« Cheick Abdoul Aziz Traoré n’a pas le droit de dissoudre ce bureau »

Le 4 novembre dernier, le président du comité directeur de l’Association sportive des fonctionnaires de Bobo (ASFB), dans une lettre, a dissout le bureau du comité directeur consensuel et le bureau des supporters du club. Dans cet entretien, le président des supporters demis revient sur la crise qui secoue ce club des fonctionnaires vieux de plus de 70 ans.

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Depuis un certain temps, l’Association sportive des fonctionnaires de Bobo (ASFB) traverse une crise. Pouvez-vous nous faire la genèse de cette crise ?

Cette crise a commencé depuis le 31 juillet 2022, date de la tenue de l’Assemblée générale à laquelle Cheick Abdoul Aziz Traoré été porté à la tête du comité directeur du club. Bien qu’il y ait eu des oppositions à cette volonté, le PCA, après consultation des vieux sages du club, a réussi à nous (ndlr les supporters) convaincre de le laisser prendre les commandes du comité directeur. Mais le premier acte que Cheick Abdoul Aziz Traoré a posé, que nous trouvons suspicieux, a consisté à retirer le code de licences des joueurs en la possession du Secrétaire général (SG) pour l’attribuer au Secrétaire adjoint (SGA). Depuis cet instant, nous avons commencé à avoir des doutes. Après le retrait du code des mains du SG, il a attribué 37 licences, au lieu de 30 à des joueurs qui étaient de son bord sans tenir compte de leurs qualités. Outre ces deux éléments, au sein du comité directeur, il y a des problèmes au point que jusqu’à l’heure la première tranche de l’ASFB de la subvention venant de la fédération Burkinabè de football n’a pas pu être débloquée. Parce que simplement, le président du comité directeur estime que c’est lui et le trésorier qui sont habilités à signé le chèque. Un avis que ne partage pas le 1er vice-président, qui soutient qu’étant détenteur du chèque, le trésorier ne peut pas en être signataire. Par conséquent, il (ndlr le 1er vice-président) a proposé que le président soit signataire avec un ou deux de ses vice-présidents. Proposition rejetée par Cheick Abdoul Aziz Traoré. Nous sommes restés dans cette situation jusqu’à ce que le 4 novembre 2022, il prenne une décision de dissoudre le comité directeur consensuel mis en place par le PCA ainsi que le bureau des supporters. Les supporters sont indépendants du bureau du comité directeur, donc Cheick Abdoul Aziz Traoré n’a pas le droit de dissoudre ce bureau.

Il se susurre aussi que les supporters en veulent à l’entraineur du club Souleymane Ki. Pourquoi ?

C’est à la suite d’un constat sur le terrain d’entrainement que les supporters se sont plaints. Comment comprendre qu’un entraineur se contente de venir au terrain, repartir les joueurs et aller s’asseoir sans même donner des consignes d’entrainement jusqu’à la fin de la séance ? Aucun supporter qui aime son club ne peut l’accepter surtout que les résultats ne suivent pas (ndlr 2 victoires, un nul et 4 défaites en 7 journées). C’est pourquoi les supporters veulent le départ de cet entraineur qui n’est pas à la hauteur. C’est dans cette contestation que le président du comité directeur, sans même passer par les sages ni tenter un dialogue, a convoqué les supporters à la gendarmerie au motif qu’ils empêchent l’entraineur de travailler. L’ASFB n’est pas une petite équipe, c’est un club vieux de plus de 70 ans et on ne peut pas permettre certaines choses. Beaucoup de présidents se sont succédé, en plus c’est une association. Donc une seule personne, parce qu’il est président, ne peut pas se taper la poitrine et vouloir faire ce qu’il veut de ce club historique encore qu’il n’est pas un président élu. Comme il a pris la décision de dissoudre le bureau des supporters, nous aussi, nous allons nous plaindre auprès de la direction en charge des sports, à la Ligue régionale et à la Fédération pour marquer notre désaccord avec cette dissolution.

A cette allure ne risquez-vous pas d’enfoncer davantage le club qui a déjà du mal à obtenir de bons résultats ?

En tous les cas, le club risque d’être enfoncé. La division risque d’être plus grande et le club va évidemment prendre un coup.

Ne pensez-vous pas qu’il est mieux de mettre en avant l’intérêt du club et s’asseoir autour d’une table pour taire les divergences ?

C’est ce que nous tous nous souhaitons. Mais que pouvons-nous faire si le président du comité directeur prend seul ses décisions, agit seul avec la bénédiction des hommes de l’ombre.

Certains parlent des hommes de l’ombre qui tirent les ficelles dans cette crise. Est-ce votre avis ?

Sans vous mentir, ce sont des candidats à l’élection future à la FBF en 2024 qui sont en train de pousser Cheick Abdoul Aziz Traoré à commettre ces erreurs. Ils veulent le maintenir à la tête du club jusqu’à ces élections parce qu’il est acquis à leur cause. Mais il faut que ces gens sachent que l’ASFB seule ne peut pas faire élire un président à la tête de la Fédération. La preuve, lors des élections passées, le club a soutenu Amado Traoré, mais il a perdu devant l’actuel président, Lazard Banssé. Encore que nous ne sommes qu’en 2022. Il reste encore deux ans avant les élections. Et si l’ASFB descendait en 2e ou 3e division, est-ce qu’on aura besoin de sa voix pour se faire élire président de la FBF ?

Que faut-il pour taire ces divergences afin d’éviter que le club ne descende en division inférieure cette saison ?

Pour moi, au stade actuel, ce sont les vieux sages qui peuvent nous sortir de cette crise. Il faut un réel changement si nous ne voulons pas que le club descende en 2e division. Même si l’AG décide de la dissolution du bureau des supporters, moi je suis partant. Avec Cheick Abdoul Aziz Traoré, le divorce est consommé. Il faut que les vieux sages prennent leur responsabilité, sinon l’ASFB est dans un coma profond.

Si les vieux sages réussissaient à amener Cheick Abdoul Aziz Traoré sur la table de discussions, seriez-vous prêts à prendre langue avec lui pour sortir de la crise ?

(Soupire). Cheick Abdoul Aziz Traoré est un caméléon (Rires). Franchement c’est quelqu’un qui dit quelque chose aujourd’hui, et demain il fait le contraire. On peut s’entendre sur quelque chose, mais si ceux qui le poussent ne sont pas d’accord, il tourne dos à la majorité tout en oubliant que le club n’est pas une propriété privée à l’image de RAHIMO ou SALITAS.

En termes clairs, les supporters de l’ASFB désavouent Cheick Abdoul Aziz Traoré ?

Clairement nous voulons plus de lui. Même le jour de la composition du bureau consensuel qu’il vient de dissoudre, nous n’étions pas d’accord qu’il soit président, n’eut été l’intervention des sages.

L’ASFB vient d’enregistrer sa deuxième victoire en sept journées. Est-ce une victoire qui donne espoir ?

C’est une victoire qui peut donner de l’espoir. Mais c’était une victoire contre quelle équipe ? Une équipe promue cette saison. Et de la façon que nous avons jouée, tout le monde l’a vu. C’était un jeu sans système, une équipe sans âme.

Interview réalisée par Kamélé FAYAMA

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