Gratuité des soins: des recommandations pour une amélioration du financement

Les 68 députés ont pris connaissance des deux rapports présentés par la COMFIB et la CGSASH.

L’Assemblée législative de Transition sous l’égide de son président ,Ousmane Bougouma, a tenu une plénière, mercredi 4 juin 2025, à Ouagadougou, pour la restitution des résultats de deux missions d’information sur le financement de la politique de gratuité des soins des enfants de moins de cinq ans et des femmes enceintes et la mise en œuvre des préoccupations et recommandations de la commission du genre, de la santé, de l’action sociale et humanitaire adressées au gouvernement en 2023 et 2024.

Poursuivre et perfectionner la digitalisation de la mise en œuvre de la Politique nationale de gratuité de soins (PNGS), évaluer le système de financement de la politique de gratuité dix ans après sa mise en œuvre, apurer le passif des formations sanitaires et la Centrale d’achat des médicaments génériques (CAMEG) en veillant au remboursement régulier et intégral des charges des formations liées à la gratuité.

Ce sont entre autres les recommandations fortes de la Commission des finances et du budget (COMFIB), lors de la présentation des résultats de son rapport d’information sur le financement de la politique de gratuité des soins au profit des enfants de moins de cinq ans et des femmes enceintes, mercredi 4 juin 2025, à Ouagadougou, au cours d’une plénière. En effet, le gouvernement burkinabè a adopté en 2016 cette mesure en vue d’augmenter l’accès et le retour aux centres de santé pour les femmes enceintes et les enfants de 5 ans. Selon la COMFIB, la mise en œuvre de la politique de gratuité comme mesure de protection sociale à contribuer à améliorer les indicateurs de santé au Burkina.

Si cet élan est salutaire, il n’en demeure pas moins qu’elle souffre d’une certaine impréparation, étant à la base de difficultés vécues sur le terrain par les praticiens et les bénéficiaires. Selon le président de COMFIB, Moussa Nombo, sur 31 structures de santé visitées l’équipe a pu constater l’effectivité du programme. L’honorable Nombo a confié que les résultats sont probants parce que cela a facilité l’accès des populations aux différents centres de santé.

Au titre des éléments de satisfaction, la mission a relevé l’amélioration de l’accès aux soins, la réduction de la mortalité maternelle et infantile, le renforcement de la couverture sanitaire universelle … Parmi les insuffisances constatées par la COMFIB, il y a le remboursement tardif et partiel, occasionnant des arriérés, diminuant ainsi les capacités financières des centres de santé, les ruptures de stocks de médicaments et consommables, l’insuffisance en personnel de santé etc.

Mobiliser davantage de ressources

Pour le président de la COMFIB, il faut que le gouvernement travaille à mobiliser davantage de ressources pour prendre en charge l’ensemble des charges. Dans le rapport de la mission d’audition du gouvernement a révélé que le total dû à l’ensemble des formations sanitaires au 31 décembre 2023 est d’environ 43 milliards FCFA. A titre comparatif, ce montant représente plus du double de la dotation budgétaire de la PNGS au titre de l’année 2025 qui est 21 milliards FCFA.

Après 10 ans de sa mise en œuvre soit de 2016 à 2025 l’Etat burkinabè a budgétisé un montant global de plus 221 milliards FCFA, précise le rapport. Sur cette dotation définitive, un montant de plus de 200 milliards FCFA hormis la situation de 2025 a été exécuté soit un taux de 90, 49%. La régularité des inscriptions budgétaires ainsi que les forts taux exécutés témoignent de l’engagement de l’Etat à accompagner les structures sanitaires dans la mise en œuvre de la PNGS.

Nonobstant ces efforts , ces dotations octroyées au ministère de la Santé sont en deçà du coût réel engendré, en témoigne l’accumulation des arriérés par les structures sanitaires, poursuit le rapport. A la suite de COMFIB, la Commission du genre, de la santé, de l’action sociale et humanitaire (CGSASH) a présenté son rapport de mission sur la mise en œuvre des préoccupations et recommandations de la CGSASH adressées au gouvernement en 2023 et 2024.

Selon la présidente de cette commission Marie Angèle Tiendrebeogo, cette sortie a permis de constater l’effectivité de la réouverture du centre de radiothérapie du Centre hospitalier universitaire (CHU) Bogodogo qui avait été fermé neuf mois après son opérationnalisation. L’équipe de la CGSASH s’est rendue aussi à la Centrale d’achat des médicaments génériques (CAMEG) pour évaluer les mesures prises par le gouvernement en vue d’éviter les incendies dont la structure a fait l’objet. Elle s’est intéressée à l’impact de la mesure en lien avec la gestion des cantines scolaires.

La gestion des Violences basées sur le genre (VBG) a fait l’objet d’intérêt également au cours de cette mission d’information de la CGSASH. « Nous avions fait des recommandations au gouvernement à savoir la construction de centres intégrés pour la prise en charge des victimes des VBG. Il y avait aussi la relecture de la loi 061 de 2015 portant prévention, répression et réparation en ce qui concerne les victimes. Donc nous avons pu mesurer cela », a souligné Mme Tiendrebéogo.

« Les recommandations ont été suivies »

L’équipe de la mission a pu en outre constater la réalisation de crèches dans des universités en vue d’accueillir les enfants des étudiantes mères. La présidente a assuré qu’à l’issue de cette mission les recommandations ont été suivies. Pour ce qui concerne la CAMEG les mesures devant être prises en 2024 ont été exécutées à 100%. Quant à celles de 2025, la mission a constaté un taux de mise en œuvre de 30% au mois d’avril.« Niveau des cantines scolaires nous avons pu mesurer la qualité de la nourriture qui est servie qui n’est pas à comparer à celle de l’année dernière », s’est-elle réjouie.

Comme recommandations majeures, la commission a exhorté le gouvernement à la mise à disposition du CHU Bogodogo d’une ligne électrique spéciale afin d’éviter des coupures de courant. Elle a souhaité également l’opérationnalisation des conseils d’écoles afin qu’ils puissent jouer leur partition dans la gestion des cantines scolaires et la construction d’autres crèches au profit des universités.

Le Président de l’ALT, Ousmane Bougouma a félicité les membres des deux commissions pour le travail abattu dans les délais. Il a, par ailleurs, promis que les recommandations issues de ces rapports seront transmises au gouvernement pour leur mise en œuvre.

Aly SAWADOGO

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