. Au même moment, il est vrai que j’attends plus de soutien notamment sur le plan financier, car, pour réaliser ce que je fais et pour aller où je vais, et cela sous les couleurs nationales, il faut suffisamment de moyens financiers.

L’on sait que tu as commencé par le vovinam viet vo dao, pourquoi avoir abandonné cette discipline ?

Effectivement j’ai commencé par le vovinam viet vo dao. Mais, je n’ai pas abandonné cet art. Je reste d’ailleurs intrinsèquement lié au vovinam viet vo dao par ce que c’est grâce à cet art martial que ma passion pour les combats a commencé. Le vovinam viet vo dao m’a honoré, le vovinam viet vo dao m’a fait connaitre, le vovinam viet vo dao m’a fait voyager à travers le monde et je lui en suis reconnaissant. Aujourd’hui, je représente le vovinam viet vo dao dans le MMA. Il y a des stars de MMA aujourd’hui qui brandissent fièrement leur discipline d’origine à l’image du karatéka et ancien champion du monde de l’UFC George Saint Pierre, ou encore le lutteur Olympic Kamaru Usman, sans oublier l’homme du jiu-jitsu brésilien Anderson Silva. Pour vous dire que je n’ai pas abandonné le vovinam viet vo dao. J’ai juste fait une transition vers le MMA. Et le jour de mon combat, c’était la première fois que beaucoup de gens entendaient parler du vovinam viet vo dao. Les journalistes étaient étonnés. J’allais dire que je suis aujourd’hui comme un ambassadeur du vovinam viet vo dao au MMA.

Quel message as-tu à l’endroit des jeunes qui veulent suivre tes traces ?

Mon message se résume en trois lettres qui sont le C comme Courage comme commencer, encore le C comme Curiosité pour anticipation et le R comme Résilience pour continuer. Mon message à l’endroit des autorités sportives burkinabè est de les féliciter pour tous les efforts qu’ils fournissent, car, il y a quelque chose qui est fait et il faut le reconnaitre. Je voudrais par ailleurs les inviter à apporter encore plus de soutien aux sports de combats, aux sports individuels et surtout ceux qui n’ont pas de fédération mais qui ont néanmoins des sportifs qui excellent et qui ont un potentiel pour aller loin au nom du pays.

Entretien réalisé par Yves OUEDRAOGO

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