Elu en novembre 2016, Pimbi Nikièma a rebeloté en 2020 pour un second mandat avec pour objectif de porter le judo burkinabè encore plus haut. Malgré une situation sécuritaire peu favorable, l’inspecteur des douanes fait preuve de résilience avec plein de projets pour cette discipline au Burkina Faso.

Comment se porte la Fédération burkinabè de judo ?

La Fédération burkinabè de judo se porte comme le Burkina Faso actuellement. En ce sens que nous sommes dans une crise sécuritaire qui n’arrange pas la situation. En dépit de cela, tout comme le Burkina, nous sommes résilients. Nous essayons de nous adapter à la situation.

En termes de bilan de la saison, que peut-on retenir de celui de votre Fédération ?

En dépit des difficultés, notre tutelle, le ministère des Sports, de la Jeunesse et de l’Emploi à travers l’Etat, nous a soutenus pour que nous puissions réaliser nos activités, même si nous n’avons pas pu toutes les réaliser. Le seul bémol est que nous n’avons pas pu participer au championnat d’Afrique cette année à Alger, en Algérie. Nonobstant cela, nous avons pu, sur le plan national, organiser notre championnat national cadet, junior et sénior. Nous avons pu également organiser nos championnats régionaux, notamment à Ouagadougou, Bobo-Dioulasso et Koudougou. Nous avons pu organiser deux séances de recyclage pour arbitres tant à Bobo-Dioulasso qu’à Ouagadougou. Il faut également ajouter des passages de grades dans les deux localités suscitées. Sur le plan national, nous pouvons nous réjouir d’avoir pu tenir pas mal d’activités. Sur le plan international, comme je l’ai rappelé tout à l’heure, nous avons raté le championnat d’Afrique sénior. Néanmoins, nous avons participé d’abord à la Coupe d’Afrique des cadets et juniors à Niamey avec grosso-modo trois athlètes avec autant de médailles à la clé. Ensuite, nous avons participé au championnat d’Afrique des juniors au Kenyan où nous sommes revenus avec une médaille d’argent. Il y a aussi l’Open de Dakar où nous sommes revenus également avec une médaille d’argent. Globalement, voilà un peu les activités phares que nous avons pu mener au cours de l’année 2022.

Vous avez évoqué tantôt la situation du pays qui ne favorise pas les choses sur le plan des entrées d’argent. Comment votre Fédération se débrouille pour mener ses activités ?

Comme toutes les fédérations, nous fonctionnons sur la base de la subvention que l’Etat nous octroie. En dépit de la situation difficile, l’Etat continue de nous soutenir. Nous essayons aussi de nous organiser pour bien gérer cette subvention. Grace aussi à quelques mécènes, nous essayons d’organiser quelques activités.

En termes de perspectives, quels sont les grands chantiers de votre structure ?

Je dirai que la plupart des activités seront reconduites. Sur le plan national, ça sera les mêmes compétitions que vous connaissez. C’est-à-dire les compétitions régionales, le championnat national, les séances de formation surtout sur le plan national. Aussi, si la tutelle nous permet, nous allons participer à un certain nombre de compétitions qui pourront permettre à certains athlètes d’engranger des points pour les Jeux Olympiques de Paris 2024. En plus de cela, nous avons quelques perspectives avec la Fédération internationale de judo (FIJ), avec laquelle, nous étudions la possibilité de la construction d’un centre technique d’entrainement au Burkina Faso. Les discussions sont en cours et nous sommes confiants qu’en 2023, certainement que cela pourra se réaliser. Nous avons également l’intention d’implémenter un programme de la FIJ qu’on appelle « judo à l’école ». Un programme qui permet d’insérer la pratique du judo dans les écoles. Nous sommes en négociation avec la Fédération internationale, parce que, c’est elle qui doit fournir le matériel. Nous sommes également en train d’envoyer quelques éléments au centre d’entrainement de la FIJ en Hongrie. Nous avons deux athlètes dans les starting -blocs. Il s’agit de Mariam Drabo qui doit s’envoler normalement le vendredi prochain (NDLR : interview réalisée le jeudi 26 janvier) pour Budapest pour 2 mois. Si c’est concluant, la durée qui est prise en charge par la FIJ peut être prolongée. Karmel Koné, lui, certainement ira pendant les vacances pour le même type de stage.

Est-ce facile d’être un président d’une fédération sportive au Burkina Faso ?

Dans la vie, rien n’est facile. C’est assez difficile parce que les chantiers et les défis sont énormes alors que les moyens sont peu. Les quelques succès que vous pouvez engranger se noient dans la masse des problèmes de telle sorte qu’on ne voit pas réellement ce qui est fait. En dépit de cela, nous nous battons toujours pour pouvoir sortir la tête de l’eau.

Avec votre expérience dans le domaine, quelles sont les qualités que doit avoir un président d’une fédération sportive ? (Rires).

C’est une question assez difficile. Mais, je pense que la première des choses est d’être modéré parce que ce n’est pas du tout facile dans le milieu. Les problèmes sont énormes et les attentes nombreuses. Il faut donc être assez modéré et assez modérateur. Il faut prendre les problèmes comme ils viennent et trouver les solutions au fur et à mesure. Il ne faut surtout pas promettre ce que l’on ne peut pas faire. On ne promet jamais. On n’essaie toujours de faire ce que l’on peut. Parce que, nous n’avons pas la prétention de pouvoir venir révolutionner le secteur par un coup de bâton magique. Ce n’est pas possible. C’est ensemble, avec tous les acteurs que nous avançons pas à pas et en surmontant aussi les problèmes pas à pas.

Votre coup de gueule ?

Je ne dirai pas coup de gueule, au vu de la situation. C’est plutôt prier pour que notre pays retrouve la paix et la stabilité. Avec ces souhaits, je pense qu’il y aura assez de ressources pour soutenir les fédérations pour qu’elles puissent mener à bien leurs activités. A la place d’un coup de gueule, je parlerai d’un coup de cœur à l’endroit des autorités, des Forces de défense et de sécurité (FDS), des Volontaires de la défense pour la patrie (VDP), pour le sacrifice suprême qu’ils font, d’abord même pour que nous puissions réaliser cette interview et parler de compétitions. A l’endroit aussi des populations pour leur résilience. Je voudrais traduire mes vœux au monde sportif burkinabè en général, en particulier à celui du judo, aux athlètes, aux dirigeants, aux encadreurs, à tous ceux qui, de près ou de loin, gravitent autour du judo burkinabè. Je leur souhaite une année pleine de santé, de bonheur, une année où nous allons ensemble, main dans la main, engranger des résultats.

Interview réalisée par Yves OUEDRAOGO

Laisser un commentaire